Sorti en salles juste avant le confinement, La Bonne épouse de Martin Provost avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Edouard Baer et Noémie Lvovsky a fait son retour dans les salles dès la réouverture de celles-ci. Imaginé comme un film gentiment féministe, il n'évite cependant pas certains écueils.

Peu de temps après la rentrée scolaire dans son établissement de “prestige” La Bonne épouse, Paulette Van Der Beck se retrouve veuve. Pire encore, son pas si regretté époux était criblé de dettes et la banqueroute n’est plus très loin pour la nouvelle patronne de l’école ménagère et ses deux enseignantes. De leur côté, les élèves, jeunes filles de la fin des années 60, ne semblent guère sensibles aux enseignements dispensés. Et s’il était temps de tout changer ?

La Bonne épouse : Photo Noémie Lvovsky, Yolande Moreau Copyright Memento Films Distribution

Un vent de liberté

La grande majorité du film montre l’évolution et la prise de conscience de Paulette face aux évolutions de la société, mai 68 n’est pas loin, mais aussi vis à vis de ses élèves qui supportent difficilement les sept piliers de la vie conjugale enseignés dans cette école ménagère. Cette liberté est incarnée aussi bien par les vêtements portés, la musique écoutée ou les actes du quotidien comme conduire une voiture ou ouvrir un compte bancaire. Mais la plus grande liberté de ces femmes et jeunes filles est assurément leur liberté amoureuse, même si les bonnes moeurs de la société de l'époque réprouve ces inclinaisons.  

Copyright Memento Films Distribution Copyright Memento Films Distribution

Et des maladresses  

Comme à l’école de cette époque, voici les bons et surtout les mauvais points. Si de nombreux sujets ayant trait à la libération de la femme sont traités, La Bonne épouse est avant tout une comédie romantique assez convenue et sans heurt majeur. Après une introduction relativement (trop) longue qui plante le décor pour les jeunes générations n’ayant pas connaissance de l'existence de ces institutions pour futures épouses dévouées, le film démarre enfin. Les ficelles sont un peu grosses, mais le jeu des actrices et des acteurs offre des situations amusantes qui s’enchaînent parfaitement. La légèreté est de mise et le féminisme revendiqué assez loin. Le film est surtout desservi par un final ouvert un peu fourre-tout et qui tranche un peu trop avec le reste de la production. Comme si la fin devait rattraper les manquements en appuyant lourdement sur le féminisme. Ainsi Juliette Gréco et Olympe de Gouge sont mises sur le même plan ! On aurait apprécié de voir ce qu’allait donner le nouvel enseignement de l’école avec de vrais cours sur le droit du travail, l’économie, la reproduction humaine etc.

La Bonne épouse : Photo Yolande Moreau Copyright Memento Films Distribution

Visuellement, le film est très pop et lumineux. Les décors et costumes sont très réussis et la bande son colle bien à l’ambiance.

La Bonne épouse est un film distrayant et plutôt réussi en terme de comédie romantique. Il reste cependant très sage sur les moyens de lutte et de libération des femmes et des jeunes filles de l’époque qui ont connu de grands bouleversements (pilule, droit au compte bancaire, le pantalon, etc.). On salue la démarche suffisamment rare dans le cinéma français, mais on ne valide pas à 100% à cause du manque de prise de positions. En tout cas, l’on espère que d’autres cinéastes vont suivre cette voie.  

La Bonne épouse : Photo Edouard Baer Copyright Memento Films Distribution

 

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