Depuis la moitié du XVIIIe siècle, Banska Stiavnica est la plus grande et influente ville du royaume de Hongrie. L’exploitation de ses ressources minières a permis à la ville de s'enrichir et de se constituer un centre historique dense et bien conservé, la classant au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. La ville regorge d’autres trésors que je vais vous dévoiler dans cet article. Mon dernier article était un peu plus ‘scientifique’, aujourd’hui je vais vous parler de certains autres trésors de la ville, et particulièrement, en deuxième partie, de l’un d’entre eux qui me tient vraiment à cœur.

Eglise Sainte-Catherine, 2010

La Slovaquie est un pays majoritairement catholique, on y recense de nombreuses églises. Banska Stiavnica n’échappe pas à la règle. Les principaux lieux de culte dans le centre historique sont l’église Sainte-Catherine et l’église de l’Assomption de la Vierge Marie (Farsky Kostol). Cette dernière possède une façade classique. Bâtie par l’ordre dominicain au début du XVIIIe siècle, elle a été reconstruite de nombreuses fois, mais c’est l’église la plus ancienne. En effet, les fouilles archéologiques ont confirmé la présence d'un monastère bénédictin attenant à l'église, dont on ne peut voir que les ruines maintenant. L'église Sainte-Catherine, quant à elle, consacrée en 1500, est de style gothique, avec des détails sur le portail et sur les montants en pierre. A l'intérieur, parmi les statues préservées se trouvent des statues en bois du Christ crucifié et de la Madone avec Jésus.

L’Eglise évangélique,2013

On peut découvrir de belles surprises lorsque l’on se promène dans la ville, notamment une synagogue et une église évangélique. Cette dernière a été construite à la fin du XVIIIe siècle. Derrière une façade classique, l’intérieur est elliptique et la nef de l’église est surmontée d’une coupole. La synagogue, longtemps délaissée à cause de l’antisémitisme et de la déportation d’un grand nombre des membres de la communauté juive pendant la seconde Guerre Mondiale, mais préservée dans son apparence initiale, a été restaurée il y a quelques années. L’installation des juifs en Slovaquie n’a pas été facile car depuis le XVIe siècle, les lois limitaient leurs activités économiques et interdisaient leur installation dans les villes minières. Mais elles ont été assouplies à la fin du XIXe siècle, ce qui a permis la construction de la synagogue à Banska Stiavnica en 1892. A l’époque, ce n’était pas une chose facile de trouver de la place dans le centre historique, c’est pourquoi la maison a été construite sur une ancienne maison renaissance. 

Le cimetière juif vaut également le détour. Situé non loin du Vieux-Château, l'entrée a été construite dans un style oriental, avec une coupole récemment restaurée. Cinq cents juifs de la ville furent déportés, et seulement cinq d’entre eux survécurent. D’autres cimetières sont également intéressants. 

Le soir de la Toussaint, des centaines de tombes, dans les différents cimetières de la ville, sont illuminées par des bougies pour rendre hommage aux personnes disparues. C’est un joli moment de recueillement et c’est très beau à observer lorsque l’on prend le temps de faire une petite promenade nocturne!

Site de Kalvaria, 2011

Ces trésors se situent dans le centre historique de Banska Stiavnica, mais si on s’éloigne de seulement quelques kilomètres, on se retrouve face à un site incontournable à visiter : Le Mont Calvaire (Kalvaria en Slovaque). En 1993, le Mont Calvaire a été inscrit par l'UNESCO sur la liste du Patrimoine Mondial avec la ville historique de Banská Štiavnica et les monuments techniques qui se trouvent à proximité de la ville. 

Une des chapelles de Kalvaria, 2011

Le calvaire a été construit au sommet du Mont Scharfenberg, un ancien volcan, entre 1744 et 1751. Vers la fin du XVIIIe siècle, la ville connaît une "période d'or" du point de vue artistique et intellectuel. Le prêtre de la ville, Franz Perger, lança un appel à la générosité des habitants afin de construire le Mont Calvaire. L’appel fut suivi : la construction commença en 1744. Il s’agit d’un lieu de pèlerinage composé de vingt-quatre stations (chapelles) disposées symétriquement et de 3 églises de style baroque. Chaque chapelle possédait un panneau en bois sculpté en haut relief décrivant une scène du calvaire de Jésus (dans les chapelles de la partie gauche du calvaire, soit en montant vers l’église haute) et des scènes de la vie de la Vierge Marie (dans celles de la partie gauche du site, en descendant du calvaire). A chaque station, le pèlerin devait s’arrêter pour prier, mais également pour comprendre la vie de Jésus. A cette époque sans télévision, les représentations permettaient de s’instruire sur la vie religieuse, c’était un moyen pour transmettre un message aux fidèles. Quand on arrive au sommet du volcan, on trouve l’église haute qui contenait des statues de la crucifixion. Elle possède deux tours et est composée d'une nef en ellipse flanquée de tours prismatiques. Les auteurs de la plupart des décorations internes sont le peintre Anton Schmidt et l'atelier du sculpteur Dionys Stanetti. Les panneaux en bois sculpté ont été restaurés et constituent maintenant l’exposition ‘Kalvary na Asylum’ présentée dans le Vieux-Château. Un point important à souligner, la vue depuis le sommet est impressionnante : on y voit le centre historique. Depuis l'église située sur le haut du volcan, l’on dispose d’ une magnifique vue sur la ville et les collines environnantes.

Exposition sur Kalvaria dans l’église basse, 2013

Beaucoup de statues ont malheureusement été volées car le site, très bien entretenu et très visité avant le communisme, a connu pendant cette période un déclin des visites et a été abandonné. Ce manque d’entretien l’a presque mené à la ruine. Ce n’est que par la détermination d’un groupe de personnes que ce site est maintenant en cours de restauration. L’association Kalvarsky Fund agit depuis de nombreuses années pour sa préservation et sa mise en valeur. Grâce aux différentes actions de l’association, le site Kalvaria a été inscrit sur la liste des monuments en danger en 2008, pour éveiller les consciences, prendre soin de ce patrimoine et pour s’impliquer dans sa préservation. Depuis 2008, les rénovations ont été entreprises progressivement. De plus, l’association protège, fait la promotion du site, recherche des partenaires. Son renouveau tient bien sûr aux artistes et artisans présents pour rénover chapelles et églises, tout cela sous le contrôle d’architectes et d’historiens, beaucoup de personnes spécialisées donc. Mais si le site revit, c’est aussi grâce à l’aide de nombreux bénévoles internationaux au cours des années. Leur participation est essentielle et contribue à la revitalisation de ce site. Chaque année, beaucoup de bénévoles débordant d’énergie viennent (la plupart du temps pour deux semaines) ils aident à entretenir le site comme par exemple à couper la végétation foisonnante, faire du ménage, refaire les chemins. Des volontaires viennent également à plus long terme, de quelques mois à un an, grâce à un programme de volontariat SVE (Service Volontaire européen).

Mes collègues SVE et moi, photo de l’association, en 2011

J’ai été volontaire SVE, je suis restée une année et j’ai participé à la valorisation de ce magnifique site. J’accueillais les touristes dans l’église haute et les renseignais sur la fonction du site, son histoire et sur l’association. Cela a été une expérience très enrichissante et très belle. Ce qui m’a étonnée lors de mon année passée dans ce lieu, c’est l’énergie débordante et la détermination dont font preuve des membres de l’association, cela leur tient vraiment à cœur de faire revivre ce magnifique patrimoine. Les rénovations se font en plusieurs phases. J’y suis retournée plusieurs fois et j’ai pu constater leur évolution. Cela fait plaisir de voir toutes les restaurations et évolutions du site, voir l’avancée des travaux et les améliorations, une grande partie du site est dorénavant rénovée. Une exposition dans l'église basse retrace l'histoire de la ville et du site. Les chapelles (24 environs) peuvent être adoptées, ce qui permet de financer les restaurations du site. De grands groupes ainsi que quelques grandes familles aisées tels des docteurs ou des pharmaciens financent ainsi les reconstructions. Ceci est assez amusant sachant que, dans le passé, lors de la construction du site, ce sont les corporations de métiers qui avaient financé la construction de chapelles.

Vue sur l’église basse (rénovée) en premier plan et église haute non rénovée en arrière plan,2015

Ce qui est aussi intéressant à constater est que la fonction première du lieu renaît petit à petit. Des messes ou certains événements y sont célébrés. Des pèlerins viennent aussi chaque année se recueillir. Des concerts s’y sont également déroulés, cela redonne réellement de la vitalité au site et permet de le rendre visible à différents échelons : local, national et international.

En octobre 2018, l’église haute, complètement rénovée, permet de clore une grande étape de rénovation pour en ouvrir une nouvelle … 

Pour  ceux qui ont réussi à lire l’article en entier, je dois avouer que j’ai mis des années à l’écrire, comme si je ne voulais pas en terminer avec mon expérience dans cette magnifique ville.. J’y retourne avec plaisir en vacances, je constate l’avancée des travaux à chaque fois, ce qui me rend très heureuse et fière d’avoir apporté mon aide à la revitalisation de ce site. 

Pour plus d'informations sur les monuments de la ville 

Autrice et photographies : Gaelka 

Vue depuis l’église haute de Kalvaria sur le centre historique, 2011
Vue depuis l’église haute sur le centre historique, 2010
Vue depuis le centre historique sur Kalvaria, 2011

 

Bibliographie sélective : 

Chovanova Iveta, Wandering through Banska Stiavnica, 2011
Voskova Katarina, Pilgrimage, 2010

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