La collection Life des éditions Kana accueille Chacun Ses Goûts de Machita, une nouvelle série feel good sur l’amitié et les bienfaits de la cuisine.

Haru est une jeune femme solitaire qui consacre tout son temps à sa passion pour les jeux vidéo et leurs produits dérivés. Un soir de déprime elle rencontre Ao, une splendide jeune femme (qui est en réalité un splendide jeune homme) qui s’épanouit dans les relations avec les autres. Les deux comparses s’entendent très bien et décident sur un coup de tête d'emménager ensemble. Mais le lendemain matin, Haru commence à douter, Ao parvient à la rassurer quelque peu et propose une règle de colocation pour le moins originale puisque chacun cuisinera pour l’autre à tour de rôle.

Acceptation

Il est intéressant de voir un ouvrage présentant deux personnes relativement marginales dans la société japonaise, mais qui s’acceptent parfaitement. Haru est une jeune femme otaku, ce qui n’est pas forcement bien vu, et qui aura bientôt dépassé la “date optimale de mariage” ce qui pourrait lui causer du souci à cause de la pression sociale. Pourtant, elle est ravie de pouvoir vivre tranquillement sa passion et se fiche plus ou moins du regard des autres.
Ao est un jeune infirmier qui, s’il ne nie pas sa condition d’homme, préfère les activités et vêtements dit féminins, montrant que finalement ce ne sont pas nos vêtements, nos loisirs ou notre métier qui définissent si l’on est un homme ou une femme. Lui aussi subit des pressions sociales pour se trouver une épouse, ce qui ne l’intéresse pas particulièrement.
Haru et Ao sont donc deux personnages moralement assez forts puisqu’ils parviennent à trouver leur équilibre face à une société très normative et à résister à la pression sociale en vivant comme ils l’entendent. Haru et Ao sont d'ailleurs très tolérants l’un envers l’autre sur leur mode de vie, sauf pour la question du ménage.

Une nouvelle vie

Haru expérimente pour la première fois de sa vie la colocation. Si cela lui permet d’un côté d’économiser une partie du loyer pour le consacrer à sa passion, elle est dans un premier temps inquiète de voir son quotidien perturbé par ce nouvel arrivant et de quitter son douillet cocon de solitude.
Pour Ao, la question économique est également importante car, ayant adopté un chat, il devait trouver un nouveau logement rapidement. Ao exprime également quelques inquiétudes face au côté désordonné de Haru. Aussi mettent-ils rapidement en place des règles de colocation dont la plus surprenante est de devoir cuisiner un bentô pour l’autre à tour de rôle. Ao est un fin cuisinier qui parvient à redonner à Haru le plaisir de manger des petits plats maison. De son côté Haru, comprenant le plaisir de cuisiner un plat préparé avec affection, commence à s’ouvrir et à montrer de l’empathie en cherchant ce qui pourrait plaire à Ao. Si elle n’a pas son niveau en cuisine, ses efforts font plaisir à voir.

A la fin de chaque chapitre, l’autrice propose une recette simple typiquement japonaise (riz au saumon et edamame, œufs durs marinés, etc.) idéale pour un bentô ou pour entraîner un ou une cuisinier/cuisinière débutant(e).

Les graphismes sont plutôt mignons et se rapprochent de la production shojo. Les personnages sont très expressifs et les bentô sont particulièrement détaillés.

Ce premier tome de Chacun Ses Goûts est mignon et très positif. L’autrice ne porte aucun jugement sur ses personnages et les montre bien dans leur peau malgré les remarques récurrentes de leur entourage ou de parfaits inconnus. L’on y voit aussi comment la cuisine et les petites attentions portées à l’autre permettent d’embellir le quotidien. C’est une jolie leçon pour les lecteurs, même assez jeunes.

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