Le Musée des arts asiatiques Guimet sort une nouvelle fois du placard avec une exposition sur l’histoire du kimono de l’époque d’Edo à nos jours visible jusqu’au 22 mars. Kimono au bonheur des dames devrait à n'en pas douter ravir plus d'une visiteuse. 

Après la retentissante expo Araki où de jeunes beautés bandelettées ont fait bander plus d’un visiteur et la verdoyante exposition sur le jade, on se rhabille pour l’hiver dans la soie brochée, le lin et le coton nippon.

Vue de la première salle de l'exposition (photo prise par moi même)

Cela n’a échappé à personne, la mode du « kimono » est partout du créateur pointu à la chaîne de vêtements discount, le kimono se démultiplie jusqu’à la version rideau de grand-mère qui ferait pouffer une geisha. Aussi, le musée Guimet a décidé de mettre les points sur les « I »  en présentant le kimono comme objet fashion depuis plus de quatre siècles !

Hitoe à motifs de cerisier et pivoines, teinture à réserve sur un fond en crêpe de soie kinuchijimi violet, seconde moitié du XIXe siècle, H. 160 ; l. 67 cm, Collection Matsuzakaya. Crédits : J. Front Retailing Archives Foundation Inc./Nagoya City Museum

Pour cette exposition, le musée collabore avec la grande maison Matsuzakaya de Kyoto qui confectionne des vêtements traditionnels depuis 1611 autant dire qu’ils maîtrisent le sujet !

Du kimono aristocratique aux réinterprétations de créateurs français et japonais en passant par les accessoires, les kimonos « littéralement chose que l’on porte » regroupent plusieurs catégories de vêtements dont seuls les détails permettent de les distinguer : Kosode (petites manches avec ouvertures étroites), furisode (longue manches avec grandes ouvertures) etc. se succèdent rivalisant de technicité dans l’art du tissage, de la broderie et de la teinture.

Instrument de représentation du statut social comportant de nombreux signaux : âge, sexe, statut social, époque de l’année, cérémonie, etc. le kimono a cela de particulier qu’il est de la même forme pour les hommes et pour les femmes quel que soit leur statut dans la société. Vêtement très architecturé, il s’adapte aux différentes morphologies. Très contraignant dans son port traditionnel, il illustre l’émancipation féminine avec la diminution du obi (ceinture traditionnelle) qui faisait jusqu’alors office de corset pour ces dames.

Soeurs Calot

Callot Soeurs, maison de couture (1895-1937), Manteau « Casanova » à larges manches kimono, crêpe de Chine, filé lamé, 1925, Les Arts Décoratifs, Paris, don Madame Kempf-Berthelot, UFAC, 1956, inv. UF 56-21-7. Crédits : Photo Les Arts Décoratifs, Paris/Jean Tholance

A son arrivée en France au XIXe siècle, les élégantes s’en emparent comme vêtement d’intérieur avant que les créateurs comme les sœurs Callot ou Madeleine Vionnet ne s’en inspirent pour leurs collections dès les années 1915-1920. Par la suite, le kimono fait toujours des apparitions remarquées dans les collections haute couture des créateurs japonais et français. 

John Galliano (né en 1960), Dior Haute Couture, Modèle « Gia-Cia-Me-San », collection printemps-été 2007. Crédits : Dior Haute Couture © Photographie : Guy Marineau

Kimono au bonheur des dames est une exposition assez courte qui a le mérite de recentrer l’attention sur le vêtement en tant qu’œuvre tout en contextualisant ses évolutions et ses apports aux modes contemporaines françaises et japonaises. A noter, début avril, tous les kimonos anciens sont changés pour des raisons de conservation préventive, une bonne excuse pour retourner voir l’exposition !

Si le sujet de la décoration des kimonos vous intéresse, j’ai aussi réalisé une interview d’un des maîtres Kyotoïtes de la peinture traditionnelle sur kimono.

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