Le musée de la mode et du textile propose, depuis le début du mois de juillet, une exposition retraçant l'histoire du corps social en exposant les artifices utilisés depuis le XVIe siècle pour contraindre le corps et le façonner quelque soit l'âge et le sexe. Près de deux cents silhouettes rassemblant paniers, crinolines, ceintures d’estomac, faux-cul, gaines, « push up » issus des collections publiques et privées, françaises et étrangères, permettent, pour la première fois, d’aborder une lecture insolite de la mode liée au corps.

Corsets de fer comme autant de cages pour les fins bustes des damoiselles du XVIe siècle, pourpoints aux torses proéminents et braguettes saillantes ouvrent le bal. Les silhouettes nobles des siècles passés sont loin de nous être familières.

Si le magnifique pourpoint de Charles de Blois, conservé à Lyon, est parfaitement connu et documenté, (on rappellera que la manière de le porter a occupé les érudits tout au long du XIXe siècle), le pourpoint pensu est autrement plus surprenant.

Tout aussi inhabituel, citons les braguettes d'armures aux formes et tailles variées. Viennent ensuite les robes à la française, à l'anglaise et à la polonaise présentées en pendant de divers paniers et d'une grande variété de corps à baleines avec quelques buscs (partie centrale très rigide du corps à baleines, parfois amovible, il pouvait comporter des messages galants)

Les deux dernières salles du premier niveau sont plus ludiques, l'une diffusant des extraits de films où le costume tient une place importante (l'introduction des liaisons dangereuses, autant en emporte le vent, la soif de l'or et son streep tease mémorable, les quatre filles du docteur March etc.). De l'autre côté, il est donné la possibilité aux visiteurs d'essayer des répliques (un peu adaptées) de crinolines, tournures "queue de homard" , corps à baleines, corset, soutien gorge rembourré, amplificateur de manches... Les hommes ne sont pas en reste, avec une réplique d'un pourpoint, d'une braguette et d'une fraise. Cet espace d'essayage, baigné de lumière, est le seul où les photographies sont autorisées. Il est cependant dommage que ces répliques soient si maltraitées par les visiteurs. Notons que les petits sièges rappellent les crinolines de même que la structure couvrant la porte d'entrée.

Le second niveau poursuit la chronologie avec des vêtements et sous vêtements allant du début du XIXe siècle à nos jours.

La première vitrine, à gauche en montant les escaliers, recèle un artifice des plus incongrus, un bas d'homme rembourré au mollet, car à cette époque, la virilité de l'homme se mesure à son mollet.

Le cheminement se poursuit au milieu des corsets, puis des gaines et des soutiens gorge. Notons une vitrine consacrée aux sous vêtements masculins avec la présence exceptionnelle d'un slip kangourou datant de 1949 dont la rareté en fait la Joconde du musée de la bonneterie de Troie. Il est entouré de nombre d'autres slip d'hommes, des plus avantageux. Cette section est ponctuée de vidéos publicitaires.

L'exposition se termine par une sélection de robes de créateurs, inspirées des anciennes modes et des structures pour modeler les silhouettes (paniers, corset, crinolines, etc.) mis en regard avec une frise de silhouettes allant de la fin du XIXe siècle à 2010.

 

La scénographie, quoique très (trop) sombre (bien en dessous des 50 lux nécessaires à la conservation des textiles) réserve d'ingénieuses idées comme ces mannequins animés expliquant les mécanismes tels que la robe à la polonaise, le corset de fer, les crinolines etc.

Les textes, ni trop longs ni trop courts, sont didactiques et agréables à lire.

En sortant de l'exposition, l'on prend pleinement conscience de l'extravagance, de l’ingéniosité et de la technicité des mécanismes mis en œuvre pour contraindre le corps afin de le faire correspondre aux attentes sociales : pour les femmes tailles toujours plus fines, anches larges, poitrines projetées vers l'avant ou, au contraire, aplaties. Pour les hommes, la virilité passe tour à tour par un torse bombé, un mollet galbé, et maintenant ... un slip bien garni.

 

Site de l'exposition

Origine des images

 

Informations pratiques :

La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette du 5 juillet 2013 au 24 novembre 2013

 

Les Arts Décoratifs – Mode et textile
107 rue de Rivoli
75001 Paris
Tél. : 01 44 55 57 50
Métro : Palais-Royal
, Pyramides ou Tuileries
Autobus : 21, 27, 39, 48, 68, 69, 72, 81, 95

Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino/ Bas rembourré ou faux-mollet, France, 1850-1890  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Union française des arts du costume, achat, 1949 © Paris, Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance/ Thierry Mugler, Prêt-à-porter, printemps-été 1992  © Guy Marineau
Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino/ Bas rembourré ou faux-mollet, France, 1850-1890  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Union française des arts du costume, achat, 1949 © Paris, Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance/ Thierry Mugler, Prêt-à-porter, printemps-été 1992  © Guy Marineau
Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino/ Bas rembourré ou faux-mollet, France, 1850-1890  Paris, Les Arts Décoratifs, collection Union française des arts du costume, achat, 1949 © Paris, Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance/ Thierry Mugler, Prêt-à-porter, printemps-été 1992  © Guy Marineau

Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760 Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino/ Bas rembourré ou faux-mollet, France, 1850-1890 Paris, Les Arts Décoratifs, collection Union française des arts du costume, achat, 1949 © Paris, Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance/ Thierry Mugler, Prêt-à-porter, printemps-été 1992 © Guy Marineau

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