Le cinéma japonais a le vent en poupe, et c’est aujourd’hui au tour du contemplatif Dans un Jardin que l’on dirait éternel de Tatsushi Omori, avec la grande Kirin Kiki dans son ultime rôle, d’illuminer nos salles obscures à partir du 1er avril. 

Suite à la pandémie de Covid-19 le film sortira en salle à le 26 août 2020.

Noriko est une étudiante studieuse mais timide. Michiko, sa cousine du même âge, est tout son contraire, pourtant les deux jeunes filles ne se quittent jamais. Un jour, Michiko apprend qu’une dame du voisinage, Madame Takeda, est professeur de cérémonie du thé. La jeune fille est enthousiaste et entraîne Noriko avec elle. Dans cette grande maison traditionnelle, les deux jeunes filles vont apprendre bien plus que la cérémonie du thé, mais au moment venu, chacune va faire ses propres choix. 

Une ode au temps présent

Une chose est certaine, la véritable cérémonie du thé est une affaire de patience, d'écoute, d’observation et de concentration. C’est un rituel où tout est codé, de la manière de tenir une louche au choix de la vaisselle, en passant par la disposition des ustensiles et l’ordre précis où chaque action doit être accomplie. Pour se faire, les élèves doivent être attentives à l’instant présent et mettre leurs sens en éveil. 

A ce titre, le film est extrêmement sensuel puisque tous les sens des participantes, et surtout de Noriko, sont en éveil pendant que dure la cérémonie. Au travers des petits gestes mesurés et de la répétition, Noriko et les autres changent peu à peu. Il y a assurément une forme de philosophie dans cet art qui nous rappelle l’importance de la lenteur et de l’attention portée à chaque chose pour soi et pour les autres dans un monde où tout va plus vite. 

L’on pense indubitablement à la philosophie de vie Carpe Diem, puisque chaque instant vécu ne se représentera plus et qu’il faut agir comme si c’était la dernière fois que l‘on voyait la personne que l’on reçoit, en y mettant toute son attention et son cœur.  

Noriko une fleur d’hiver

Bien qu’initialement un peu réticente, Noriko apprécie rapidement ces moments passés dans le calme de la maison de Madame Takeda. Dans cet univers entièrement féminin où l’importance est accordée aux petites choses, elle oublie un temps ses préoccupations sur son avenir professionnel et ses complexes, elle qui a toujours admiré sa cousine et que sa famille ne cesse de qualifier de maladroite. Contrairement à sa cousine, Noriko se laisse un peu porter par la vie, même si elle sait faire des choix affirmés quand il le faut. 

Alors que Michiko brille de tous ses feux avant de choisir une voie finalement bien rangée, Noriko prend le temps de savourer une existence simple, d’accepter son destin et finalement de réellement choisir son chemin pour s’épanouir, certes
 plus tardivement mais complètement, comme les fleurs d'hamamélis. 

Dans un Jardin que l’on dirait éternel est un film qui fait forte impression. Adapté d’un roman de Noriko Morishita, on entre dans l’intimité psychique de son héroïne avec ses doutes, ses blessures, mais également tous ses bonheurs. L’on suit sa transformation vers l’accomplissement, son éveil à la spiritualité. Elle parvient à concilier tradition japonaise de l’épure et modernité dans ses choix de vie, peut-être une voie pour le féminisme japonais naissant.  

 

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