Adaptation du manga La Concierge du Grand Magasin de Tsuchika Nishimura (Lézard noir), Le Grand Magasin, réalisé par Yoshimi Itazu, est un long métrage d’animation japonaise coloré et enthousiasmant idéal pour les sorties en famille de cette fin d’année.

Akino est la nouvelle employée maladroite et gaffeuse du célèbre Grand Magasin. Mais son enthousiasme débordant et son empathie la poussent à dépasser ses limites pour répondre aux exigences parfois saugrenues de ses clients. En effet, ceux-ci ne sont pas ordinaires puisqu’il s’agit exclusivement d’animaux du monde entier dont certains sont en voie de disparition, voire carrément éteints.

©2023 Tsuchika Nishimura/Shogakukan/ “The Concierge” Film Partners

Quand les rôles s’inversent

Ici, les rôles s’inversent. Les humains sont aux petits soins d’une clientèle variée aux besoins particuliers. Akino et ses collègues concierges font de leur mieux, observant chaque client et écoutant ses demandes.

Le standing du grand magasin n’est pas sans rappeler le Bon Marché, le Printemps ou les galeries Lafayette tant dans son architecture que dans son fonctionnement avec ses nombreux stands de produits luxueux : montres, stylos plumes, parfums, robes, bijoux. Plus qu’un lieu de consumérisme, le Grand Magasin est un lieu d’hédonisme tant pour le palais que pour l’esprit avec ses restaurants de standing, ses expositions d’art et sa salle de concert. Le personnel est totalement investi comme guidé par une mission et l’on reconnaît bien là le soin extrême du service à la japonaise.

Bien entendu, les clients zoomorphes ont tous des besoins bien particuliers et parfois le statut de leur espèce entre en ligne de compte.

©2023 Tsuchika Nishimura/Shogakukan/ “The Concierge” Film Partners

La critique en creux des actions humaines

Si les humains sont au service des animaux au sein du Grand Magasin, il n’en reste pas moins que de nombreux clients font partie d’espèces dans un état critique, voire éteint, et que c’est la faute des humains, comme pour les mammouths laineux, les visons de mer, les grands pingouins, les lions de barbarie (lions de l’Atlas) chassés à grande envergure pour leur viande ou leur fourrure ou bien à cause de la destruction de leur habitat naturel. Le personnel est particulièrement attentif à leurs demandes et ils sont nommés VIA pour Very Important Animal.

Pourtant, si l’apparition des grands magasins au XIXe siècle est montrée comme le départ de la société de consommation de masse, le schéma appliqué aux animaux n’est pas remis en cause.

L’animation est techniquement de grande qualité et le design des personnages se tient au plus près du manga original. La musique correspond bien aux scènes mais ne laisse pas d’impression particulière. L’ensemble est très coloré et vraiment joli à l’œil. Du fait de son format réduit à 1h10, il est parfait pour les jeunes enfants qui ne s’ennuieront pas une seconde et pourront s’émerveiller devant tous les animaux présents à l’écran. Pour les spectateurs adultes, pas d’ennui également, dans ce film plein de bonne humeur et tourbillonnant. Ils ne manqueront pas de voir également l’ambiguïté du propos qui est de proposer aux animaux des biens de consommation, quand il s’agit de la même consommation effrénée qui nuit le plus aux environnements et engendre une exploitation outrancière des espèces.

Le Grand Magasin est un film à hauteur d’enfant. Présenté hors compétition au festival d’Annecy 2023, il coche toutes les cases d’un bon film familial de fin d’année avec une touche de conscience écologique et un style graphique atypique mais ravissant. Une belle découverte à partager largement.

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