Yudanaka Onsen : Un charme hors du temps
13 sept. 2020Après une semaine passée à Tokyo, je quitte mon hôtel de Shinjuku, direction la gare centrale de Tokyo dans le quartier de Chiyoda. Pour me rendre dans cette petite ville montagneuse, un périple de 3h30 min m’attend. Tout d’abord, le Shinkansen jusqu’à Nagano, puis une ligne secondaire jusqu’à la station terminus de Yudanaka. Le trajet en Shinkansen sera couvert par votre JR Pass si vous en possédez un, mais la ligne secondaire ne le sera pas, et vous coûtera l’équivalent en yens de 10 euros.
Pourquoi la petite ville de Yudanaka ?
Nous sommes au mois de novembre, et les érables enflamment les forêts du Japon, c’est la saison des « Momiji ». Moins connue que celle des « Sakuras », les célèbres cerisiers japonais, elle est pourtant tout aussi belle. Les érables se parent de magnifiques couleurs flamboyantes.
Ce qui vaut également une ou deux nuits sur place, ce sont les « Onsen », ces célèbres bains chauds typiquement japonais, et qui sont nombreux dans la petite ville. Lieux de sociabilité et de détente, les japonais en raffolent et peuvent y passer plusieurs heures entre amis. Ces endroits ne sont pas mixtes, il faudra y respecter une division stricte homme/femme. Également bon à savoir, la plupart des Onsen refuseront les personnes tatouées, cette pratique étant encore attribuée aux Yakuzas, la mafia japonaise. Les mentalités évoluent cependant, et certains Onsen proposeront des bains à part, pour personnes tatouées uniquement.
En visitant la zone, vous ne pourrez pas manquer le parc de Jigokudani, réputé pour ses macaques qui se baignent dans les sources chaudes naturelles du parc. Très photogénique, la vallée qui vous y mènera est recouverte de neige en hiver, plutôt sur les mois de janvier et février. En novembre, les érables sont déjà colorés et valent le détour, même par un temps très humide et pluvieux. Prévoir de bonnes chaussures de marche.
Dans ce type de petite ville traditionnelle, vous trouverez également les logements japonais traditionnels, les « Ryokans », où vous pourrez tester la nuit sur un futon. C’est une très belle expérience qui vous rapprochera du mode de vie japonais et qui séduira à coup sûr par son charme et son côté culturel. Certains ryokans plusieurs fois centenaires possèdent leur propre Onsen où vous devrez vous laver avant de rentrer dans l’eau, les japonais étant très soucieux de leur hygiène.
Enfin, si vous ne visitez que Tokyo lors de votre voyage au Japon, Yudanaka Onsen peut être un excellent choix pour passer une ou deux nuits en dehors de la capitale nippone. Le dépaysement sera complet, et vous aurez cette impression de débarquer dans un Japon des années 50 quelque peu défraîchi, mais tellement typique.
Un autre Japon s’ouvre à moi
A mon arrivée dans la ville, j’ai l’impression d’être au fin fond du Japon. Ce n’est peut-être pas qu’une impression. Mais après tout, c’est ce que je voulais, vivre une expérience quelque peu en dehors des sentiers battus. Le froid et l’humidité se font plus sentir qu’à Tokyo où le mois de novembre est généralement assez doux, sec et ensoleillé. Mais ici, à Jigokudani, nous sommes en altitude, une région que certains surnomment les Alpes japonaises.
Je ne loge qu’une nuit à Jigokudani, je ne perds donc pas de temps. Demain, je reprendrai le train pour rejoindre Kanazawa, sur la côte de la mer du Japon. Cette nuit, je loge dans un hébergement traditionnel, le Koishiya Ryokan, où je veux justement faire ma première expérience d’une nuit sur futon. A l’accueil, on me donne une première paire de clefs, celle de ma chambre, puis une seconde. Celle-ci ouvre les portes de tous les Onsen publics de la ville. Vous comprendrez ma surprise quand à cette confiance accordée d’emblée, ainsi que mon étonnement d’occidental pour qui ce genre de chose serait impensable dans un autre pays que le Japon. On me donne également un plan de la ville avec les restaurants et les Onsen, publics et privés.
Dans ma chambre, un tatami recouvre le sol et le futon est disposé, enroulé et prêt à être fait. Ça sera à moi de le préparer ce soir. Également disposé sur la petite table au sol, un yukata, une sorte de kimono en coton, beaucoup moins luxueux qu’un véritable kimono en soie, ainsi qu’une paire de geta, les sandales traditionnelles japonaises en bois. Tout est fait pour transporter le touriste dans un Japon d’antan, à 1000 lieux de Tokyo et de ses néons. Ici vous êtes dans le Japon rural, un Japon préservé des influences extérieures, resté dans son jus.
Je sors de l’hôtel, affûblé de mon yukata et de ma paire de geta. Direction l’Onsen le plus proche où je me déshabille au milieu de japonais intrigués de ma présence. Ici on se baigne totalement nu, pas de place pour les personnes pudiques. Une fois dans l’eau chaude, très chaude pour certains, aux alentours de 42-43 degrés, c’est un véritable moment de détente. Ce moment typique vaut à lui seul le déplacement depuis Tokyo et les 3h30 de train.
À cette époque de l’année, la nuit tombe assez rapidement, vers 17h30. À nouveau vêtu et propre, je me mets à la recherche d’un Izakaya, ces petits restaurants traditionnels japonais où vous mangez généralement au comptoir, devant le cuisinier. À Tokyo, ce type de restaurant est surtout connu des touristes via l’Omoide Yokocho, dans le quartier de Shinjuku. Dans plusieurs petites ruelles se succèdent les izakayas où les salarymen, les hommes d’affaires japonais, viennent boire de la bière et du saké, et manger des yakitori, brochettes de viande.
Le lendemain, et après une nuit passée sur mon futon, je me lance dans la découverte du parc de Jigokudani. Mon Nikon en bandoulière, j’espère pouvoir observer les macaques et les photographier en train de se baigner. En sortant de mon ryokan, une habitante me fait signe, elle pointe du doigt une famille de macaques avec leurs petits en train de courir sur les toits. Je dégaine mon appareil et m’extasie devant une si jolie scène.
Pour rejoindre le parc, il vous faudra environ 1h de marche, à travers une jolie forêt de conifères qui débouche sur une sublime vallée pleine d’érables rouge, jaune et orange. L’entrée du parc vaut l’équivalent en yens de 8 euros. Mais à cette saison, et sans neige, les macaques n’étaient pas au rendez-vous. Peu importe, la beauté naturelle des lieux, l’atmosphère qui s’en dégage valait à elle seule le déplacement.
La fin d’une étape
Onsen, ryokans, Momijis, parc de Jigokudani, dépaysement, font que la petite ville de Yudanaka vous séduira forcément. Plutôt bien préservée des touristes, elle constitue une très belle étape en automne ou en hiver si vous souhaitez vous échapper une nuit ou deux de la grouillante Tokyo.
En arpentant ses ruelles pavées et en croisant ses habitants vêtus de leurs yukatas, vous serez transportés dans un Japon naturel et rural, envoûtant et émouvant à la fois.
Ici, les ryokans sont accessibles, même aux petits budgets, et vous permettront de faire l’expérience d’une nuit avec tatami et futon. Il faudra tout de même réserver à l’avance car les ryokans sont assez demandés et vite complets, du fait de la taille restreinte de la ville.
Ma seule petite déception est de n’avoir pu observer les macaques dans le parc. Pour avoir plus de chance, il faudra attendre la neige et les températures négatives.
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