Sélectionné au festival de Berlin, Fukushima mon amour de Doris Dörrie est un drame intimiste sur fond de triple tragédie, mais également de profonde humanité.

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Marie est une jeune allemande qui a tout plaqué pour devenir clown au Japon et venir en aide aux personnes touchées par la catastrophe de Fukushima. Un jour, Satomi, une des résidentes, lui demande de la conduire dans son ancienne maison où elle a toujours vécu, en plein milieu de la zone dévastée.

Dans ces paysages désolés où la vie s’est arrêtée en un instant, les deux femmes, hantées par leur passé respectif, recommencent le long apprentissage de la vie.

Copyright Hanno Lentz / Majestic Stars Kaori Momoi, Rosalie Thomass Film Fukushima mon amour

La réalisatrice allemande Doris Dörrie s’est entourée de la grande actrice japonaise Kaori Momoi et de la jeune Rosalie Thomass pour camper ses personnages principaux hantés, et de non professionnels pour les personnages secondaires.

Fukushima mon amour aborde avec pudeur et sensibilité les thèmes de la perte, de la mort, de la culpabilité et du pardon. Entre Satomi, toute en retenue, et Marie, littéralement submergée par les émotions, se tisse peu à peu une forte amitié où chacune peut se reconstruire.

Même le surnaturel qui s’invite de temps en temps dans le récit n’est finalement pas superflu et s’ancre dans la culture japonaise.

Photo ajoutée le 14 janvier 2016|Copyright Mathias Bothor / Majestic Stars Kaori Momoi Film Fukushima mon amour

Entièrement tourné en noir et blanc au plus près des deux actrices, la proximité avec le spectateur se fait rapidement. L’on est happé par l’histoire de ces deux êtres et de leur douleur.

D’un point de vue technique, il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est que l’on aurait apprécié que la chanson de Yuki-chan soit sous-titrée et les images moins de floues lors des mouvements de caméra (plus grande ouverture d’exposition dans des environnements sombres).

L’on ne peut s’empêcher de penser que la justesse du propos, débarrassé de tout pathos, est à mettre au crédit du regard occidental de la réalisatrice et de la distanciation que cela permet. En effet, aucun réalisateur japonais ne s’est encore emparé du sujet alors que d’autres médiums, dont la photographie et le manga, ont très vite joué leur rôle cathartique.

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L’on remarque et l’on salut également la connaissance et l’empathie de Doris Dörrie pour la culture japonaise. En fin de compte, malgré un sujet infiniment triste, l’on ressort de la projection avec de l’espoir.

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