Le Musée des Arts Asiatiques Guimet est célèbre pour la qualité et la variété de ses collections, mais savez-vous qu’il conserve une exceptionnelle collection de textiles ? Suite à la donation d’un fond de près de 1000 pièces de la part de la fille de Lee Young-Hee, le travail de cette créatrice de mode qui a su remettre au goût du jour le traditionnel Hanbok, ou costume coréen, est mis à l’honneur le temps d’une exposition. 

La présente exposition retrace les trois principaux axes de son travail entre reconstitutions historiques minutieuses des costumes de cour de l’époque Joseon (1392-1910), son travail sur les hanbok et ses créations haute couture présentées à New York avant la consécration parisienne.   

Le Hanbok

Si tout le monde connaît le kimono, auquel le Musée Guimet a consacré une exposition il y a quelques années, le hanbok est moins connu dans nos contrées. La signification même de hanbok est costume coréen, il s’agit du costume traditionnel des hommes et des femmes. 

Pour les femmes, il se compose d’une longue et ample jupe « chima » et d’une veste courte «jeogori » de couleur différente, fermée par un gros nœud plat « otgoreum ». Les manches de la veste sont appelées en “aile de papillon” car elles sont arrondies en dessous et resserrées aux poignets. 

En guise de sous vêtements, on trouve une bande pour aplatir la poitrine, un pantalon matelassé et un jupon. Il n’était pas rare que, quand une femme sort de la maison, elle porte une jupe en guise de capuchon-cape. 

Pour les hommes, le hanbok est constitué d’une veste courte (moins que celle des femmes) et d’un pantalon, appelé « baji », ample, mais attaché aux chevilles.

De nombreux accessoires viennent compléter le hanbok : chapeaux, bijoux, accessoires pour les cheveux. Les accessoires sont également des marqueurs de rang social. 

La coupe et les couleurs des hanbok étaient un marqueur social important, les couleurs vives étant réservées à la cour. Les femmes du peuple n’avaient le droit de porter des vêtements de couleurs vives, souvent rouge et brodés, que le jour de leur noce, si leur famille pouvait acheter un tel vêtement. 

Certaines vestes de femmes et de petites filles présentent des manches multicolores, dites aux cinq couleurs ou arc-en-ciel, ce qui est de bon augure dans la tradition. 

Pour l’été, il existait des sous veste et des dessous de manche tressés en fibres végétales qui permettaient d’éviter que le tissu ne colle à la peau. 

Bien que volumineux, le hanbok était particulièrement adapté à la vie au sol dans les maisons coréennes d'antan.

Lee Young-Hee , la passion du Hanbok

Confrontée dès son plus jeune âge à la création textile par sa mère couturière, Lee Young-Hee, qui grandit dans un pays en ruine, se lance véritablement dans la carrière de créatrice de mode vers la quarantaine. Passionnée par le hanbok, elle ouvre une boutique de confection à Séoul alors que ce vêtement traditionnel est en perte de vitesse au profit du vêtement occidental, dans la Corée du Sud alors en pleine reconstruction. A force de travail sur des pièces historiques et de recherches sur les teintures traditionnelles, elle parvient à rendre ses lettres de noblesse au hanbok.

Ses qualités de teinture, qu’elle pratique dans les temples avec les moines, lui permettent d’obtenir une très grande variété de nuances, des dégradés lumineux et des effets de teinture à réserve. 

Elle s'intéresse également à la ramie, une fibre végétale obtenue de l’ortie de Chine. Résistante et légère, elle permet d’obtenir des textiles très fins, parfois presque transparents, très agréables à porter l’été. Il s’agit d’un textile de luxe que seul les aristocrates et les hauts fonctionnaires pouvaient porter. 

“Je suis née parce que le Hanbok existe” Lee Young-Hee  

Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des coréens porter des hanbok lors de cérémonies et jours de fête. En particulier à Nouvel An ou lors des mariages.  

La reconnaissance internationale

Afin de faire reconnaître son travail et le hanbok au monde entier, Lee Young-Hee montre une première collection à New York. Elle y ouvre une fondation qui présente sa collection historique personnelle et son fond de création. Cette fondation, qui a fermé ses portes en 2014, est aujourd’hui en partie reconstituée au Musée Guimet. 

Ensuite, Lee Young-Hee a proposé une dizaine de collections prêt-à-porter à la semaine de la mode parisienne, faisant découvrir à la planète mode la vitalité de la création et des traditions coréennes. Dans les dernières années de sa carrière, elle a présenté trois collections haute couture, toujours à Paris. 

Les collections présentées à l’international, qu’elles soient en prêt à porter ou en haute couture, reprenaient des éléments du hanbok traditionnel mais détournés en tailleur, en robe de jour ou du soir. On retrouve la préciosité des matières et la chatoyance des couleurs, dont une étonnante teinture au jus de kaki. 

Parmi ses créations les plus emblématiques, l’on trouve les fameuses robes de vent où la jupe chima, devenue robe bustier, développent leur coupe élégante. 

Outre les défilés de mode et sa fondation new yorkaise qui a duré une petite vingtaine d’année, Lee Young-Hee a participé à de nombreuses célébrations internationales dont la cérémonie des jeux en Corée du Sud ou encore les célébrations de l'amitié Franco-coréenne. Ainsi, il n’est plus possible d’entendre “C’est où Séoul ?”  

L’exposition monographique qui lui est aujourd’hui consacrée au Musée Guimet permet d’observer toute l’étendue de la tradition coréenne du costume, qu’il s'agisse de reconstitutions historiques minutieuses, de hanbok contemporains ou encore de créations affirmant un syncrétisme entre la tradition coréenne et le vêtement occidental. L’on y voit le travail colossal d’une femme passionnée de création et surtout de hanbok. Sur le millier de pièces offertes en donation au Musée Guimet, environ 120 textiles sont présentés, ainsi que plusieurs dizaines d’accessoires. 

Exposition L’étoffe des rêves de Lee Young-Hee. Séoul-Paris du 04 décembre 2019 au 09 mars 2020 au Musée GuimetExposition L’étoffe des rêves de Lee Young-Hee. Séoul-Paris du 04 décembre 2019 au 09 mars 2020 au Musée Guimet
Exposition L’étoffe des rêves de Lee Young-Hee. Séoul-Paris du 04 décembre 2019 au 09 mars 2020 au Musée GuimetExposition L’étoffe des rêves de Lee Young-Hee. Séoul-Paris du 04 décembre 2019 au 09 mars 2020 au Musée Guimet
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