Good night I Love You tome 1: début du voyage
07 oct. 2018Les éditions Akata proposent avec Good night I Love You de John Tarachine un récit touchant sur la mort, l’amour filial et la découverte de la vie par un jeune homme trop solitaire.

Alors qu'il est en 3e année de fac, Ôzora apprend que sa mère est en phase terminale. Lui qui n'a connu qu'elle après la disparition de son père puis le départ de son frère pour l'étranger, s'est complètement consacré aux soins de sa mère, se coupant des études et de ses amis. Alors qu'elle vient de rendre l'âme, elle lui impose une dernière volonté, se rendre en Europe, à Londres puis à Paris, dans le but de prévenir ses amis de son décès. Bien que réticent, le jeune Ôzora décide de surseoir aux dernières volontés de sa mère.
Lui qui n'a jamais quitté le Japon ni même le cocon familial se retrouve dans l'avion puis dans l'Eurostar direction Londres où il rencontre une des vieilles amies de sa mère. L'occasion pour lui d'en découvrir davantage sur la jeunesse effrénée de la jeune japonaise libérée. Peu à peu, on sent poindre le malaise du jeune homme et l'on se doute bien que ce voyage imposé par sa mère n'est pas seulement une tournée amicale, mais bien un voyage initiatique. Cela est d'autant plus vrai lorsque, à Paris, il retrouve son frère aîné. Loin de ses repères, Ôzora espère bien pouvoir reconstruire ces liens familiaux avec ce frère. Pourtant bien vite, il se rend compte qu’il ne le connaît finalement pas, ce qui lui cause un grand choc.
Graphiquement, le titre est très intéressant. On reconnaît bien l'Eurostar ainsi que certains lieux parisiens. Les personnages sont bien caractérisés et l'on ressent parfaitement leurs émotions, leurs contradictions, leurs regrets, mais également leurs surprises et leurs joies.
Ce récit atypique sur les relations filiales, les liens qui nous unissent à la famille mais également à la mémoire familiale, montre combien les enfants ressentent parfaitement le stress de leurs parents, mais également la manière dont ils les idéalisent. Ôzora souffre d'un fort sentiment d'abandon et justement de la peur de cet abandon puisque tout le monde le quitte, il ne veut plus se lier pour ne plus ressentir cette peine. De ce fait, lui qui s'est enfermé dans une relation exclusive avec sa mère en a oublié de vivre sa jeunesse. Au contact des autres, il se rend compte de son propre malaise, et devient hargneux et mélancolique. Il comprend alors les intentions de sa mère décédée qui souhaitait que son fils sorte de sa coquille, se fasse des amis, se socialise et finalement vive également.
Car c'est en sortant du cocon familial qu'il se découvre lui-même, qu'il réfléchit sur sa situation, ses envies, son avenir et sa famille.
Au début j'ai eu un peu de mal avec Ôzora qui se laisse finalement vivre dans l'ombre de sa mère et de ses souvenirs sans chercher à se construire lui-même. Il rejette les autres et son amertume le mène à blesser son entourage. Cependant, il n'est pas le seul fautif dans l’histoire. Son frère plus âgé, qui lui avait promis de s'occuper de lui et de sa mère, l’a finalement abandonné. Cette histoire le ronge également et il ne sait comment renouer avec son petit frère. La mère, pour sa part, a mené une jeunesse libérée en Europe avant de rentrer au Japon. Là, elle s'est mariée, a eu deux enfants tout en poursuivant son travail de traductrice. Mais, lorsqu'elle se retrouve seule, elle se replie sur ses enfants tout en leur laissant une impression de liberté. Cela n'a pourtant pas permis à Ôzora de se construire et a poussé son frère aîné à fuir très loin.
Traiter avec douceur le sujet du deuil est assez novateur, même pour le manga, et je remercie les éditions Akata d'avoir eu le courage de proposer un tel titre en 4 tomes répartis sur 4 semestres.
Série: Goodnight, I Love You…
Editeur(s): Akata
Date de sortie: 13/09/2018
Format: 127 x 180 mm
Prix: 8.05 €
Collection: L
Traduction - Adaptation - Lettrage: Aurélien Estager, Florent Faguet
ISBN: 2369743212