Ex-Arm, diffusé en exclusivité sur Crunchyroll depuis le 10 janvier 2021, est à la fois une surprise et une déception pour les fans du manga original et de l’animation en général.

2014, Natsume Akira, un adolescent ordinaire peu à l’aise avec l'informatique, meurt subitement dans un accident, percuté par un camion. 16 ans plus tard, en 2030, le monde a bien changé. La policière Minami Uezono et sa coéquipière androïde Alma récupèrent et activent une super-arme nommée EX-ARM qui s'avère être le cerveau préservé d'Akira ! Quelque peu déboussolé au début, il se rend rapidement compte que, lorsqu'il transfère sa conscience dans un androïde, il dispose alors de capacités surhumaines et d’un don tout particulier pour le piratage. Akira est alors contraint de coopérer avec la division spéciale de la police gérant la criminalité des androïdes pour pouvoir retrouver ses souvenirs ainsi que son corps.

Une adaptation de manga…

Ex-Arm est donc l’adaptation en 12 épisodes du manga cyberpunk EX-ARM (Delcourt/Tonkam) scénarisé par HiRocK et dessiné par Komi Shinya, qui compte 14 tomes dans la version japonaise. Dès à présent, on sent que l’histoire va perdre beaucoup en informations et en développement…
L’on y suit l’enquête sur les étranges Ex-Arm, des armes surpuissantes d’origine inconnue ayant causé la destruction de Tokyo plusieurs années auparavant. L’intrigue est ponctuée de nombreuses scènes de combats face à des organisations terroristes qui utilisent et vendent des Ex-Arm. Les costumes audacieux d’Alma et certaines scènes avec Minami confèrent un petit côté ecchi au titre. Les couvertures des mangas et certains robots font également penser à Ghost in the Shell, sans en atteindre la profondeur philosophique toutefois.

...calamiteuse

Si le manga possède de nombreux atouts, à commencer par des graphismes de grande qualité, de nombreux personnages, dont un duo d’enquêtrices déjà présentes dans Ex-Vita (Tonkam), sorte de préquelle en deux tomes de Komi Shinya, ainsi qu’une histoire plus sombre et riche, l’adaptation n’est clairement pas à la hauteur. Le scénario est respecté dans les grandes lignes et le doublage japonais très correct, mais c’est à peu près tout. Dès les premières minutes de visionnage le doute saisit le spectateur “de quelle année date cet anime ?” En effet, l’animation est proprement calamiteuse, à peine digne d’une cinématique de playstation 1, avec des personnages raides, des animations faciales inexistantes, des mouvements de caméra étranges lors des combats, des effets visuels mal maîtrisés et un brouillard quasi permanent qui ressemble à un cache misère. Le mélange 2D/3D n’est pas satisfaisant et les décors 3D sont indigents alors que les robots non humanoïdes sont plutôt réussis. Au contraire, les éléments 2D comme les personnages secondaires sont tout à fait convenables et relèvent quelque peu le niveau.

Une erreur de casting ?

La faute en revient à un staff plus habitué aux prises de vues réelles qu’à l’animation ainsi qu'au producteur Crunchyroll qui n’a pas redressé la barre devant le fiasco annoncé dès la diffusion du premier teaser.
Selon le réalisateur Yoshikatsu Kimura, afin de rendre un résultat plus proche de la réalité en termes de mouvements et de combats, la motion capture a été utilisée. Il promettait également un spectacle encore jamais vu… c’est le cas mais pas dans le bon sens du terme.
Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants des choix opérés pour cette adaptation, il est intéressant de lire l’article en anglais “Why does the Crunchyroll original serie Ex-Arm look so awful” sur Anime News Network.

Du visionnage de Ex-Arm, il ne reste qu’une sensation de gâchis d’un manga plein de potentiel en une soupe visuellement infâme et nauséeuse. Pour condenser 14 tomes en 12 épisodes il a fallu faire des choix, et c’est le développement des personnages ainsi que les transitions qui en pâtissent. Certains parviendront au bout des 12 épisodes en s’accrochant à l’histoire, mais honnêtement, lisez plutôt le manga (12 tomes VF/14 tomes VO série terminée).
Pour ma part, ayant lu Ex-Vita, que j’avais trouvé distrayant, j'ai été attirée par l’affiche et le synopsis. J’ai cependant eu beaucoup de mal à faire abstraction des nombreux défauts visuels et je n’ai finalement pas profité de l’histoire qui s’avère en définitive assez creuse par rapport à ce qu’il était possible de faire.

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