Réalisée par le studio Wit Studio également à l’origine du formidable Attaque des Titans, Kabaneri of the Iron fortress est une série animée japonaise d’action en 12 épisodes, à mi-chemin entre Dernier train pour Busan et, justement, Attaque des Titans. 

En pleine révolution industrielle dans un Japon encore féodal mais steampunk, la population a été ravagée par une épidémie étrange et terrifiante qui transforme les humains en morts-vivants (kabane) particulièrement agressifs. Pour survivre, les humains restants se sont réfugiés dans de grandes forteresses reliées entre elles par des trains blindés lourdements armés :les Hayajiro. 

Ikoma est un jeune mécanicien dont le but est de concevoir une arme capable de terrasser les kabane. Il est sur le point de réussir lorsque sa ville est percutée par un hayajiro infesté de kabane. Pour survivre, une seule solution, courir vers l’autre hayajiro toujours en état de marche : le Koutetsujou. 

Fuir ou se battre

Alors qu’il est presque impossible d’abattre les kabane à cause de la structure en métal qui entoure leur cœur, et qu’une simple morsure infecte la victime en quelques minutes, la transformant à son tour en kabane meurtrier, les humains se sont résignés à vivre cloîtrés dans des cités fortifiées, hantés par la peur que les kabane entrent d’une manière ou d’une autre. Les cités, dirigées par les bushi, la classe guerrière du Japon féodal, sont reliées entre elles par des trains blindés transportant marchandises et parfois passagers. 
Lorsqu’une ville est attaquée, les bushi, dont les armes sont relativement peu précises et efficaces, sont censés contenir les cabane le temps que la population se réfugie dans le hayajiro de la station. Les bushi doivent ensuite assurer la sécurité du train contre les attaques extérieures. 

Ikoma,qui a dû fuir une autre station tombée aux mains des kabane et qui y a perdu sa mère et sa sœur, hait ces mort-vivants du plus profond de son être. Pour lui, rien ne sert de fuir, il faut les combattre et regagner les cités perdues. Pour ce faire, il consacre chaque instant libre à la conception d’une arme plus performante, pouvant traverser la structure métallique du cœur des kabane. Alors qu’il est sur le point de réussir, la station est envahie et lui-même mordu. Au prix d’une volonté inébranlable et d’une grande douleur, il parvient à contenir l’infection. Il devient alors un kabaneri : un être hybride doté d’une force, d’une endurance et d’une capacité de régénération supérieures, mais qui porte en lui le virus kabane et ses dangers. Dévasté par sa nouvelle condition, il se dresse contre les kabane et permet au Koutetsujou de quitter la cité perdue et de traverser des contrées hostiles. 

Être humain

Outre les nombreuses scènes d’action, la série, qui est un projet original du studio, pose la question de l’humain, nous montrant dans un premier temps des hommes à la limite de la paranoïa devenus brutaux et insensibles. L’on voit le côté versatile des passagers du train qui vont saluer le courage de Mumei et d’Ikoma, avant de se retourner contre eux l’instant suivant au prétexte qu’ils ne sont plus humains. Peu à peu, certains compagnons de voyage reconnaissent l’implication des deux kabaneri et leur témoignent de l’attention et de la confiance, voire de la gentillesse. 
L’on voit combien la peur a vicié les âmes, même au plus haut sommet de l’état, entraînant des tragédies et des pertes inestimables. 

Ikoma, dont le sens de la justice est très développé mais pas forcément l’habileté au combat dans les premiers épisodes, est le reflet inversé de Mumei. La très jeune fille, également kabaneri, est une combattante très expérimentée mais totalement détachée du sort de ses semblables. Totalement endoctrinée, il est normal pour elle que les forts vivent et les faibles périssent. Si Ikoma l’exaspère dans un premier temps, elle finit par comprendre peu à peu son point de vue et à se rapprocher des autres passagers. Ayame est le troisième personnage principal de l’intrigue. Cette jeune fille noble, très altruiste, s’avère indécise au premier abord, passant pour une potiche. Pourtant, face à la situation, elle est bien obligée de s’affirmer et s’avère finalement courageuse et bienveillante, représentant une lueur d’espoir pour son peuple exilé.

Il est à noter que quand une personne est mordue par un kabane, il est d’usage qu’elle se suicide avant sa transformation. Cela lui permet de mourir en humain, mais également d’éviter l'apparition d’un nouveau kabane, potentiellement dangereux pour sa famille et la communauté. 

Si les premiers épisodes sont tout simplement magnifiques tant au niveau des personnages que des décors ou des scènes d’action, à partir de la moitié de la série, les contours se font moins nets et les colorisations moins précises sans parler des décors plus pauvres… Heureusement, à ce stade le spectateur est déjà bien accroché à l’intrigue.

Du côté de la musique, l'opening est signé EGOIST (comme pour les ending de Psycho-Pass). Le thème a été composé spécialement pour la série et s’intitule sans surprise KABANERI OF THE IRON FORTRESS. Il est vigoureux et plein d'envolées vocales. Pour l’ending intitulé Ninelie, il est interprété par Aimer et Chelly. Il vaut principalement pour les magnifiques illustrations qui l’accompagnent. 

Kabaneri of the Iron fortress est une série plaisante qui débute sur les chapeaux-de-roues avec un joli potentiel. La série est prenante, en grande partie grâce à Mumei aussi bien dans les combats que dans la tension morale qui l’anime. Ikoma est assez transparent tant sa morale est inflexible, mais il a le mérite de faire réfléchir ses compagnons de voyage et d’être un mécanicien plus que compétant. C’est également un homme qui va au bout de ses convictions et qui fait tout pour tenir ses promesses, même au dépend de sa propre sécurité.  Une partie des personnages secondaires sont assez convenus mais jouent leur rôle à la perfection. Oscillant entre combats et scènes de survie quotidienne, la série aurait gagné à être un peu plus longue de quelques épisodes. Beaucoup de questions restent en suspens et les personnages tireraient avantage à être un peu plus approfondis. Deux films résument cette série en incluant des scènes inédites et un troisième propose une suite aux aventures des habitants de la forteresse roulante. Je vous en parlerai prochainement car, malgré ses petits défauts, j’ai bien accroché à cette mini-série. 

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