Présenté hors compétition lors du dernier festival international du film d’animation d’Annecy 2018, On the happiness road de Hsin Yin Sung narre le retour doux-amer de Chi, une jeune taïwanaise, dans la rue de son enfance, alors qu’elle se trouve en plein doute existentiel.

Chi est une enfant pleine de vitalité et de rêves, mais voilà, Chi a grandi, et comme pour la majorité d’entre nous, le passage à l’âge adulte s’est fait dans le sacrifice et le compromis. Elle part aux USA pour travailler et réaliser le rêve américain de ses parents qui la voyaient « gagner beaucoup de dollars », se marier avec un occidental et mener sa petite vie tranquille dans une banlieue sans relief. Mais un jour le téléphone sonne, sa grand-mère adorée vient de décéder et elle doit revenir au plus vite pour la cérémonie funéraire.

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Un doute existentiel universel …

Ce retour aux sources est l’occasion pour Chi d’une introspection et de nombreux flash-back. Qu’est devenue cette petite fille espiègle et pleine de rêves ? Elle qui a travaillé dur à l'école, manifesté pour les droits civiques, puis  a écrit dans un journal avant de partir vivre le rêve américain et se marier, libérée des traditions.? Que veut-elle maintenant ?
Cependant, ce retour à Happiness road entraîne un tsunami émotionnel pour la jeune femme qui, à l’aune de la trentaine, se rend compte que rien ne s’est déroulé comme elle l’entendait.
Sa famille et ses amis lui manquent et elle semble de moins en moins en phase avec son époux. Le choc des cultures n’est pas loin. Va-t-elle choisir le chemin de l’émancipation ou revenir dans le giron familial traditionnel ?

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… Englué dans le sentimentalisme de bon aloi

Après un questionnement louable et un bon début, le film s’enlise progressivement dans un sentimentalisme et surtout un traditionalisme des plus ennuyeux. Alors que l’on s’attendait à un film aux propos modernes avec une vraie réflexion sur la place de la femme dans la société taïwanaise, c’est tout le contraire qui se produit. On remarque bien une certaine évolution de la société, mais sans recul critique, ce qui s’explique d’ailleurs par la dédicace finale. On se retrouve finalement devant les états d’âme d’une jeune femme qui, ayant peur du futur, se réfugie dans ses souvenirs d’enfance sans se confronter réellement à ce qui la préoccupe vraiment. A croire qu’à notre époque, et malgré les modèles  féminins de plus en plus mis en avant dans le monde entier, le salut de la femme passe seulement par la maternité… Pas très moderne tout ça.
Ainsi, l’on se pose des questions sur le message de cette histoire, si la réussite ultime de la vie d’une femme se voit non dans ses accomplissements, ses expériences et ses études, que valent les conquêtes sociales des femmes depuis la fin du XIXe siècle et surtout au XXe et XXIe siècle ?

Je ne nie pas qu’avoir des enfants est un grand bonheur, mais seulement s’il s’agit d’un choix en pleine conscience et non d’un moyen de réparer un couple ou de réussir sa vie. Autrement dit, je pense que faire un enfant juste pour soi, pour se rassurer est un acte égoïste. J’ai trouvé ce film très décevant par ses côtés traditionaliste et nationaliste, contrairement à ce que laissait entrevoir le synopsis.

On the Happiness road déçoit ainsi par un propos hors d’âge et peu inspirant pour les jeunes générations. La première partie est pourtant très bien et augurait le meilleur. L’on aurait aimé voir Chi prendre son envol pour réaliser au moins un de ses rêves.

On the happiness road : après un bon début la déceptionOn the happiness road : après un bon début la déception
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