Tanagra : figures d'élégance du passé
16 juil. 2015Aujourd'hui, j'aimerai vous parler un peu des statuettes dite "Tanagra" que j'admire depuis de nombreuses années (qui sais, peut-être investirai-je un jour) et qui sont appréciées tant par les historiens pour les nombreux renseignements historiques qu'elles apportent (costumes, commerce, cultes, coutumes, artisanat, études sérielles, etc) que par les collectionneurs, plus sensibles à leurs qualités plastiques. Mais pour commencer, un peu d'histoire.
Un ou une Tanagra désigne une statuette de terre cuite produite au cours des IVe et IIIe siècles avant J.C. à Athènes, avant d’être exportée dans tout le monde hellénistique. Par extension, certaines statuettes en terre cuite modelées à la main, remontant au VIIe siècle avant J.C, sont également désignées comme Tanagra.
Ces statuettes représentent généralement des jeunes femmes drapées avec élégance ou des enfants, mais également des divinités ou des grotesques. Obtenues par moulage (les moules ont la particularité de s’emboîter afin de créer une infinité de modèles), elles présentent toutes une variété de formes, de tailles et d’attitudes. Des traces de polychromie, voire de dorures témoignent de leur flamboyance passée. Notons que certaines ont été repeintes au XIXe siècle, sous couvert de "restauration" quand d'autres ont été décapées.
D’une grande finesse malgré leur production de masse, elles ont rencontré un grand succès dès l’Antiquité, comme en témoigne le nombre impressionnant d’exemplaires retrouvés dans les
nécropoles dès le XIXe siècle. C’est d’ailleurs de la nécropole de Tanagra, en Béotie, fouillée en
1870, que les œuvres tiennent leur nom.
Dès leur découverte dans la seconde moitié du XIXe siècle, les collectionneurs s’entichent des statuettes raffinées. Malgré le grand nombre d’entre elles retrouvées et mises sur le marché, de nombreux faux sont mis en circulation, dont certains difficilement discernables pour un œil non expert. L’engouement et la fascination pour les Tanagras sont tels, que les artistes contemporains, à l’image des sculpteurs Jean-Leon Gérôme (1824-1904), Amalric Walter Nancy (1859-1942), Georges Despret (1862-1952) ou du peintre Edgar Degas (1834-1917) s’en inspirent pour leurs propres créations, y voyant une préfiguration de la Parisienne élégante et mystérieuse. Ces œuvres, signées par des artistes reconnus, valent plusieurs milliers, voire des centaines de milliers d'euros.
Les statuettes de Tanagra, bien que présentes dans de très nombreuses collections de musées prestigieux, à commencer par le musée du Louvre qui y consacre plusieurs salles d’expositions bien garnies ainsi que, en 2003, une exposition intitulée « Tanagra, mythe et archéologie », sont relativement peu connues du grand public et, lors des ventes, les connaisseurs ou amateurs de curiosités recherchent des œuvres pour le décor plutôt que pour l’intérêt historique de telles pièces, au contraire des collectionneurs du XIXe siècle qui se passionnaient pour la découverte de civilisations antiques via de nombreux petits objets.
Il est actuellement possible d’acquérir un original pour un prix débutant vers 500€-850€, mais celui-ci varie fortement en fonction de l’état de conservation, de la taille, des détails et de la demande du marché. La collection d’origine peut également influencer sur le prix. Dans le cas d’un collectionneur prestigieux, le prix augmente et le nom du dit collectionneur peut entrer dans la dénomination de l’objet. Les statuettes incomplètes voient leur prix fortement varier en fonction des parties conservées, de la qualité du modelé, de sa taille, etc. Ainsi, une tête seule, de dimension réduite, se négocie généralement aux alentours de 40€ à 60€ en vente directe sur le net (idéal pour les collectionneurs d'antiquités débutants, les férus d'histoire ou les personnes souhaitant se créer un petit cabinet de curiosité). Toutefois, une estimation basse peut réserver de bonnes surprises, pour le vendeur ! Notons qu’en 2009, les estimations pour des répliques du XIXe siècle valaient dans les 500€ et les originaux pouvaient monter jusqu’à 5 000€ pour les plus rares, et 500€ pour les plus classiques (entre l'original classique et la copie de bonne facture l’écart de prix est infime ... ). Les bonnes copies sont d'ailleurs des objets très décoratifs.
Visuels :
Jean-Léon Gérôme, Tanagra, 1890, marble polychrome statue, 154.7 x 56 x 57.3 cm, Paris, musée d’Orsay. © RMN (Musée d’Orsay)/René-Gabriel Ojéda
Amalric Walter Nancy (1859-1942) (c) Drouot
Georges DESPRET (1862-1952) (c) Millon
Edgar DEGAS (1834-1917) (c) Drouot