La morosité et l'incertitude de l'année écoulée ne doivent pas nous faire oublier le plaisir de la découverte culturelle et les nourritures de l'esprit. Aussi, en attendant la réouverture des établissements culturels, il n'est pas interdit de rêver devant les belles programmations que nous proposent les institutions culturelles et les festivals. 

Aujourd'hui, je vous propose donc de nous intéresser aux musées de la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen Normandie. 

Quand la Normandie était romaine - Briga, une ville retrouvée au Musée des Antiquités de Rouen du 7 janvier au 16 mai 2021*

*sous réserve bien entendu de l’amélioration des conditions sanitaires, conformément aux directives gouvernementales.

Le Musée des Antiquités de Rouen propose une nouvelle exposition autour de Briga, une ancienne ville antique normande. L’exposition « Quand la Normandie était romaine. Briga, une ville retrouvée » présentera vestiges, archives, décors peints et photographies témoignant de cet imposant site archéologique qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets.

Avec les sites de Lillebonne, du Vieil-Évreux et de Vieux-la-Romaine, la Normandie se classe parmi les plus riches territoires en vestiges gallo-romains du nord de la France. Dans la forêt d’Eu, des fouilles sont menées depuis 2006 par le service régional de l’archéologie. Leur objet ? Une ancienne ville antique : Briga.

Depuis sa redécouverte à la fin du XVIIIe siècle, le site antique de Bois-l’Abbé (Eu, Seine-Maritime) n’a cessé de passionner curieux, érudits et chercheurs, qui l’ont exploré du XIXe siècle à l’aube du XXIe siècle. Deux monuments ont particulièrement concentré leur attention : un grand temple et un théâtre. À partir de 2006, une fouille programmée, menée par Étienne Mantel (DRAC Normandie) et Stéphane Dubois (INRAP), a porté sur le complexe monumental ouest, puis sur ses environs. 

Cette exposition s’appuie sur les deux dernières décennies de recherches pour donner à voir Briga. Elle retrace notamment la redécouverte des premiers vestiges par Louis Estancelin, érudit eudois, en 1820-1821, puis par l’abbé Cochet, père de l’archéologie en Seine-Inférieure, en 1872. Elle fait revivre la ville oubliée de ses origines protohistoriques jusqu’à son déclin dans le dernier quart du IIIe siècle, puis son abandon vers le milieu du IVe siècle. Vestiges de décors sculptés ou peints et objets de la vie quotidienne constituent de véritables curiosités.

Retrouvez ici mon article traitant de cette exposition très réussie. 

SALAMMBÔ, FUREUR ! PASSION ! ÉLÉPHANTS ! au Musée des Beaux-Arts de Rouen du 23 avril au 19 septembre 2021*

*sous réserve bien entendu de l’amélioration des conditions sanitaires, conformément aux directives gouvernementales.

2021 marque le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821- 1880). L’occasion pour la RMM de déployer un vaste programme de célébrations ! Du 23 avril au 19 septembre, le Musée des Beaux-Arts de Rouen présente Salammbô, une exposition inspirée du roman éponyme paru en 1862. Fureur, passion, désir, trahisons et… éléphants traversent cette géniale épopée qui nous fait voyager en terre punique trois siècles avant J.-C.

Pour mener à bien cet ambitieux projet, le musée des Beaux-Arts a choisi de s’associer au Mucem à Marseille qui accueillera l’exposition à l’automne 2021, mais aussi à l’Institut national du patrimoine de Tunisie qui a permis le prêt de chefs-d’œuvre archéologiques émanant du site de Carthage. Le Musée national du Bardo accueillera enfin l’exposition, marquant le retour de Flaubert en Tunisie au printemps-été 2022.

Retrouver la présentation de l'exposition Salammbô en attendant avec impatience de la découvrir en vrai !

Il y a un loup à la Fabrique des Savoirs - Elbeuf de Juin à Octobre 2021*

*sous réserve bien entendu de l’amélioration des conditions sanitaires, conformément aux directives gouvernementales.

Le loup n’en finit pas d’habiter les imaginaires. En croisant la biologie, la paléontologie, l’histoire, la littérature, l’art, les contes et légendes ou encore la mythologie, cette exposition en élabore un portrait émancipé des a priori.

Cet animal qui a hanté les récits de notre enfance s’est lentement effacé de nos paysages européens. Sociable pourtant, ce canidé vit en meute très hiérarchisée. À sa tête, une femelle et un mâle alpha, les seuls du groupe à se reproduire, et puis, un mâle béta endossant le rôle de gardien pour les louveteaux. Aujourd’hui, le loup tend à revenir parmi nous et sa coexistence avec l’homme est l’enjeu de nombreux débats entre ses détracteurs et ses protecteurs. Grognements en perspective…

J'apprécie beaucoup ce type d'exposition qui place en regard biologie et culture. Il y a quelques années, j'avais adoré l'exposition Ours au Museum National d'Histoire Naturelle !

La Ronde #5 dans les Musées de la RMM du 11 juin au 19 septembre 2021*

*sous réserve bien entendu de l’amélioration des conditions sanitaires, conformément aux directives gouvernementales.

La Ronde, rendez-vous annuel pour l’art contemporain dans les musées, revient du 11 juin au 19 septembre pour une 5e édition pleine de nouveautés ! La Ronde se tiendra désormais l’été, de sorte que les installations seront visibles pendant trois longs mois dans les musées et leurs jardins ! Elle n’est pas belle, la vie ?

Pour cette édition, la RMM s’est associée avec la Saison Africa 2020 afin de proposer un parcours inédit : Promenades dans la clairière d’Eza Boto. Dans le troisième volet de ce chapitre des Promenades, conçu pour le musée des Beaux-Arts de Rouen, le directeur artistique Yves Chatap invite John Akomfrah, Malala Andrialavidrazana et Ndary Lo à imaginer des réalités dans lesquelles l’espace-temps devient le lieu de dévoilement de la complexité de nos identités.

2021 marquera également l’agrandissement de la RMM, avec trois nouveaux musées qui constitueront son pôle littéraire autour de Corneille et de Flaubert

Au 1er janvier 2021 la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie passe de 8 à 11 musées. La maison natale de Pierre Corneille, près de la place du Vieux-Marché à Rouen, le Pavillon Flaubert à Croisset-Canteleu et le musée Flaubert et d’Histoire de la médecine, rue de Lecat à Rouen, vont ainsi constituer, avec le musée Pierre Corneille de Petit-Couronne (au sein de la RMM depuis 2016), son pôle de mémoire littéraire.

Avec l’intégration de ces trois musées au sein de la Réunion des Musées Métropolitains, le moment est venu de penser le temps long de ces musées littéraires afin de renforcer l’identité littéraire de Rouen et de son agglomération, et de s’inscrire ainsi résolument dans la perspective de la candidature de Rouen au titre de Capitale Européenne de la Culture en 2028.

La maison natale de Pierre Corneille à Rouen

C’est dans cette maison située au cœur de Rouen qu’est né, le 6 juin 1606, Pierre Corneille. Il y vécut près d’un demi-siècle. Acquise par son grand-père en 1584, cette maison familiale se composait de deux logis contigus dont les deux frères, Pierre et Thomas, héritèrent à la mort de leur père en 1639. Le jardin intérieur et la « grande maison » ont aujourd’hui disparu. Pierre Corneille revendit, quelques mois avant son décès à Paris en 1683, la « petite maison » que le public est invité à visiter aujourd’hui.

L’intégration de ce nouveau lieu de mémoire à la RMM vient former, avec la "Maison des Champs de Pierre Corneille" située à Petit-Couronne (qui avait rejoint la RMM en 2016) un duo de maisons d'écrivain célébrant le célèbre auteur du Cid.

Je me souviens très bien avoir visité il y a plusieurs années ce ravissant musée qui vaut principalement pour son ambiance ancienne. Le bureau (sur la photographie) est la pièce la plus impressionnante et je me souviens y avoir appris que Charlotte Corday était une descendante de la famille de Corneille. 

Le Pavillon de Flaubert à Croisset

Situé sur les rives de la Seine, ce Pavillon est tout ce qui subsiste de la propriété datant du XVIIe siècle où a vécu Gustave Flaubert depuis l'été 1844 (alors âgé de 23 ans), quand la famille s’installe définitivement  dans ce  qui était jusqu'alors leur maison de campagne. À la mort de son père, en 1846, Gustave Flaubert choisit d’y demeurer avec sa mère et sa nièce, la jeune Caroline. C’est ici, à l’écart de Rouen, qu’il écrit Madame Bovary, Salammbô*, L’Éducation sentimentale, Bouvard et Pécuchet… Il y reçoit des amis proches, comme par exemple Louis Bouilhet, auxquels il lit ses œuvres. Des écrivains fréquentés à Paris y séjournent, à l’image de Maxime Du Camp, des frères Goncourt, de George Sand ou d’Ivan Tourgueniev. Au décès de sa mère en 1872, la propriété revient à sa petite-fille, Caroline, à la condition expresse que Flaubert puisse continuer à y vivre. Flaubert meurt à Croisset le 8 mai 1880, alors qu’il travaille sur Bouvard et Pécuchet. La maison principale sera vendue en 1882, avant d’être détruite.

Le Pavillon est racheté puis donné en 1906 à la Ville de Rouen et transformé en musée. Il renferme aujourd’hui quelques souvenirs intimes liés à l’écrivain. Il fait actuellement l’objet de travaux qui seront poursuivis début 2021 avant de pouvoir être rouvert au public.

Je ne connais pas ce lieu, aussi je suis très curieuse de le découvrir quand ce sera possible. 

Le musée Flaubert et d’Histoire de la médecine, rue de Lecat à Rouen

Créé en 1901 par des médecins et des pharmaciens, sa vocation initiale est celle d’un musée historique destiné aux étudiants et au corps médical. Il s’installe d’ailleurs dans la bibliothèque de l’École de médecine – un bâtiment du site Beauvoisine. Ses collections s'enrichissant de nombreux dons et achats, elles se voient dans l'obligation d'être transférées à l’Hôtel-Dieu vers 1910. Ce n’est qu’en 1947 que le musée, passé sous l’égide des hôpitaux de Rouen, s’installe dans la maison même des Flaubert à Rouen et devient le "musée Flaubert et d’Histoire de la médecine".

Le musée présente, réparties dans onze salles,  des collections d'une très grande variété, dont un ensemble de portraits de famille, des lettres autographes, des éditions rares ou illustrées (dont un exemplaire de Salammbô dédicacé à l’avocat rouennais Jules Senard, qui défendit Gustave Flaubert lors du procès intenté alors au jeune romancier pour Madame Bovary)... et également de véritables curiosités parmi lesquelles un lit de malades à six places, un perchoir à sangsues, un mannequin d'accouchement du XVIIIe siècle,... qui raviront petits et grands.

Il y a toujours, à mon sens, quelque chose de fascinant à découvrir des musées des sciences, surtout quand ils présentent des pièces anciennes. Ils sont la parfaite illustration du génie dont peut faire preuve l'Humanité quand il s'agit de faire avancer les connaissances, de perser les mystères de la Nature et dans le meilleur des cas, faire avancer la médecine et la civilisation. 

J'espère que cette présentation de la riche saison culturelle rouanaise vous aura donné envie de (re)visiter la ville qui a beaucoup à offrir. Je prépare pour très bientôt un guide de visite de la ville car vous pouvez y passer facilement quatre à cinq jours sans vous ennuyer !

Retour à l'accueil