Bonjour, Sandra B., je vous remercie pour le temps que vous allez consacrer à mes questions et pour vos réponses. 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?

Je m'appelle Tsutomu HIRAO. Né en octobre 1951. Je suis peintre chez TOYOWADO, l'atelier de Kimono à Kyoto.

Comment devient on peintre de kimono ?

J'ai décidé de devenir peintre grâce à l'œuvre « Fujin Raijin » (Les dieux du tonnerre et du vent) de Sotatsu TAWARAYA qui m'a causé un choc énorme quand j'étais petit. Et je suis parti à Kyoto pour apprendre la peinture japonaise chez un peintre quand j'avais 14 ans.

Y a-t- il des codes particuliers à respecter ?

Il n'y a pas de codes, pourtant il y a « Kinjiki », les couleurs qui ne sont autorisées qu'à la famille royale du Japon. Parmi ces couleurs « Kinjiki », quelques couleurs sont autorisées à être utilisées pour tout le monde, pourtant il y a encore des couleurs interdites.

Les peintures et couleurs des kimonos varient en fonction des saisons, comment parvenez vous à vous renouveler dans vos motifs ?

Il y a les couleurs et les motifs pour chaque saison. Donc, en les utilisant, j'exprime la saison. Il y a les motifs et les couleurs qui s'adaptent à n'importe quelle saison aussi. En revanche, il y a quelques motifs qui ne s'adaptent qu'à une période très limitée.

Les différents modes de tissage ont ils une incidence sur les motifs que vous créez ?

Oui, bien sur. Pour le brocart de meilleure qualité, en soie, les motifs spéciaux s'appliquent.

Le kimono, ainsi que les vêtements traditionnels, ont connu une période de désintérêt de la part des jeunes générations de japonais. Mouvement qui commence à s'inverser pour revenir à la mode. Quel regard portez vous sur ce phénomène ?

C'est très bien. Il est très important que nous, les Japonais, nous intéressons à notre propre culture.

Les kimono et les yukata sont très présents dans la pop culture japonaise, en particulier dans les animes et mangas, mais ils sont portés de manière parfois peu orthodoxe, qu'est ce que cela vous inspire?

Je trouve que le design est un peu à la chinoise ou coréenne, pourtant ces dessinateurs ont fait une bonne recherche car il y a des arrangements à la base de costumes à l'ancienne. Bravo!

Qu'est ce qui est le plus important dans la réalisation d'un motif de kimono et de son emplacement ?

C'est de mettre le motif le plus important en bonne place pour que la personne qui porte ce kimono soit la plus belle (ou le plus beau).

Comment concevoir un motif sachant qu'il sera alternativement porté ou exposé ?

Je fais un design en ayant les images stéréoscopiques, en imaginant comment cela donne en kimono. En fait, le placement de motifs peut se régler lors de la couture d'un kimono, donc le motif important se placera au bon endroit.

Comment vous est venue l'idée de mélanger motifs traditionnels et manga?

Il y a des jeunes et aussi des adultes qui s'intéressent à la peinture japonaise, mais ils pensent aussi qu'elle est peu accessible. Si le mélange de la peinture traditionnelle et le manga-anime devient un premier pas de voir la peinture japonaise pour eux, cela me fait un grand plaisir.

Quelles ont été les premières réactions face à vos nouvelles propositions concernant ce mélange ?

J'ai eu la réaction comme : la peinture de fond est à la façon Rimpa qui existe depuis 400 ans, mais le résultat de ce mélange est admirable. Quand on voit les œuvres en vrai, c'est pas du tout différent qu'on les voit en photo : Et aussi beaucoup de gens ont adoré voir la peinture à la main, en vrai.

Comment, selon vous, expliquer que le japon, souvent perçu comme un pays conservateur d'un point de vue de ses traditions, soit parvenu à mixer pop culture et traditions ?

Nous, les Japonais, aimons beaucoup créer de nouvelles choses en mélangeant notre culture et la culture étrangère et en ajoutant nos propres interprétations. Je pense que vous le voyez souvent dans la culture pop.

Vous êtes un artiste reconnu et exposé dans des lieux prestigieux, quelle est la prochaine  étape ?

Nos œuvres seront exposées à « Kai Forum 2016 in Tottori » le 11 septembre, et aussi à « Takarazuka Anime Festa 2016 » du 26 octobre au 3 novembre.

Quel regard portez vous sur la France ?

La France est un beau pays. J'ai l'impression que vous, les Français, gardez les choses historiques et aussi adoptez la nouvelle culture. C'est formidable. Je trouve que vous avez du bon goût en regardant les gens et la ville de Paris. Si les peintres japonais de l'époque d'Edo (NB : de 1603 à 1868) faisaient un « time slip » à ce siècle, ils viendraient en France pour apprendre la peinture, j'en suis sur. Je suis vraiment ravi d'avoir visité ce beau pays. Et aussi j'espère que notre pays le Japon vous intéresse. Si ce que vous avez vu à Japan Expo vous plaît, venez au Japon pour voir ce qui se passe.

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