Anzu le chat Fantôme : irrévérencieux mais drôle, le 21 août au cinéma
21 août 2024Basé sur le manga de Takashi Imashiro, Anzu le chat fantôme est un film d’animation réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita qui a été sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes 2024, et pour la compétition officielle au Festival d'Annecy 2024. Si le sujet est relativement classique, la forme est, pour le moins, surprenante.
Karine est une enfant de 10 ans au visage d’ange et aux bonnes manières que son père abandonne dans le temple de son propre père qu’il n’a pas revu depuis des années. Le pauvre homme n’avait aucune nouvelle de son fils et ne savait même pas qu’il avait une petite fille. Ce fils prodigue a d’ailleurs tout du looser et ne cesse de fuir à cause de dettes d’argent. De son côté, Karine fait chavirer tous les cœurs, mais elle a déjà un caractère bien trempé qui va se heurter à Anzu, un chat fantôme débonnaire et irrévérencieux qui habite dans le temple depuis une trentaine d'années.
Des héros pas bien sous tous rapports
Karine, qui est orpheline de mère, vit depuis des années dans une situation économique précaire et n’a pour modèle que son père, minable petit escroc. De ce fait, malgré une apparence charmante, la petite sait déjà bien manipuler son monde pour arriver à ses fins. De son côté, Anzu est un chat anthropomorphe qui marche sur ses pattes arrières, parle, boit et fait du scooter. Parfaitement conscient de sa situation, le chat fantôme arbore des attitudes de yanke (petit délinquant de quartier japonais) et, s’il a un grand sens du devoir, il cerne très rapidement la personnalité de la petite Karine qui, de son côté, le prend en grippe.
Autour d’eux gravitent des yokai du folklore japonais traditionnel et deux jeunes garçons de l’âge de Karine qui ne sont pas insensibles à son charme.
En famille
Anzu, le chat fantôme, est avant tout un film sur la famille et le deuil. Karine en veut à son père de l’avoir abandonnée, elle qui est déjà esseulée par la disparition de sa mère, emportée par la maladie. C’est ce qui explique son comportement dur et capricieux, d’autant que son père n’est pas un bon modèle et que le joli minois hérité de sa mère lui permet de se sortir des mauvaises situations.
Anzu est le chat de la famille depuis plus de trente ans. Il a vu le prêtre et son épouse vieillir et disparaître pour cette dernière. Lui qui connaît le père de Karine depuis son enfance est assez réservé le connaissant, mais son sens du devoir et la détresse qu’il décèle chez Karine le poussent à l’aider. En effet, la petite fille veut voir sa mère à l’occasion de l’anniversaire de son décès, et quoi de mieux que l’aide d’êtres surnaturels.
La rédemption
Au fil des aventures que vont vivre Anzu et Karine, chacun apprend à se connaître. Malgré tout, Karine comprend qu’elle peut compter sur cet étrange félin et lui ouvre peu à peu son cœur. Elle a aussi le choix de continuer avec ses mauvaises habitudes ou de changer pour le mieux. Est-ce que, dans ce temple éloigné de tout, Karine pourra trouver un équilibre familial et l’affection qui lui manquent tant ?
Est-ce que son père va également profiter de l’occasion pour changer de vie et accepter cette deuxième chance ?
Le style de l’anime est très coloré et mignon. L’ensemble est très fluide grâce à la technique de la rotoscopie. C’est-à-dire que certaines scènes ont été tournées avec de vrais acteurs puis redessinées avec le design adéquat. Il y a une belle variété de personnages dont certains sortent des stéréotypes habituels pour se rapprocher du design d’amer béton.
Coproduit par la maison de production française Miyu spécialisée dans les films et courts-métrages d’animation, Anzu le chat fantôme aborde un sujet assez classique (par exemple dans Lettre à Momo) mais avec une approche plus brute. Les personnages ne sont pas forcement sympathiques, ils font des bêtises et parfois des crasses, mais finalement ils ont bon fond. C’est un film dynamique qui a quand même un peu de mal à démarrer, mais qui réserve quelques surprises (surtout dans la seconde partie) et des moments assez drôles pour les amateurs d’humour potache, mais jamais vulgaire. Le film est parfaitement accessible aux enfants à partir de 9 ou 10 ans et peut être l’occasion d’aborder avec les enfants le deuil et les croyances dans l’au-delà, si ce n’est pas déjà fait.
Durée : 1h35
Réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita
Scénario de Shinji Imaoka