La vie moderne, toujours plus précipitée et connectée, serait-elle la cause de notre éloignement vis-à-vis de la nature, de nos racines ?

Ce postulat de départ a donné une exposition d'art contemporain où l'on est invité à la méditation et au calme. On profite de moments totalement dépaysants dans des installations très différentes et surprenantes.

En arrivant, on se retrouve devant une œuvre de Moataz Naser, I am free. Il s'agit d'un escalier monumental conduisant à une petite plate-forme. L'escalier et la plate-forme sont adossés à un grand mur blanc. Une fois sur la plate-forme, le visiteur se retrouve au centre d'une paire d'ailes déployées, sérigraphiées sur le mur, et surmontées de la phrase I am Free. Le visiteur, ainsi élevé, s'est libéré de son quotidien.

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En s'approchant de l'œuvre suivante, september 2nd 2006, de Gu Dexin, on est attiré par une odeur de pomme. En s'approchant, c'est finalement plutôt une odeur de jeune cidre. Cet arôme est tout ce qu'il y a de plus naturel puisqu'un tapis de pommes occupe une partie assez conséquente de l'espace. Un petit rouleau compresseur est engagé sur cet amas de pommes, signifiant la société de consommation et son gâchis.

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Juste à côté, se trouve une œuvre poétique où l'artiste Hema Upadhyay, dans son œuvre This Space in Between You and Me, écrit une lettre à sa famille avec du gazon vivant, peut être un moyen de retrouver ses racines par un « retour à la terre ». La transcription du texte est disponible sur un lutrin à côté de l'oeuvre.

 

La visite se poursuit par une installation pour le moins inhabituelle, From here to ear (v.16) de Céleste Boursier-Mougenot. Occupant deux pièces dans lesquelles on ne rentre qu'une fois les consignes données, on suit un chemin entre les instruments de musique (guitares électriques et cymbales reliées à des amplificateurs). Dans différents recoins de la pièce et au plafond sont placés des nichoirs. Eveillant la curiosité, l'on se rend vite compte que l'oeuvre est vivante au sens propre du terme. De petits oiseaux nichent dans l'oeuvre et en se posant sur les instruments créent une symphonie tant fugace qu'alléatoire.

L'oeuvre suivante, Le Meilleur des mondes ? Du bien nommé Christophe Beauregard propose dans une pièce blanche tout à fait asceptisée plusieurs séries de portrait d'hommes et de femmes d'une entreprise imaginaire. Tous les « employés » portent le même costume, en fonction que ce sont des hommes ou des femmes, et ils posent tous sur le même fond bleuté. La première impression de tendance à l'uniformalisation est vite dissipée quand les différences physiques ressortent dans se trombinoscope.

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Dans la salle mitoyenne, deux œuvres de Zimoun proposent deux approches très différentes du retour à la nature. Avec 416 prepared dc-motors, hem cords, cardboard boxes, 60x60x60cm. 416 cartons d'emballage de format identique, à savoir 60x60x60cmn, forment un espace cylindrique dans lequel tournent de petits moteurs reliés à une corde qui dans son mouvement recrée le bruit de la pluie. Sa seconde œuvre, Woodworms, wood, microphone, sound system, se rapproche de celle de Céleste Boursier-Mougenot, mais cette fois ci, on ne voit pas la vie dans l'oeuvre. Au début, on ne voit qu'une vieille souche, puis lorsque l'on approche, hooo surprise !!! Le son vient de la souche. Le microphone capte l'activité de la communauté des vers cachés dans l'oeuvre. L'invisible est alors perceptible.

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Enfin, l'exposition se termine par l'oeuvre de Joana Vasconcelos, nommée jardin d'éden. Comme son titre l'indique, on se promène ici dans un jardin luxuriant empli de fleurs artificielles lumineuses. Jusque ici, rien d'extraordinaire me direz-vous. Et pourtant, ce jardin  est entièrement plongé dans l'obscurité. Seules les fleurs lumineuses permettent d'appréhender l'espace. Elles dessinent comme un labyrinte, mais un labyrinte de la Renaissance qui invite à la promenade et la reflexion plus qu'à l'égarement des sens. Il serait facile de sortir de ce lieu, les circonvolutions n'étant pas très compliquées, cependant, l'effet apaisant de ce jardin, bercé du doux grésillement des leds, incite à parcourir ce jardin plus longuement. Cette oeuvre, en plus d'être poétique, me semble onirique et propice à la rêverie.

 

On ressort de ce parcours, transporté. Ce retour à la nature permet un retour sur soi même. Que ce soit via l'étrange, le dérangeant ou au contraire le poétique et l'onirique, chacune de ces oeuvres pousse à la reflexion sur nous même et nos rapports avec ce qui nous entoure.

Quoi qu'il en soit, le parcours est libre et ce n'est ici qu'une possibilité de visite.Il vous reste jusqu'au 17 mars pour vous faire une idée. De plus, le billet d'entrée donne accès à l'exposition du musée (éphémère) des coeurs brisés également présentée au 104.

 

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