Mardi 4 juillet avait lieu, dans la sublime salle des mariages de la mairie du IVe arrondissement de Paris, le tout aussi sublime défilé automne-hiver 2017/2018 de la Maison Yumi Katsura. Intitulé L'éveil de la Nature, ce sont 25 pièces, deux pour homme et 23 pour femmes, qui ont ébloui l'assistance. Un défilé magnifique que je suis heureuse d'avoir pu contempler.

Syncrétisme de la mode française et japonaise

Arrivée en France en 1960, Yumi Katsura est assurément l'une des créatrices de mode japonaise les plus célèbres. Elle a été récompensée à de multiples reprises pour son travail en presque 60 ans de carrière et plusieurs milliers de modèles conçus. 

Entre uchikake, voire un chanchanko d'extérieur en soie brochée et teinture traditionnelle yuzen, et robes du soir fourreaux ou froufroutantes, chaque âge et chaque morphologie peut trouver de quoi se vêtir.

Les formes sont contemporaines et fluides, les motifs savamment placés, les fleurs et les plumes rapportées vaporeuses et les broderies chatoyantes.

Le réveil de la nature est symbolisé par de nombreux animaux et plantes, en particulier les grues du japon et les éléphants, ainsi que les lys et les pivoines inspirés par les oeuvres du peintre rimpa Kiitsu Suzuki et du peintre Tawaraya Sotatsu

 

Mes pièces coup de cœur/ décryptage de la collection

J'ai été assez étonnée de voir le défilé commencer par un uchikake à motifs de grues, généralement réservé aux mariages japonais traditionnels, mais il est tellement beau que c'est l'effet whaou qui l'a emporté. D'ailleurs Yumi Katsura est reconnue dans toute l'Asie pour ses robes et kimonos de mariages, comme en témoigne le documentaire qui lui est consacré The Mother of Brides.

Le second modèle, avec ses manches asymétriques et son motif de grues blanches et dorées sur fond noir, est sublime.

Le troisième modèle est sûrement le plus amusant de la collection : une robe dont le kimono débute à la taille avec un bustier de gaze brodé de fleurs de lys.

Le quatrième modèle est un magnifique uchikake noir broché, rehaussé de pompons en plumes roses fushia et bleu outremer.

La cinquième pièce me fait indubitablement penser à un chanchanko par sa coupe et son côté molletonné.

Pour le sixième modèle, c'est une robe de soirée verte, vaporeuse et fluide à motifs de glycines façon Kiitsu Suzuki et de lys rapportés.

Le modèle sept, j'aime bien le col et la coupe en général, mais je ne suis pas fan du total look motifs éventails par Tawaraya Sotatsu …

Pour le huitième modèle, j'ai refait whaou ! Pour cet uchikake orangé broché or et entièrement bordé de fourrure !

Sur le modèle suivant, il me semble avoir reconnu un motif de lyserons de Kiitsu Suzuki.

Pour le modèle dix, je le trouve à la fois original, sobre et efficace. Idéal pour une jeune fille ou jeune femme.

Je passe le modèle onze.

Le modèle douze concerne la gente masculine avec un design fleuri et des couleurs totalement dans le goût japonais. J'aimerais bien voir des parisiens oser porter ce genre de tenue.

Le modèle suivant, sobre et idéal pour de nombreuses femmes. On a la classe du noir et blanc, la légèreté de la soie et le motif floral de saison.

La robe quatorze, d'apparence simple, n'est pas sans rappeler les poèmes anciens calligraphiés à la manière de Sotatsu Tawaraya.

Pour l'uchikake suivant, j'ai particulièrement admiré la broderie de paillettes noires.

Le modèle numéro seize et un de mes préférés. À la fois chic, sobre, graphique et décalé, la silhouette est dynamisée. J'aime bien également le col d'inspiration fin du XIXe siècle, faussement strict.

La pièce dix-sept ressemble fort à un costume de soirée ou de mariage pour homme, avec une veste courte cintrée, sans boutonnage, à motifs d'éléphants inspirés par Sotatsu Tawaraya, assortie à un pantalon du même tissu.

La petite robe suivante reprend et agrandit le motif de l'éléphant en motif rapporté et brodé sur un brocart rehaussé de grandes paillettes brodées.

Le dix-neuvième passage est un long manteau à motif d'éléphants, fermé par une large ceinture à nœud. Le bas de la ceinture et du manteau sont animés par des pompons et des paillettes noires.

La robe numéro vingt est une robe sirène à motif d'éléphants, animée en bas par des plumes d'autruches rouges et noires.

Le numéro vingt est un uchikake noir brodé de fleurs et agrémenté d'un gros nœud rouge sur le devant.

La robe suivante est une longue robe de soirée noire à motif de grues qui rappellent les célèbres grues du peintre rimpa Kiitsu Suzuki. Le bas de la robe est garni de plumes d'autruches blanches et le buste et les manches de sequins noirs et de longues franges noires.

Les trois dernières robes furent les robes de mariées. On retrouve le motif de la plume de paon chère à Yumi Katsura. La robe est d’apparence simple et sobre si ce n'est le travail d'applique du tissu découpé et la collerette éventail qui fait penser au style élisabéthain. .

Il me semble que ce défilé est le plus beau et le plus original auquel j'ai assisté en personne. J'ai apprécié aussi bien la créativité des pièces que les techniques mises en avant ou les références au japon ancien. J'espère avoir la chance de voir les prochains défilés pour être de nouveau émerveillée. Je trouve que ces pièces auraient eu leur place dans l'exposition Kimono qui a eu lieu au Musée Guimet en début d'année. 

Volubilis (détail), de Kiitsu Suzuki

Volubilis (détail), de Kiitsu Suzuki

Sotatsu Tawaraya (Kyoto)

Sotatsu Tawaraya (Kyoto)

Suzuki Kiitsu’s 'Cranes,' a pair of two-fold screens (19th century) | THE FEINBERG COLLECTION

Suzuki Kiitsu’s 'Cranes,' a pair of two-fold screens (19th century) | THE FEINBERG COLLECTION

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