Nouvelle licence chez Soleil manga avec Marie la sorcière d’Azumi Kobayashi, une série de fantaisie humoristique avec une sorcière qui n’assume pas dans un environnement vraiment hostile.

MAJO NO MARRY WA MAJO JA NAI ©Azumi Kobayashi 2020 / MAG Garden

Marie est une gentille sorcière qui vit appréciée de tous dans son petit village. Hélas, en plein XVIe siècle au cœur du Saint Empire Germanique, elle doit cacher à tous sa véritable nature sous peine de finir au bûcher. La situation n’est déjà pas facile pour elle qui se promène régulièrement sur son balai, connait toutes les herbes médicinales, parle aux animaux et vit dans une cabane dans les bois. Les jours s’écoulent paisiblement jusqu’à ce qu’elle tombe dans la forêt sur un homme grièvement.  Ce dernier n’est autre qu’un chasseur de sorcières particulièrement fanatisé. Marie décide malgré tout de le sauver, ce qui entraine tout un tas de péripéties étrangement drôles.

MAJO NO MARRY WA MAJO JA NAI ©Azumi Kobayashi 2020 / MAG Garden

Sorcière malgré-elle

Marie est une vraie sorcière, elle utilise la magie, possède des grimoires, vole sur un balai, vit avec un corbeau bavard et sauve un chat noir un brin roublard. Dégoutée par la chasse aux sorcières, et après avoir échappé miraculeusement à l’inquisition une première fois, elle tente pourtant de vivre parmi les villageois comme si de rien n'était. Elle-même ne se considère d’ailleurs pas comme une sorcière puisqu’elle ne souhaite que venir en aide aux gens. Elle se voit juste comme une jeune (pas tant que ça) femme qui sait utiliser quelques pouvoirs. Cette différence entre la réalité des choses et sa propre perception est un des grands ressorts humoristiques. Les deux compagnons de Marie, Nacht le corbeau et Noiraud le chat noir, à la fois rivaux et complices apportent une certaine fraicheur.

MAJO NO MARRY WA MAJO JA NAI ©Azumi Kobayashi 2020 / MAG Garden

Les apparences

Si les villageois la perçoivent comme une jeune femme sympathique et serviable, elle doit se méfier de Gilbert Reuenthal, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qu’elle a sauvé en dépit du bon sens et qui a perçu la présence d’une sorcière malgré son amnésie. Le chevalier, particulièrement vindicatif et obtus sur tout ce qui touche aux sorcières, n’est pourtant pas capable de voir ce qui est sous son nez, que ce soit des brigands de grand chemin ou une sorcière délicate. Ce fanatisme qui confine à la bêtise lui fait tout mettre sur le dos des sorcières quand bien même la raison est toute autre et facilement explicable. Marie essaye de lui ouvrir les yeux tout en devant éviter d’être elle-même soupçonnée. Ce duo de choc forme le noyau de l’histoire et apporte tout son sel à l‘intrigue, d’autant que ce sujet très grave est abordé avec humour, là où le très réussi Couvent des Damnées donnait dans le drame et le sanglant.

Les graphismes sont tout à fait corrects sans donner dans le grand spectacle, et l’intrigue semble pour le moment grand public avec des historiettes cocasses et des joutes verbales bon enfant. Les décors sont particulièrement soignés quand les personnages sont relativement simples. Noiraud a un design assez sympa et Nacht est très bien fait pour le coup.

MAJO NO MARRY WA MAJO JA NAI ©Azumi Kobayashi 2020 / MAG Garden

Le premier tome de Marie la sorcière est une bonne surprise. Il propose, malgré pléthore d’histoires de sorcières, une intrigue étonnamment drôle et rafraichissante dans un contexte particulièrement dur de la Renaissance en Allemagne, époque la plus dure et cruelle pour les hommes et les femmes accusés de sorcellerie. Entre une bigoterie exacerbée, des croyances infondées et la peur permanente alimentées par les guerres et les vagues de peste, il ne faisait pas bon être marginalisé à l’époque. Il convient d’ailleurs de rappeler qu’en France, c’est sous Louis XIV et non au Moyen Âge que l’inquisition a brulé le plus grand nombre de femmes. Aux vues de la fin du tome, j’attends le second pour savoir si l’intrigue se poursuit sur la lancée humoristique et légère ou si des ombres vont venir noircir le tableau. J'ai particulièrement apprécié le personnage de Nacht ainsi que les nombreuses références à la pop culture qui ponctuent le récit et apportent des pointes d'humour inattendues. 

Série : Marie la Sorcière
Collection : Shojo
Dimensions : 13 x 18.3 x 1.5 cm
Nombre de pages : 192
Thèmes : Shôjo
Mots clés : Aventure, COMÉDIE, Drame, Fantastique

Retour à l'accueil