Trésors de Nara : trois sculptures bouddhiques à découvrir au Musée Guimet jusqu’au 18 mars 2019
02 févr. 2019Pour conclure la saison franco-japonaise Japonismes 2018 âmes en résonances, le musée Guimet expose, jusqu’au 18 mars 2019 dans sa bibliothèque historique, trois sculptures spectaculaires issues du temple Kohfukuji de Nara. Une occasion rare, sinon unique, d’admirer ces trésors nationaux hors de l’archipel.

Une première historique pour des Trésors nationaux et biens culturels importants.
Pour la première fois de leur histoire, les moines du temple Kohfukuji de Nara ont accepté le prêt exceptionnel de trois sculptures bouddhiques de premier plan hors du Japon. L’ensemble représente deux rois gardiens Kongô Rikishi (Agyô bouche ouverte et Ungyô bouche fermée) datant du XIIIe siècle entourant un Jizô Bosatsu datant du IXe siècle.
Agyô et Ungyô sont tous les deux des trésors nationaux et sont présentés habituellement au public dans le trésor du temple. Le Jizô Basatsu est, pour sa part, un bien culturel important, mais il n’est que très rarement présenté au public car conservé dans une zone du temple exclue de la visite.

Des styles très différents
D’une facture exceptionnelle de réalisme anatomique et d’expressivité, les deux rois gardiens sont sculptés dans plusieurs morceaux de bois suivant une technique particulière dite Yosegi Zukuri. Ce qui permet non seulement de les réparer en cas de manque, mais surtout de leur conférer une torsion (oserais-je dire baroque) au corps. Les jointures sont cachées sous une toile de chanvre, de l’argile blanche et de la peinture naturaliste. Les muscles sont tendus, les veines gonflées, les traits du visage marqués avec une mention spéciale pour les yeux en cristal de roche peint, absolument saisissants. Il remplissent parfaitement leur rôle de gardiens du Bouddha et leur faciès grimaçant a de quoi terrifier plus d’un démon ou mauvais esprit. Alors que Agyô représente le mouvement Ungyô et incarne pour sa part la stabilité. Leurs noms rappelle le son A-Un. On retrouve la même symétrie et symbolisme chez les lions gardiens des temples shintoïstes.

Au centre Jizô Bosatsu, être de compassion, présente une attitude hiératique totalement différente. Yeux mi-clos, il pose un regard bienveillant sur l’humanité depuis les cieux. Lui aussi en bois, mais taillé d’une seule pièce selon la technique Ichiboku zukuri, puis peint et doré, il a été restauré au XIIIe siècle, et le socle en forme de fleur de lotus et une auréole lui ont été rajoutés.
Dès l’arrivée de la triade, les moines du temple Kohfukuji ont réalisé une cérémonie bouddhique afin d’expliquer aux statues les raisons de leur voyage et leur rendre leur sacralité.
Outre leurs qualités intrinsèques, ces trois sculptures ont survécu aux incendies et aux guerres qui ont secoué le Japon tout au long de la période du bakufu. La scénographie dans l’ancienne bibliothèque est très théâtrale, et l'atmosphère feutrée du lieu rappelle en un sens l’ambiance des temples japonais. Ces statues illustrent les différentes techniques de sculpture du bois et la virtuosité des artistes des périodes Heian et Kamakura.
Je suis absolument ravie de découvrir ces trois statues dans un aussi beau cadre. Bien qu’ayant été à Nara fin 2015, je n’avais pas eu l’occasion d’admirer les deux rois gardiens et encore moins le Jizo Bosatsu.
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