Il est des lieux singuliers et fascinants qui frappent les tréfonds de l’imaginaire collectif. Le palais idéal du facteur cheval en est un parfait exemple. Œuvre monumentale d’un autodidacte de génie, le Palais réussit le parfait syncrétisme entre architecture civile et religieuses du monde entier. A mi-chemin entre une grotte rocaille délurée et une architecture naïve, le facteur fait preuve d’une imagination et d’un talent remarquables.

Le lieu où se réalisent les rêves

Ferdinand Cheval, modeste facteur de campagne ayant très peu voyagé dans sa vie mais grand amateur de cultures du monde qu’il découvre grâce à ses encyclopédies illustrées, après une rêverie longue de 10 ans, trébuche un jour d’avril 1879 sur une pierre à la forme singulière. C’est le déclic !

 

Mon pied avait accroché une pierre qui faillit me faire tomber : j’ai voulu savoir ce que c’était. C’était une pierre d’achoppement de forme si bizarre que je l’ai mise dans ma poche pour l’admirer à mon aise.

Le lendemain, je suis repassé au même endroit ; j’en ai encore retrouvé de plus belles. Je me suis dit : puisque la nature veut faire la sculpture, je ferai la maçonnerie et l’architecture.
Joseph Ferdinand Cheval

Dans son petit potager, il interprète et place sans hiérarchie, un temple hindou, une façade de mosquée, un chalet suisse, un château médiéval, un arbre multiséculaire mais aussi des grandes figures historiques comme César, Vercingétorix, Platon, Aristote, des figures bibliques comme Adam et Eve. Les rinceaux, les niches et autres tourelles sont peuplés d’animaux exotiques vus dans les encyclopédies.

Lorsque l’on regarde son œuvre, l’on ne peut s’empêcher de penser à la Sagrada Familia ou encore aux grottes en eaux très en vogue aux XVIe-XVIIIe siècles dans l’aristocratie.

Son palais comporte également une soixantaine d’inscriptions parfois religieuses, parfois philosophiques voire même inspirées par ses visiteurs. L’on y découvre la philosophie d’un homme simple mais humaniste qui rêvait de fraternité entre les peuples alors que la mode était à la colonisation et à la hiérarchisation du genre humain.

Une prouesse architecturale

Au cours des 33 ans qu’a duré la construction du palais idéal, le facteur cheval y a consacré tous ses moments libres. Ramassant des pierres pendant sa tournée quotidienne de près de 43 km ou revenant les chercher avec sa fidèle brouette, il s’adonne jour et nuit à sa passion. Sans aucune notion d’architecture, il met au point différents procédés d’avant-garde comme un maillage métallique dans la chaux ou encore un mortier extrêmement solide. Si seul un dessin subsiste aujourd’hui, le facteur a tout pensé dans les moindres détails. Les cailloux proviennent des environs alors que les coquillages lui ont été envoyés par son neveu depuis Marseille. Il achète peu à peu les terrains autour de son palais pour l’agrandir et construire une maison familiale, un jardin et un belvédère pour que les visiteurs puissent admirer son œuvre.

Homme infatigable malgré une allure svelte, il a été recalé du service militaire pour une constitution estimée trop faible. Avec les malheurs personnels qui le touchent, il passe également 8 ans de sa vie à concevoir son tombeau familial dans le cimetière voisin de Hauterive.

Destin d’un monument

Imaginé comme tombeau familial dans ce qui était alors son potager, il doit renoncer à son projet suite à l’opposition de l’Église et à une loi de 1848 qui interdit l’inhumation dans un terrain privé.

Si dans son village il passe pour un fou qui entasse des cailloux dans son jardin, la renommée du palais attire rapidement les visiteurs de la région puis des villes alentours,  voire même des voyageurs de passage.

“1879-1912 : 10 000 Journées, 93 000 Heures, 33 ans d’épreuves” Joseph Ferdinand Cheval

Un photographe entreprend de vendre des photographies du palais sous forme de cartes postales. Le succès est au rendez-vous mais Ferdinand Cheval lui intente un procès, le gagne, faisant jurisprudence dans le domaine.

Achevé en 1912, Le Palais est classé en 1969 par Malraux monument historique au titre de l’art naïf. Puis en 1984 une des petites filles du facteur donne ses parts à la ville et en fait la légataire universelle. 10 ans plus tard, la seconde descendante vend également ses parts pour un montant de 6 millions de francs. La ville peut alors entreprendre de nombreux et salutaires travaux de restauration.

Aujourd’hui, la renommée du palais a dépassé les frontières et, en haute saison,  ce ne sont pas moins de 2500 personnes qui se présentent chaque jour sur les lieux. Une mini exposition relate la vie du facteur cheval et des expositions temporaires sont également programmées trois fois par an, en lien avec le lieu.

Malgré quelques difficultés d’accès, sans voiture c’est assez difficile admettons le, le Palais idéal du facteur cheval est un lieu onirique et changeant au fil de la lumière du jour et des saisons. Fourmillant de détails, il y a toujours quelque chose à découvrir et où poser les yeux.

Tous les visuels sont des photographies personnelles, merci de ne pas les utiliser sans mon accord.

Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
Palais idéal du facteur cheval
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Palais idéal du facteur cheval
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Palais idéal du facteur cheval
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