[Expo] "Tatoueurs Tatoués" : le musée du quai Branly marque une nouvelle approche du tatouage
14 oct. 2014Habitué des expositions ethnographiques saupoudrées de sensationnel, le musée du Quai Branly propose une (trop) longue exposition sur le tatouage dans le temps et dans l’espace.
Conçue suivants plusieurs axes : chronologique, géographique, sociale, technique etc. l’exposition emporte les visiteurs à la croisée des cultures au cœur d’une pratique multi-millénaire hautement significative au travers de cinq sections.
Le tatouage, véritable message à même la peau qui distingue les peuples d’une même région, peut être un marqueur social en matérialisant une hiérarchie ou un statut particulier. En Occident, cette marque au creux de la chair a longtemps été vue comme une flétrissure et un signe de marginalisation. C’était les bagnards, les repris de justice, les soldats, les anarchistes, etc. qui arboraient ces insignes.
Au contraire, pour d’autres cultures extra-européennes, le tatouage était et est fièrement exhibé comme un honneur indélébile.
Jouant de cette grammaire de formes, c’est tout un langage non verbal qui est créé.
Suite à la mondialisation et aux mélanges des cultures, la perception du tatouage a évolué. Les motifs ont voyagé, se sont adaptés et ont changé de significations.
La première partie de l’exposition revient sur l’histoire du tatouage, principalement en Occident. On y trouve des ouvrages répertoriant les tatouages anarchistes et leurs significations, des photographies de bagnards tatoués, puis des affiches de cirques.
Pour la partie ethnographique, l’on traverse les continents : Asie, Amérique, et l’on constate les migrations de certains motifs. La manière dont sont réalisés ces tatouages est également évoquée.
La dernière section s’avère redondante par rapport aux œuvres et aux photographies déjà montrées.
Coté scénographie, l’on navigue dans une sorte de labyrinthe entre photographies, affiches, objets divers et membres tatoués en silicone . Ces membres en silicone sont une bonne idée en soi, mais leur multiplication et la manière de les présenter (pendouillant du plafond) laisse une drôle de sensation et une certaine lassitude.
Ainsi, si l’idée d’expliquer au plus grand nombre le tatouage, ses origines, son histoire, ses significations et autres modes est intéressante, l’on ne peut que regretter la longueur de l’exposition avec cette troisième partie.. Il semble que Anne & Julien / Hey !, les commissaires de l’exposition, aient souhaité montrer un aperçu de l’étendue de leurs connaissances, sans faire de réel tri. Ainsi, l’on saute d’une discipline à l’autre sans réel liant, et en fin de compte, on fini par regarder de jolis tatouages comme dans un catalogue.
Visuels : Affiche et captures d'écran du site du musée du Quai Branly