C’est aujourd’hui que sort dans les salles obscures françaises le film La tresse de Laetitia Colombani adapté du roman à succès éponyme qui suit le destin de trois femmes face à l’adversité.

Des rives du Gange à Toronto en passant par une ravissante ville côtière italienne, trois femmes d’âge et de conditions différentes se retrouvent liées par le destin sans jamais se rencontrer.

Smita et sa fille priant sur les bords du Gange - La tresse © SND

Un film féministe

Le film mêle de manière asynchrone le destin de trois femmes que la vie ne va pas épargner. Elles doivent lutter pour leur vie et leur place dans la société et faire face à la pression sociale souvent patriarcale. Ainsi, on tremble souvent pour Smita, femme intouchable du nord de l’Inde qui, pour offrir une vie meilleure à sa fille, va traverser le pays et affronter tous les dangers qu’une femme sans époux peut rencontrer dans un pays où “la vie d’une femme vaut moins que celle d’une vache”. Vol, violence, propositions douteuses, fatigue, faim, Smita et sa fille surmontent avec dignité tous les obstacles pour parvenir à leur but.

Giulia, jeune italienne d’une vingtaine d'années, travaille dans l’entreprise familiale de son père. Mais le jour où son père adoré  est victime d’un accident de la route, son monde s’écroule. A la détresse et l’incertitude de la situation de son père plongé dans le coma s’ajoute la banqueroute dans laquelle se trouve sa famille. Pour maintenir son entreprise à flots, son père a multiplié les dettes et les hypothèques. Si Giulia cherche une solution moderne, sa mère et sa grande sœur, totalement dépendantes, lui proposent une solution pour le moins archaïque. Mais une rencontre inattendue éclaire le vie de Giulia sous un nouveau jour.

A Toronto, Sarah est une femme comblée. Avocate respectée, mère de trois enfants, une belle maison et la promesse d’une promotion prochaine, elle a tout pour être heureuse. Pourtant, à force d’avancer à marche forcée vers ses objectifs et sa réussite, elle a négligé sa santé. Son corps finit par lâcher, entraînant Sarah dans une course en avant effrénée où elle s’épuise davantage. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de ses proches pour prendre la décision d’enfin s’écouter et s’occuper d’elle-même.

Sarah sort de l'hôpital - La tresse © SND

La plus belle parure de la femme

Le titre du film n’est pas choisi au hasard. De par son montage, les trois récits s’entrelacent délicatement en séquences jusqu’au dénouement final. Pendant la première partie du film (si on n’a pas lu le livre) on se demande quel est ce lien. Puis, à mesure que le film progresse, des pistes émergent jusqu’à l‘évidente conclusion. 

Détail qui n’en est pas vraiment un, les actrices choisies sont toutes les trois radieuses avec de magnifiques chevelures parfaitement entretenues, également témoins de la variété des beautés féminines. Ne dit-on pas depuis l’Antiquité, et dans de nombreuses traditions, que les cheveux sont la première et la plus belle parure des femmes ? Tradition des cheveux longs qui, chez les sikhes dont fait partie Kamal, est également étendue aux hommes pour d’autres raisons. 

Giulia et Kamal étudient un livre à la bibliothèque - La Tresse © SND

La mondialisation

Autre fait marquant, c’est la mondialisation qui permet aux trois femmes d’être unies par delà les océans et les continents. Sur ce point, un certain malaise se dégage car le lien part de la plus humble des trois vers la plus fortunée. Si, dans ce cas, Smita agit de la sorte, elle n’en retire aucun bénéfice sur le plan matériel alors qu’elle permet à Giulia de trouver une nouvelle voie, de s’affranchir de certaines traditions pesantes et à Sarah de se retrouver et se reconstruire. L’exploitation des pays du sud par les pays du nord est encore perceptible et, de ce côté là, aucune avancée est proposée.

La tresse est un film assurément féminin et féministe dans sa manière de montrer des femmes courageuses et résilientes. Il montre également la place et le poids social et sociétal qui pèsent sur toutes les femmes, quelles que soient leur culture, leurs origines ou leur situation. Il porte un message émancipateur et bienveillant sur ses héroïnes. Et même si ce n’est pas le tire-larmes annoncé, la tresse fait passer un bon moment à ses spectateurs et spectatrices qui pourront peut-être se retrouver dans ces parcours de vie. A noter que les hommes peuvent, bien entendu, être intéressés par ce film dans ce qu’il leur permettra d'effleurer un peu du mystère féminin. 

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