Une journée d’été à Chantilly
25 août 2019Pour changer de Versailles et son flot de touristes, une journée à Chantilly m’a semblé une bonne alternative. En cette période estivale, de nombreux spectacles d’été et expositions y sont proposés.
Sur le chemin de Chantilly
Mais il m’a d’abord fallu quitter la capitale car Chantilly se mérite ! Départ grandes lignes à la gare du Nord. Comme indiqué sur le site du château, un billet jumelé train-domaine de Chantilly est signalé pour un départ gare du Nord ou des Hauts de France, mais pour l’obtenir, c’est un peu le parcours du combattant ! Les bornes automatiques à disposition ne délivrent pas ce genre de billet et il faut se rendre, pour la gare du Nord, à l’espace accueil grandes lignes pour trouver une borne spéciale où un employé vous aide dans votre démarche si vous payez par carte bancaire. Ensuite, en route pour 25 mn de train pour Chantilly.
En sortant de la gare, il faut trouver le bus n°15 pour se rendre au château. Ce n’est pas très bien indiqué, mais il fait attendre à l’arrêt pour Senlis. Le chauffeur m’indique que le transport est gratuit pour le château, et me dépose à proximité du domaine.
Le Domaine : un ensemble exceptionnel de bâtiments
Dès l’entrée, la campagne m’assaille, de la verdure à perte de vue et la chapelle familiale entourée d’une grande étendue d’eau, sans parler de l’odeur de crottin qui me rappelle que Chantilly est surtout connue pour ses chevaux.
Laissant momentanément les bâtiments du Jeu de Paume à ma gauche et les grandes écuries du château à ma droite, je me suis dirigée vers La Capitainerie, le restaurant situé sous la chapelle du château. Dans un cadre spacieux, historique et raffiné, grande cheminée et pierre de taille, renommée oblige, on y propose surtout des plats de viande et de poisson. L’ombre du grand Vatel plane encore sur les lieux. J’ai quand même repéré sur la carte une salade végétarienne pantagruélique, la Aumale. Tous les plats sont servis avec l’incontournable crème chantilly, dans sa version salée ou sucrée.
En sortant, je me suis dirigée vers les célèbres écuries du château situées à droite de l’entrée, où sont présentés plusieurs spectacles avec les chevaux. Personnellement, je suis allée voir celui de 14h30 où 300 ans d’histoire autour des chevaux sont narrés. Écuyères en costumes et cavaliers se sont relayés tout au long des différents tableaux pour la plus grande joie des petits et des grands. Après ces démonstrations, il est possible de visiter les écuries et d’approcher des chevaux magnifiques.
L’architecture du lieu, de style baroque avec un dôme monumental, une fontaine abreuvoir et une piste centrale de 13 m de diamètre peut accueillir jusqu’à 500 visiteurs. Les vastes écuries adjacentes, uniques en leur genre, sont ornées de nombreux trophées de chasse rappelant l’amour du Grand Condé pour la vénerie.
Sur place, il y a aussi le musée vivant du cheval, mais je me le réserve pour une autre fois.
Ensuite, retour vers le château pour une visite des plus intéressantes. Dès l’entrée, somme toute assez modeste, trois ouvertures s’offrent à mes yeux, un rez-de-chaussée avec nombre de pièces en enfilade suivant le goût de l’époque qui mènent jusqu’au salon de musique. A droite, un escalier avec, après la grande salle à manger, un long couloir et des pièces en enfilade, et à gauche la chapelle familiale et la sortie. Au rez de chaussée, je remarque le même agencement des pièces et un nombre incalculable de tableaux mêlés entre peintures françaises, italiennes, espagnoles et anglaises, que ce soit des portraits, des scènes de chasse ou religieuses, ils tapissent les murs de haut en bas. Ce qui me remémore que le domaine de Chantilly abrite la plus grande exposition D'œuvres d’art ancien après Le Louvre. On peut y admirer des Raphaël, Cimabu, Ingres, etc.
Il y a également quelques vitrines avec des antiques grecques et romaines, ainsi que des chinoiseries. La galerie des offices regroupe toute l’argenterie de la maison, soit des ménagères, de la vaisselle Christofle, des surtout de table etc. La galerie de Psyché est particulièrement remarquable avec des vitraux en grisaille relatant la tragique histoire de la princesse Psyché épouse du dieu Éros. La galerie conduit au cabinet des Gemmes, c’est à dire des émaux peints. Un peu avant le salon de musique, la bibliothèque, elle aussi impressionnante avec ses murs couverts de livres anciens et, en ce moment, une exposition dédiée aux femmes et la littérature.
Il est possible de visiter les appartements du Duc et de la Duchesse d’Aumale avec un conférencier, sur réservation. c’est un des rares exemples d’appartements datant de la monarchie de juillet toujours conservé.
La chapelle est bien singulière par rapport au reste de l’édifice ; l’on y retrouve des vitraux de la chapelle d'Écouen répondant à la voûte inspirée du même édifice et de superbes marqueteries de bois représentant les douze Apôtres. Mais la partie la plus intéressante se découvre derrière le Maître Autel. Dans un vaste espace se trouve le mausolée des prédécesseurs du duc d’Aumale et la chapelle des cœurs des ducs de Condé avec ses sculptures et sa coupole représentant un cerf tenant la devise espérance de la maison Condé. Reconstruite à son retour d’Exil entre 1875 et 1885, suivant les plans de l’architecte Félix Duban datant de 1846-1848 et repris par l’architecte Honoré Daumet, la chapelle présente un aspect néo-Renaissance française.
Juste avant de sortir, dans le cabinet d’arts graphiques, face aux appartements privés du Duc et de la Duchesse d’Aumale, une très jolie exposition de portraits de cour à la sanguine ou au fusain que je vous conseille de ne pas manquer. Il faut dire que j’apprécie tout particulièrement ce genre de dessins.
Les jardins
A la sortie du château, le parc de Chantilly, d’une superficie de 115 hectares, est le résultat de plusieurs créations réalisées selon les modes de chaque époque : le jardin à la française dessiné par André Le Nôtre au XVIIe siècle, le jardin anglo-chinois à la fin du XVIIIe siècle, le jardin anglais au XIXe siècle, et un “Petit Parc” presque aussi grand que le reste du domaine. Il offre ainsi un témoignage unique du rapport entre l’homme et la nature en occident depuis plus de trois siècles.
J’ai traversé rapidement le jardin dessiné par Le Nôtre, assez modeste par rapport au reste du domaine.
Le temps passant trop vite, je n’ai fait que passer par le jardin anglais.Une seconde visite s’impose vraiment car j’ai complètement délaissé le Petit Parc et le jardin anglo-chinois ! J’ai vu qu’à l’entrée du château, des golfettes peuvent être louées pour pouvoir tout visiter, peut être essayer le restaurant du hameau qui se trouve à proximité du jardin et voir au loin les chevaux s’entraîner.
Je me suis doucement dirigée vers le sortie en passant devant le bâtiment du Jeu de Paume transformé en salle d’expositions. En ce moment, on peut y voir l’exposition La Joconde nue (jusqu’au 6 octobre). Mais je n’ai pas eu le temps de m’y rendre.
Le retour
A l’arrêt de l’autocar, une mauvaise surprise m’attend, pas de bus pour la gare après 13h30mn ! Renseignement pris auprès des riverains, il a des autocars, mais leur passage est aléatoire.
C’est donc à pieds que je m’en suis retournée pour prendre le train vers Paris. Nous étions quelques uns à être dépités par ce manque de transport, car quand on a passé une journée à visiter, le trajet paraît bien long, même si ça ne prends que trente minutes environ.
Le château gagnerait certainement en notoriété si un service de navettes était mis en place pour transporter les touristes
Pour les visiteurs en voiture, aucun problème, un grand parking est accessible.
Malgré ce petit désagrément en fin de journée, j'ai été enchantée par ma visite. Malgré une belle journée ensoleillée, il y avait peu de visiteurs dans les salles, ainsi j'ai pu observer à loisir les tableaux, l'architecture et les expositions. Le spectacle aussi était très bien réalisé et interprété. J'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire des écuries sans être noyée dans les détails que je chercherai par moi-même. Je conseille vraiment cette visite comme une alternative à Versailles pour les beaux jours et je reviendrai assurément pour voir le jardin. Je vais prochainement me pencher sur les autres châteaux d’île-de-France !