Véronique Barrillot est une artiste dijonnaise de renommée internationale. Lauréate du prix  Jean Charles Hachet 2017 pour ses toiles Doubles Visions, son travail fascine et émerveille ceux qui ont la chance de voir ses toiles. Très demandée, je la remercie d’autant plus d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. 


 Qu’est ce qui vous a amené à la peinture ? 
Je suis arrivée à la peinture en commençant à peindre sur les murs à 40 ans. 

Quelles sont vos sources d’inspirations ? 
Mes sources d'inspirations sont très variées, en réalité tout m'inspire. 
La Culture au sens très large : lecture, philo, musique, architecture, tous les arts mais aussi tout ce qui est  sociétal, politique ou sociologique...bref...l'Homme et ses choix de vie, l’Homme et son environnement.
J'ai un intérêt tout particulier aussi pour l'image et le cerveau, les trompe l’œil ou les illusions qui faussent les jugements.
Mes doubles visions sont une métaphore du jugement et de la prise de recul.

L’on vous connaît souvent pour vos fresques monumentales, qu’est-ce qui vous a amené à ce type de médium ? 
Peindre sur les murs a été un acte spontané comme une évidence préhistorique un peu viscérale. 

Vos doubles visions sont spectaculaires, comment avez-vous mis au point votre technique unique ? 
Ma technique des doubles visions s est mise en place sur 4 ans et vous seriez étonnée par les dernières pièces où je vous mets au défi de deviner le Vermeer ou le Courbet qui se cache derrière la 1ere vision..
Mes toiles révèlent toujours le sujet caché dans une vitre ou lorsqu'on tente de les photographier. 
Cette recherche a débuté lorsque j'ai commencé à peindre ces grands formats sur murs sans avoir jamais pris  de cours de dessin ou de peinture, sans repère sur le mur, sans ébauche et sans avoir besoin de recul. 
J'ai compris que mon cerveau rétroprojetait les images souhaitées, peu importe l'échelle.
Lorsqu'à mon retour des 2 fresques New Yorkaise en 2013 j'ai commencé à travailler sur toiles, je continuais de peindre des sujets sur de plus petits formats (2m/2m) mais qui restaient très nettement visibles de très loin.
J'ai donc pensé que le trajet que faisait  mon cerveau dans un sens, il pourrait  peut être le faire dans l'autre sens et  j’ai décidé d’ajouter un autre sujet par dessus qu’on ne verrait qu’en étant près. 

Comment choisissez-vous les deux sujets présents sur la toile ? • Combien de temps prend la réalisation d’une toile Double Vision ? Votre technique a-t-elle évolué depuis notre rencontre en 2017 ? 
Le choix des 2 sujets est toujours lié au fond et non à la forme : ce qui importe, c'est l'histoire que je veux raconter ou même la réaction que je veux susciter : la surprise, l'émotion.
Il peut donc s'agir de sujets qui s'entrechoquent et dénoncent ( religieuse /l’origine du monde) ou encore des gens que j'admire ( Vermeer, Camus, César...).
Chaque double vision nécessite 2 mois de travail.

En 2017, vous avez reçu le très renommé Trophée Jean-Charles Hachet : le Grand Prix européen d’Art Contemporain. Qu’elle a été votre réaction à l’annonce de ce prix ? 
L’histoire du trophée Jean Charles Hachet est belle.
J’ai reçu un appel téléphonique m’invitant à Paris à la Business Art Fair. Mon nom avait été donné par une dijonnaise ayant découvert mes Doubles Visions. J’y suis allée et, à la fin de l'expo, le jury avait décidé de m'attribuer un prix
En réalité, comme souvent, je n'ai pas réalisé tout de suite qu'il s’agissait d’un prix européen d'art contemporain, mais aujourd'hui il est affiché fièrement dans mon atelier.

Vous travaillez régulièrement à l’international, que vous a apporté la réception de ce prix prestigieux ? 
Pas sûr que mon prix ait un gros impact sur le déroulé de ma carrière. En tous les cas, c est difficile à évaluer, mais ce que je peux affirmer, c est que le public qui découvre en live mes toiles et voit le prix Jean Charles Hachet affiché estime que c'est justifié, et cela me va bien!

Vous travaillez toujours depuis votre atelier de Dijon, pouvez-vous nous parler de votre cadre de création ? L’on sait que votre atelier est visible depuis la rue et que vous avez même installé un dispositif dans la rue afin que les passants puissent admirer vos créations en cours. Pouvez-vous nous parler de leurs réactions ? 
Effectivement, j’ai changé d’atelier l'année dernière et mon atelier actuel possède 5 vitrines où j'expose mes toiles et où les spectateurs (très nombreux) passent du temps à avancer et reculer pour voir se transformer mes toiles.
Les réactions du public sont vraiment incroyables, voire même hallucinantes. Certains pleurent, tombent et dans tous les cas finissent par me poser la même question : "comment faites vous?".
Peut être que les scientifiques suisses qui ont commencé à étudier mon cerveau auront la réponse...

Quels sont vos projets futurs ? 
Mes projets sont de plus en plus passionnants et j’ai notamment un très beau projet en cours, mais hélas encore confidentiel, et j’espère obtenir prochainement une visibilité dans de belles galeries adeptes de grands formats ou appréciant le travail de recherche qu'elles représentent.
Comme aucun photographe ne réussit à  les photographier, il a fallu les faire découvrir en live ...chaque spectateur doit se trouver face à mes toiles pour que la magie opère.

Je remercie chaleureusement Madame Barrillot d'avoir partagé avec nous ses réflexions sur sa technique sidérante et sa passion pour l'Art. Si vous passez par Dijon, n'hésitez pas à aller voir son atelier ! 

Retour à l'accueil