Si vous êtes fan de jeu indépendant ou encore mieux de Game Jam, vous avez dû entendre parler de Superhot. Pour les autres c’est le bon moment de découvrir l’un des FPS les plus novateurs de ces dernières années sur la console de Nintendo. Préparez vos gâchettes, il y aura du Bullet time à la sauce Iwanicki pour dîner !

Superhot est un jeu de tir à la première personne dans lequel tout se déroule en Bullet time centré autour du joueur. Ce sont les déplacements et les actions du joueur qui déclenchent l’avancement de la séquence de jeu. Cela apporte un réel côté stratégique, absent de bon nombre de FPS. Développé par le studio SUPERHOT Team et réalisé par Piotr Iwanicki, le jeu est une excellente représentation de ce que peut donner une idée développée en Game Jam jusqu’à sa commercialisation finale. Cette version Switch est-elle une version à posséder absolument ou un simple portage qui ne rend pas hommage au concept original?

Dans Superhot vous incarnez un joueur qui reçoit un jeu de la part d’un de ses amis. Sans plus tarder, vous commencez la partie, mais très vite quelque chose cloche et vous devenez accros au jeu. S’ensuit alors un récit dans lequel le joueur ne sait plus s’il a été piraté ou non, si ce qu’il voit est bien réel ou factice. La frontière entre le réel et le virtuel s’en trouve bousculé, alors que le joueur se retrouve à faire des missions de plus en plus controversées, au-devant d’étranges ennemis tout de rouge vêtus…

Gameplay : Un gameplay indéniablement tactique

La force de Superhot est sans conteste son gameplay totalement novateur dans un FPS. Face à de nombreux ennemis qui ne peuvent bouger que si le joueur s’active, il faut penser avant de foncer tête baissée. Car les ennemies sont souvent surarmées alors que le joueur n’a départ rien, à part ses poings ! Pour s’en sortir, le joueur doit établir une roadmap en recommençant plusieurs fois le niveau jusqu’à savoir précisément d’où viennent les ennemis ! Un genre de die and retry s’impose donc, afin de dénicher la bonne stratégie à adopter.

Par exemple, il faut avoir le bon timing pour attraper le pistolet d’un adversaire en plein vol et le retourner contre son propriétaire, tout en avançant assez et éviter la balle tirée à bout portant par un autre adversaire. Mais aussi, savoir se débarrasser de 4 ennemies qui vous entourent avec des battes de baseball, et surtout savoir swinguer pour éviter les balles comme Neo dans Matrix... Une fois la mission réglée, il est possible de faire un montage succinct de son replay afin d'en garder des traces tactiques ou briller sur le Net.

Ce gameplay tout bête immerge totalement le joueur dans un film d’action au ralenti. À la manière des bons gunfight de John Woo, les tueries s’enchainent à coup de tire de pistolets, de fusils à pompes, de mitrailleuses, de sabres dans tous les sens. Ce qui procure au joueur l’impression d’avoir des super pouvoirs.

Durant les 34 niveaux qui composent l’aventure, le joueur n’aura pas le temps de s’ennuyer tant les parties s’enchainent à une vitesse folle. Les développeurs ont réussi à insuffler dans la mécanique du jeu cette envie irrépressible de vouloir à tout prix réussir le niveau. Chapeau M. Iwanicki !

De plus, l’interface du jeu ressemble à l’interface d’un ordinateur des années 80 comme le TRS-80. Cela fait la part belle à cette immersion du joueur dans une conspiration qui vise à le plonger éternellement dans le jeu et ses réseaux de pirate…

Au tableau des regrets, il aurait été intéressant d’avoir une écriture plus profonde de ce récit pour flouter encore plus les barrières réelles virtuelles. On pourrait aussi reprocher que les armes soient trop limitées et classiques, les actions finalement répétitives, et les niveaux trop courts manquant de variés. Même l’ajout d’un nouveau skill au milieu de l’aventure ne parvient que très peu à combler ce manque.

Version Switch vs VR

Ce qui fonctionnait à merveille sur la version PC du jeu en VR ne fonctionne pas du tout avec la Switch. Du coup si vous avez essayé la version VR du jeu, passez votre chemin, car le jeu perd beaucoup de sa superbe. Par contre, les autres seront ravis de découvrir une version Switch dans laquelle, le gyroscope permet de viser avec précision, mais aussi de partager l’expérience de jeu avec des amis pour faire des concours de speed run! En somme Superhot sur Switch n’est pas du tout comparable à son homologue VR. C’est une version console se revendiquant comme tels, même s’il perd une grande partie de son expérience immersive.

Graphisme :

Concernant les graphismes, c’est une question de goût. Techniquement parlant le titre ne brille pas par sa plastique, même pour un jeu indépendant. Nous avons affaire à des personnages polygonaux de couleur rouges dans des décors tout blancs, texturés avec de l’ambiante occlusion un point c’est tout ! La variété des décors ne vole pas haut non plus, car il s’agit essentiellement d’environnement classique des FPS. Le jeu tourne naturellement sans aucun souci sur Switch et c’est déjà ça !

En somme la direction artistique du jeu est pour le moins osé, mais a pour intérêt d’apporter une très bonne lisibilité aux actions en cours. Sur ce point les développeurs ont fait le choix de privilégier la qualité du gameplay au graphisme pour une expérience VR plus approprié. Mais ce choix dessert le portage Switch. desservir

Durée de vie :

Le point noir du jeu est sans nul doute la durée de vie. Avec 34 niveaux que l’on parcourt à toute vitesse, l’aventure se termine facilement en 5 heures. De plus la rejouabilité des niveaux est quasi nulle puisque les ennemis apparaissent toujours au même endroit. Pourquoi ne pas avoir prévus un mode ou les 34 niveaux pourraient être rejoué à l’infinie grâce à une apparition aléatoire des ennemis ou une disposition aléatoire des niveaux à la manière d’un Rogue-like ?

Une fois le jeu terminé, l’apparition de mode  de jeu supplémentaire comme Endless, Challenge mode, et quelques Extra, apportent des niveaux supplémentaires, mais ne justifie pas ce contenu trop léger dans un jeu qui à tout le potentiel pour être une grande aventure.

De plus cette version Switch ne propose même pas au joueur de tester les DLC en early access sorti sur la version PC, il faudra certainement repasser à la caisse pour cela !

Environnement sonore :

Pour sa part, l’environnement sonore est tout à faire correct, mais reste très minimaliste comme les graphismes qu’il accompagne. Les bruitages durant les phases de gunfight sont sans grand intérêt et il n’y pas du tout de musique dans le jeu à part le générique de fin. Seuls les bruitages de la partie interface sont très bien pensés pour amplifier avec goût cette immersion dans l’univers des pirates à la sauce année 80 !

Pour avoir connu le jeu en VR sur PC, cette version Switch ne rend pas hommage à l’idée première de l’expérience voulue par les développeurs. L’immersion immense associée au gameplay unique que l’on pouvait ressentir en VR s’est envolée. La faute à une Switch qui ne peut pas toujours mettre à l’honneur les portages. Malgré cette carence, le jeu reste plaisant à découvrir en toute circonstance, car le travail apporté au gameplay est à toute épreuve si l’on ferme les yeux sur le manque de contenu.

Originalité/Innovation : 9

Gameplay/Jouabilité : 6

Graphimes/Bande son : 5

Durée de vie/Prix : 5

Note : 65/100

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