Le Sommet des dieux : une adaptation qui atteint des sommets
17 déc. 2021Véritable surprise de la rentrée, Le Sommet des dieux, réalisé par Patrick Imbert (Le Grand méchant renard) d'après le manga éponyme de Jirô Taniguchi lui-même adapté du roman de Baku Yumemakura, transporte les spectateurs sur les cimes du plaisir.
Fukamachi Makoto, un journaliste reporter de l'extrême, retrouve par hasard au Népal la piste d'un alpiniste disparu depuis 8 ans qui détiendrait un appareil photo ayant appartenu à Malory, un alpiniste anglais disparu a plus de 8000 m d'altitude alors qu'il tentait de rejoindre le sommet de l'Everest en 1924.
Makoto se passionne pour ce double mystère et commence une enquête de longue haleine sur la piste d'Habu Jôji, l'alpiniste fantôme disparu depuis 8 ans. Il remonte peu à peu le fil de la vie, des exploits et des échecs d’Habu, mettant en lumière sa personnalité.
Une enquête méticuleuse
Celui-ci, ombrageux et solitaire, est un véritable génie de l'alpinisme mais, sans attache, il a laissé peu de traces. Makoto fouille les archives et retrouve les personnes qui l'ont côtoyé. Cette histoire l'obsède, si bien que son rédacteur en chef s’en inquiète. Seulement, Makoto le sent dans ses tripes, non seulement le cas d'Habu est spécial en soi, mais il est peut-être la clé de l'un des plus vieux mystères de la conquête de l'Everest, un véritable scoop.
Le toit du monde
Rarement la passion et les dangers de l'alpinisme ont été aussi bien représentés. Cette course irrépressible des alpinistes grisés par la conquête d'un sommet, d'une face particulièrement technique ou sous un climat particulier, la volonté d’être le premier, se dépasser sans cesse, aller plus haut, plus vite, se sentir vivant, chasser ses démons, accomplir le rêve d'une vie quoi qu'il en coûte et après... L'ascension de l'Everest est un combat aussi physique que mental contre la montagne, contre les concurrents mais aussi et surtout contre soi-même.
Techniquement abouti, le film navigue entre 2D et 3D. Les décors sont somptueux, rappelant parfois les peintures des artistes américains du XIXe siècle. La qualité de l'animation est au rendez-vous, mais on n’en attendait moins des équipes à l’œuvre.
Patrick Imbert, après le très sympathique Le Grand Méchant Renard, propose un film mature d'une très grande qualité. On regrette de ne pas l'avoir vu sélectionné au festival d'Annecy où la reconnaissance aurait été complète et amplement méritée. Le Sommet des dieux, par sa thématique complexe et sombre, n'est absolument pas un film pour enfant. Mais par son côté très humain et sa rugosité, il offre à ses spectateurs ravis un récit d'une rare intensité.