Exposition “L’art des charpentiers japonais : Au cœur de l’architecture en bois traditionnelle” à découvrir à la Maison de la Culture du Japon à Paris jusqu’au 10 février

La MCJP poursuit ses expositions thématiques avec une très surprenante approche de l’art des charpentiers japonais à découvrir jusqu'au 10 février 2024.

Esthétisme épuré

Ce qui frappe dans l’architecture japonaise traditionnelle en bois, c’est l’apparente simplicité et l’épure des formes. A part dans les temples et les palais qui rivalisent d’assemblages exubérants et de décors chatoyants, c’est dans des ouvrages de plus modestes dimensions que les charpentiers peuvent montrer toute leur maîtrise issue de traditions séculaires.

Car tout repose sur le choix des matériaux et la manière de les assembler pour les mettre en valeur.

Techniques de découpe et d’assemblages

Une construction réussie passe par la mise en valeur de ses différents éléments constitutifs, à commencer par le choix de l’essence du bois. Le Daiku (charpentier) a le choix entre quatre variétés principales : le cyprès du Japon (hinoki), le cèdre du Japon (sugi), le pin rouge du Japon (akamatsu) et le zelkova (keyaki).

L’importance du choix et de l’assemblage des matériaux est particulièrement visible dans le style sukiya. Il s’agit d’un style faussement rustique où tous les éléments ont une place rigoureusement choisie, voire codifiée.

Au contraire, dans le dômiya-daiku, les charpentiers responsables de la restauration des temples bouddhistes (dô) et shintô (miya) construisent des édifices aussi imposants que solides. Cette section montre différentes étapes du débitage du tronc en “bille de bois” à l’aide de gabarits ainsi que des plans tracés sur des planches pour résister à l’humidité. Dans le dômiya–daiku, le maître charpentier (tôryô) est également chef de chantier et va coordonner les différents corps de métiers comme les sculpteurs, les plâtriers, les peintres, les couvreurs etc. Il procède également à des cérémonies traditionnelles avant et pendant la construction.

Une sélection de 87 outils de charpentiers anciens et modernes est également présente et montre l’importance de l’équipement et son évolution.

Les sens mis en œuvre(s)

Dans cette exposition, ce qui frappe, c’est également le parfum relativement subtil des différentes essences de bois, et en particulier du cèdre et du cyprès.

De même, bien qu’il ne soit pas possible de toucher les objets présentés, la présence du bois apporte une dimension chaleureuse et sensuelle par ses différents aspects : bruts, satinés, polis, avec ou sans écorce.

La vue est également sollicitée et parfois détournée par le paravent en kumiko qui, par l’assemblage d’essences de bois différentes, parvient à recréer un paysage.

La scénographie est assez originale puisque le visiteur pénètre par la forêt dans l’exposition. Cette forêt est constituée des essences d’arbres les plus couramment utilisées par les charpentiers japonais. La section suivante montre les différentes étapes du travail du bois (traçage, découpe, polissage) ainsi que des éléments décoratifs, comme les caches clous et les poignées de portes. La partie centrale de l’exposition est occupée par des démonstrations de travail de charpentiers pour les temples ; les dômiya-daiku. La suite de l’exposition est consacrée aux techniques avancées d’assemblages invisibles ou presque. : kigumi.

Mais le clou (sans mauvais jeu de mot) de la visite est la réplique de l’ossature du fameux pavillon de thé Sa-an dont l’original, daté de 1742, est situé dans le temple Gyokurin-in à Kyoto. Il fait face à une imposante reproduction d’un chapiteau du pavillon Tôindô du temple Yakushi-ji de Nara.

A la fois technique et esthétique, cette exposition sur le savoir-faire des artisans charpentiers japonais est loin de s’adresser aux seuls passionnés d’artisanat. Aussi technique que raffiné, l’Art des charpentiers japonais invite à contempler la nature sublimée par des experts en leur domaine. Et si les japonais ne sont pas les seuls à proposer un travail remarquable du bois, ils ont conservé une approche très sensible et en même temps spirituelle de leur art. Une perfection du geste presque hypnotique.

Toutes les photographies ont été prises par mes soins. Merci de ne pas les réutiliser.

MAJ 29/11 : Prolonguation de l'éxposition du 27 janvier au 10 février 2024