Retour d’Asie : la passion d'Henri Cernuschi révélée au Musée Cernuschi jusqu’au 4 février 2024
21 déc. 2023Retour aux sources de son histoire pour le Musée des Arts Asiatiques de la Ville de Paris- Henri Cernuschi avec l’exposition Retour d’Asie : Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du Japonisme à découvrir jusqu'au 4 février 2024.
Collectionneur voyageur
A l’image d’un Émile Guimet, Henri Cernuschi est un collectionneur avisé qui a su élever sa passion au-dessus du lot des amateurs de chinoiseries et japonaiseries alors en vogue au XIXe siècle et même avant dans l’aristocratie. Henri Cernuschi se rend en Asie de septembre 1871 à janvier 1873.
Accompagné du journaliste Théodore Duret, Cernuschi gagne les USA via Liverpool. De là, ils traversent le pays jusqu’à San Francisco où ils embarquent pour le Japon. Après plusieurs semaines de traversée, ils arrivent à Yokohama.
Débute alors une collection de bronzes alors que ce sont les laques, les estampes et les porcelaines qui sont prisées des collectionneurs européens d’alors. Rapidement, de nombreux marchands tokyoïtes lui proposent des œuvres de toutes natures et, en particulier, de la vaisselle et des pièces votives. C’est ainsi qu’il achète la fameuse sculpture monumentale du Bouddha Amida de Meguro à Tokyo. Rapidement, sa collection compte plusieurs centaines de pièces qu’il fait expédier en France.
Après trois mois à visiter le Japon, dont Tokyo et Kyoto, les deux hommes arrivent en Chine pour cinq mois. Cernuschi traverse plusieurs villes dont Shanghai, Canton, Hankou, Nankin, Pékin, Jehol. Il continue ses achats d'œuvres en bronze dont les plus anciennes remontent au deuxième millénaire avant notre ère.
Avec son compère Duret, ils se rendent ensuite à Java, Ceylan puis en Inde d’où ils prennent le bateau pour rentrer en Europe.
Diffusion et influence de sa collection
Dès son retour en 1873, Cernuschi a à cœur de partager ses collections et de faire découvrir ses merveilleuses trouvailles. Les artistes et le tout Paris se pressent pour admirer ses trésors.
Il prête ainsi plus de 1500 œuvres au Palais de l’Industrie pour l’exposition consacrée à l’art de l’Extrême-Orient. Les artistes disposent même d’horaires aménagés pour pouvoir admirer les œuvres et en faire des croquis et empreintes. La collection Cernuschi se retrouve alors aussi bien en référence dans les ateliers de peintres tel Gustave Moreau que de céramistes comme Théodore Deck ou encore chez les orfèvres avec Emile Reiber pour Christofle.
Mais Cernuschi prend également les devants pour diffuser largement sa collection à travers la gravure , les photographies et des estampes en couleur.
Il conçoit également le projet d’un musée consacré à sa collection. Ce programme se concrétise en 1898 et s’accompagne d’une large diffusion des œuvres en photographies dans la presse. Plus de vingt ans après son retour, sa réputation n’est plus à faire et de nouveaux artistes, à l’image de François Pompon, y puisent leur inspiration.
Le parcours de visite est construit autour de trois axes : le voyage en Chine et au Japon, le retour à Paris et l’influence sur les arts, la constitution du musée. La scénographie est classique mais efficace dans les premières parties avant de changer radicalement pour s'inspirer de la présentation initiale voulue par Cernuschi, à savoir, des œuvres chinoises et japonaises disposées sur des gradins, en regard les unes des autres.
Célébrant les 150 ans du voyage initiatique d’Henri Cernuschi en Asie, cette exposition met en relief la figure singulière du collectionneur attentif et érudit qu’était Cernuschi, mais aussi sa vision à long terme de donner un musée à la ville de Paris. Prenant place en plein cœur du mouvement japoniste qui a largement irrigué les différentes formes d’art de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXIe siècle, cette collection atypique, comptant de nombreuses représentations religieuses mais accordant également une place importante aux représentations de la nature, est fondamentale dans le renouveau artistique de la belle époque.