Second volet des expositions consacrées à Agnès Varda au Palais Idéal du Facteur Cheval, l'exposition Architextures et Perspectives met en lumière l'attrait pour l'architecture entretenu par la réalisatrice tout au long de sa vie et de sa carrière. Aussi était-il tout naturel que l'incroyable Palais idéal du Facteur Cheval accueille une exposition sur cette thématique du 16 octobre 2021 au 3 avril 2022.

Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio
Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio

L'exposition regroupe dans deux salles de taille moyenne un ensemble de photographies, extraits de films et maquettes réalisés par Agnès Varda au cours de sa carrière.

Sans titre (Portugal), 1956 © succession Varda
Sans titre (Portugal), 1956 © succession Varda

Architectures cadrées

En premier lieu, les photographies inédites en noir et blanc donnent à voir son point de vue de réalisatrice et non d'architecte sur des architectures du bizarre et les créateurs singuliers comme les Watts Towers réalisées par Simon Rodia à Los Angeles ou encore les jardins de Bomarzo en Italie, aussi appelés « Le Parc des monstres ». Ensemble hétéroclite allant du palais renaissance en ruine à des petites cabanes posées sur la plage en passant par l'incomparable Palais du Facteur Cheval qu'elle visite à plusieurs reprises à partir des années 1950, ou la terrasse du Corbusier. Ici, le cadrage met en lumière l'architecture, parfois solitaire, d'autres fois habitée par des silhouettes. Les photographies de la réalisatrice se concentrent généralement sur des détails significatifs, en particulier sur les textures, mais retransmettent une atmosphère nostalgique et étrange à la fois.

Les Dites Cariatides, 1984 © ciné-tamaris
Les Dites Cariatides, 1984 © ciné-tamaris

Architectures filmées

Deux vidéos sont également projetées. La première enchaine des interviews et images d'architectures composites réalisées de manière spontanée et autodidacte par des non-architectes, tel le facteur Cheval en son temps. Le second film, nommé Les Dites Cariatides et datant de 1984 est une compilation des figures architecturales des cariatides peuplant les immeubles parisiens. Cet héritage de l'architecture grecque antique, à la fois élément architectural et décoratif, est remis à l'honneur à la Renaissance. Il a ensuite connu une fortune particulière dans la seconde moitié du XIXe siècle et orne aujourd'hui de nombreux immeubles de la capitale comme autant d'incarnations de l'architecture.

LES (mini) CABANES DE CINEMA, La cabane du film LA POINTE COURTE d’Agnès Varda, 2017  Courtesy Galerie Nathalie Obadia © succession Varda
LES (mini) CABANES DE CINEMA, La cabane du film LA POINTE COURTE d’Agnès Varda, 2017 Courtesy Galerie Nathalie Obadia © succession Varda

Architectures fantasmées

Enfin, Agnès Varda tout comme le facteur Cheval ont, à leur échelle respective, conçu des architectures. Si l'on ne présente plus le Palais idéal construit plus de trente ans durant dans un ancien potager, Agnès Varda a, de son côté, conçu des cabanes maquettes-œuvres d’art ou Mini cabanes de Cinéma. Ces charmantes maquettes ont pour particularité d'être conçues avec du véritable film 8 mm issu des bobines abandonnées des films de la réalisatrice, ce qui leur confère un aspect onirique et plus encore, où la présence des personnages directement sur la pellicule permet d'habiter le lieu. La forme et le mobilier de ces quatre maquettes renvoient directement à quatre de ses films : la Cabane de l’échec devenue Cabane de cinéma (2006), conçue à partir du film Les Créatures (1965). Les trois autres maquettes datent de 2017 : La maquette en forme de coque de bateau échoué est réalisée à partir du film La Pointe Courte (1954). Celle en forme de serre remplie de tournesols renvoie à la Serre du Bonheur (film datant de 1964). Enfin, la maquette en forme de tente renfermant un petit sac à dos évoque le film Sans Toit Ni Loi (1985).

Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio
Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio

La présence de ces maquettes entre d'ailleurs en résonance avec les maquettes conçues par le facteur Cheval pour orner la façade Ouest de son palais : Temple Hindou, Chalet Suisse, Maison Blanche, Maison Carrée d’Alger, Château du Moyen-Age.

Agnès Varda, Autoportrait, église de Fossé (Ardennes)  1955, © succession Varda
Agnès Varda, Autoportrait, église de Fossé (Ardennes) 1955, © succession Varda

Cette petite exposition permet de lever le voile sur un aspect moins connu mais pourtant essentiel et particulièrement graphique du travail de la réalisatrice, d'autant que le sujet est en accord parfait avec le lieu qui l'accueille. Les architectures fantasques présentées sous l'œil de la réalisatrice sont autant d'échos aux rêveries de l'enfance qu'un retour à la nature. Mais elles sont également un geste artistique à part entière. 

Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio
Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio

Commissaires de l’exposition : Julia FABRY & Frédéric LEGROS, Directeur du Palais idéal

L’exposition est réalisée en collaboration avec Ciné Tamaris, et présente des oeuvres et archives personnelles issues des Collection Succession Varda & Collection Rosalie Varda.

Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio
Vues de l’exposition au Palais idéal du facteur Cheval / Photos : Origins studio

 

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