A Paris, lorsque que l’on pense musée, l’on voit immédiatement le Louvre ou Orsay. Mais il existe au sein de la capitale française de très nombreux musées dont certains, à l’instar du musée des arts forains, sont de véritables petits joyaux. Il en est ainsi du musée d’Ennery, un ancien hôtel particulier devenu musée des arts asiatiques. Ouvert à la visite sur réservation. 

La passion d’une collectionneuse

Avant toutes choses, un peu d’histoire. Le musée d’Ennery, aujourd’hui rattaché au Musée national des arts asiatiques Guimet, est entré dans les collections publiques sur la recommandation de Georges Clémenceaux qui connaissait bien Mme Clémence d’Ennery. Durant toute sa vie mais surtout lors de la dernière décennie, Mme d’Ennery, riche veuve a acquis sans relâche des pièces asiatiques, et en particulier japonaises et chinoises, auprès de marchands renommés, même si ses détracteurs l’accusaient d’acheter principalement au Bon Marché (qui recevait alors des pièces originales de qualité). 


Parmi ses collections, l’on trouve une formidable quantité de netsuke, l’une des plus belles d’Europe, si bien que les amateurs japonais viennent régulièrement les admirer. L’on trouve également des porcelaines, parfois très rares. 

Pour mettre en valeur ses collections, elle a commandé des vitrines en bois où l’on peut voir des caractères asiatiques … renversés, mais ce n’est là qu’un détail. Devant la variété et la qualité du fond du musée, on ne peut  douter de la réelle passion de Madame d’Ennery et de son goût.

Une ambiance incroyable

Ce musée, conservé dans son jus depuis le tout début du XXe siècle, possède une scénographie incroyable, à mi-chemin du cabinet de curiosité. Une antre des merveilles, où que le regard se pose, l’on est subjugué. La salle la plus impressionnante à mon sens est la dernière du parcours, un acmé scénographique excentrique où les dragons majestueux côtoient des miroirs toute hauteur, où les sculptures imposantes regardent les netsuke et, dans un angle, un lustre aux pampilles bouddhiques diffuse une douce lumière. L’on zigzague ainsi entre les vitrines de bois, transporté dans le temps et dans un Orient aussi lointain que fantasmé mais réellement charmant. Madame d’Ennery ne s’est jamais rendue en Orient, un autre reproche de ses détracteurs, probablement jaloux de ses trésors. 

Les cartels, rédigés à la plume sur de petits cartons, les stucs et le plancher d’époque participent à cette ambiance unique de temps arrêté. 

C’est au cours des dix dernières années de sa vie, alors qu’elle souhaite en faire un musée, que Madame d’Ennery organise les espaces et fait de nombreuses acquisitions. Un temps réticents, les pouvoirs publics finissent par accepter, sur les recommandations de G. Clémenceaux, un des amis de la donatrice, lui même amateur d’œuvres japonaises et grand collectionneur de tabatières japonaises. 

Aussi, je ne peux que vous conseiller de visiter, au moins une fois, ce magnifique musée, tant pour les œuvres exposées que pour le lieu en lui-même. Pour cela, il faut réserver car il n’est ouvert que sur réservation et les visites se font en petits groupes. 

Le Musée Ennery, une merveille cachée
Le Musée Ennery, une merveille cachée
Le Musée Ennery, une merveille cachée
Le Musée Ennery, une merveille cachée
Le Musée Ennery, une merveille cachée

Visuels : Sandra B. 

Certaines photographies sont retouchées, en particulier pour en augmenter la luminosité et la netteté. A la demande d'un agent du Musée, son visage et sa silhouette ont également été effacés (ce qui entraîne quelques aberrations chromatiques). 

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