exposition Gérôme où l'art de peindre l'histoire
26 nov. 2010
Oeudipe
Portrait de Charles Garnier allégorie de la ville de Nantes
L'exposition Jean-Léon Gérôme : L'histoire en spectacle, actuellement en cour (19 octobre 2010-23 janvier 2011) au Musée d'Orsay réhabilite un genre de peinture du XIXe siècle que certains qualifient de "pompier" mais que je préfère utiliser le terme de peinture historiciste, le qualificatif "pompier" étant trop conoté péjorativement et rop vaste.
Le combat de coqs
Diogène
Pollice Verso (pouce baissé)
Aprécié au XIXe siècle, Gérôme est vu par le XXe siècle comme l'archétype de l'artiste academiste à la production sterille. Pourtant, si l'on regarde de plus près, ses oeuvres possèdent une immence force expressive, que l'on apprécie cette production ou pas. Cette impression, résulte d'une conception nouvelle de la peinture d'histoire, plus que de glorifier il faut narrer l'histoire. L'anecdote prend alors souvent le pas sur la grande histoire. Les scènes représentées sont figées soit juste avant, soit juste après l'instant fatique.
La mort de César
Duel après le bal masqué
l'exécution du maréchal Ney (titre incomplet)
La passion de Gérôme pour l'orient occupe une bonne partie de l'exposition. On y voit un Orient fantasmé mais également inspiré de photographies ou de souvenirs de ses voyages qui l'on conduit jusqu'en Égypte et en Palestine.
la grande piscine du Bursa
le marcher aux esclaves
le bain maure
L'aspect le plus intéressant de l'exposition à mon sens est la découverte du Gérôme sculpteur, le plus déroutant c'est la polychromie de ces statues. L'autre point novateur est la comparaison entre tableaux et photographies.
Tanagra (marbre) Corinthe (bronze, fils métaliques) dernière sculpture
la joueuse de boule (bronze)
Afin de conserver la trace de toutes ses oeuvres, Gérôme commande un grand nombre de photographies, qui sont pour la plupart léguées aux archives nationales.Les photographies exposées font partie de cet imposant fond.
Gérôme
Gérôme dans son atelier avec la sculpture des gladiateurs (sa première grande sculpture)
L'exposition présente également des oeuvres plus méconues, mais pourtant très originales :
Tête de femme coiffée de cornes de belier dite la Bacchante
La vérité sortant du puit armée de sont martinet pour chatier l'humanité (vrai titre, j'aurai pas osé)
La fin de la séance
Il y a même des oeuvres plus scandaleuses pour des raisons diverses :
Pygmalion (représentation d'une sensualité crue)
et surtout
l'intérieur grec (qui ressemble plus à un lupanard romain qu'à un gynécé grec).
La mise en scène, sans être très originale, est agréable et efficace. Chacun des sept grands espaces est délimité par une couleur dominante (vert, rouge, bleu, ...). Les sujets des deux dernières salles sont plus originales, puisque l'avant dernière salle est consacrée à la reproduction et à la diffusion des oeuvres qui se développent avec l'émergeance des marchands de tableaux, comme Goupil (beau père de Gérôme depuis 1863). La dernière salle présente les liens entre l'oeuvre de Gérôme et le cinéma, avec de grandes reproductions d'images de films. Juste avant la sortie, il y a même une affiche publicitaire pour un opticien avec un drôle de chien portant un monocle. ...
Pour conclure, que l'on apprécie ou pas la peinture dite "pompier", il est toujours intéressant de découvrir le travail de cet artiste aux multiples facettes, dont l'oeuvre à continué d'inspirer, entre autre les cinéastres, longtemps après sa disparition.