Netflix s’est lancée dans l’aventure Gundam pour le plus grand plaisir des fans, mais c’est avec un certain étonnement qu’est arrivé Mobile Suit Gundam : L’éclat de Hathaway film 1 sorti dans les salles de cinéma japonaises en 2020.

L’intrigue se déroule 12 ans après la défaite de Char Aznable face à la fédération terrestre. Le jeune Noa Hathaway a bien grandi depuis les événements du précédent film. Devenu calme et posé, il est cependant tiraillé entre ses convictions et ses nouvelles et troublantes rencontres. Fils de héros ayant lui-même eu quelques faits d’armes impressionnants dans sa jeunesse, il est aujourd’hui convaincu que le système est pourri par les élites et que le salut de la Terre ne passe que par l’émigration massive de tous les humains sans exception vers les colonies spatiales, le rapprochant de l’idéologie feu Char Aznable.  

Le lisse et calme Hathaway est devenu le chef emblématique, mais au visage inconnu du grand public et des autorités, de Mafty, une organisation qui prône le terrorisme pour faire passer son message. Mafty n’hésite pas à programmer l’assassinat de dirigeants de la fédération terrestre mais également la guérilla urbaine en gundam, et tant pis pour les dégâts collatéraux. Par ses idéaux, Mafty trouve un relai favorable dans les populations pauvres même si elles sont également concernées par la migration forcée prônée par l’organisation. Plusieurs groupuscules se revendiquent de Mafty de par le monde, à la plus grande surprise de Hathaway.

L’éclat d’Hathaway est donc le début d’un nouvel arc puisque deux autres light novel complètent son intrigue, mais également un pari osé pour la licence qui modernise ses fondamentaux.

Beau mais complexe

Suite directe de Char contre-attaque sorti en 1988, L’éclat de Hathaway est l’adaptation d’un light novel de Yoshiyuki Tomino datant de 1989. Un choix surprenant mais qui s’explique par une volonté de retourner aux sources de la saga Gundam et de reprendre la chronologie de l’Universal Century après un de ses plus fameux épisodes. Le suffixe film 1 indique pour sa part qu’il est le premier des trois films consacrés à Hathaway.

Ce dépoussiérage d’une intrigue datant de plus de trente ans de cette partie de la licence est rendu possible par le travail de Shukô Murase ayant déjà œuvré à l’animation de précédents titres Gundam dont le fameux Gundam Wing. Le design des personnages est très réussi et les environnements de la ville de Davao aux Philippines apportent une ambiance toute particulière au film entre hôtels du luxe et bidonvilles sur fond de mer bleu turquoise et de palmiers. Certains décors particulièrement fouillés semblent directement inspirés de photographies. Le combat de Mobiles Suites dans la ville est titanesque et intense. Pour le second combat de nuit, il est un peu sombre pour être aussi parfaitement lisible.

Cependant, dans ce premier film, ce ne sont pas les combats qui occupent le devant de la scène mais les relations étranges entre Hathaway, Gigi Andalucia et le sémillant colonel Sleg. Hathaway et Sleg ont une forme de sympathie virile l’un envers l’autre qui tourne régulièrement à la rivalité autour de Gigi dans des termes assez crus. De son côté, Gigi a un côté mystérieux et très cérébral, le genre de personnage qui en sait beaucoup mais ne distille que peu ses informations. Cependant, ce n’est absolument pas une combattante. Elle est cependant très consciente de son pouvoir de fascination sur les hommes et n‘hésite pas à en jouer. Toutefois son véritable but demeure un mystère et elle passe finalement au second plan. Les personnages secondaires sont relativement variés, surtout du côté de Mafty. Ils ont une confiance absolue dans leur chef et semblent avoir un certain bagage militaire malgré leur jeune âge. 

Principalement basé sur les relations entre les personnages, ce premier film sur l’arc Hathaway tranche radicalement avec le reste de la licence. Cependant, sans aucun effort de contextualisation ou d’explications, il est difficile pour un nouveau venu dans l’univers de Mobile Suite Gundam (MSG) d’en saisir tous les enjeux et références, ce qui est bien dommage d’autant que la version Netflix se trouve être légèrement différente de la VO japonaise sortie au cinéma. Aussi, certains éléments peuvent devenir davantage confus dans les sous–titres ou la VF. Gageons que les prochains films MSG : L’éclat de Hathaway apporteront leur lot de révélations et de rebondissements car beaucoup d’éléments restent pour le moment nébuleux.

Titre original : Senkô no Hathaway

Réalisateur : Shukou Murase

Producteur/production : Sunrise

Diffuseur : Netflix

Durée : 96 minutes

Date de sortie : 1 juillet 2021

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