La Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson
06 août 2019Ouverte en juillet 2016, la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson (CITA) est un lieu bien singulier regroupant une galerie d’exposition, des ateliers de restauration et des ateliers de tissage de lissiers, entièrement dédié à la tapisserie. Cette institution patrimoniale entend préserver une mémoire artisanale et artistique de plusieurs centaines d’années.
Aubusson et la tapisserie
La ville d’Aubusson est célèbre de par le monde pour la qualité de ses tapisseries et de son savoir faire. Devenue manufacture royale au même titre que les Gobelins ou la Savonnerie, mais avec des conditions d’exercices moins rigides, elle prospère durant l’Ancien Régime et l’on retrouve certaines pièces tissées dans cette ville dans les plus grandes cours européennes. Mais sa reconnaissance est mise à mal par la révocation de l’Edit de Nantes et le départ de nombreux lissiers protestants pour les Etats Germaniques. Aubusson est finalement parvenue à traverser les siècles, proposant des tentures et tapisseries toujours plus fines et colorées allant jusqu’à une qualité proche de la peinture dans la qualité de ses dégradés de couleurs et la finesse du tissage.
A la fin du XIXe siècle, et surtout au début du XXe siècle, la tapisserie opère un nouveau virage avec un retour aux sources et une volonté d’économie de moyens. Dans les années 30, des recherches sont menées pour retrouver la “manière médiévale” stylisée et économe en couleurs. Ensuite, les plus grands artistes contemporains se sont intéressés à la tapisserie, changeant son approche.
La CITA, qui fête cet été ses 3 ans, occupe l’ancien bâtiment de l’École Nationale d’Art Décoratif (ENAD) d’Aubusson. Entièrement réhabilité à cet effet, la collection de tapis et tapisseries y est en partie conservée.
Les travaux de réhabilitation de ce bâtiment des années 1970 ont conduit à la création de longs rideaux tissés faisant tout le tour des façades vitrées. L’intérieur a été refait à neuf et, grâce à une proposition audacieuse d’abaissement du plancher, la nef a vu le jour.
Dans tout le bâtiment l’on retrouve des tapisseries, dont plusieurs des pièces actuellement tissées sur place et consacrées à Tolkien.
Préservation des pièces et des savoir-faire
La CITA a une double mission : conserver le riche fond de tapisseries d’Aubusson dont la plus ancienne présentée dans le Nef est une licorne héraldique de la fin du Moyen Âge, datant de la même période que la célèbre tenture de la Dame à la Licorne du Musée de Cluny. La scénographie de la Nef est impressionnante, à la manière d’un décor de théâtre avec cordes, tringles et poulies. Le parcours chronologique permet de comprendre l’évolution des techniques de la tapisserie et du style jusqu’à la période contemporaine et les expérimentations des artistes. Des éléments vidéo sont présentés dans des “trous de souffleur” renforçant l’aspect théâtral. Chaque année, un quart des tapisseries exposées sont changées pour des raisons de conservation préventive.
Certains jours, il est possible de visiter les ateliers de lissiers, il faut se renseigner à l’avance. Il s’agit d’une rare occasion de voir un tissage basse lisse et de comprendre sa complexité.
Il y a régulièrement des appels à projets pour les artistes (visibles sur le site internet), préservant ainsi la vitalité de la manufacture.
La CITA est un lieu vraiment surprenant, non seulement par son bâtiment, ses missions mais également par le travail qui y est exécuté. Le seul inconvénient notable de la CITA est, bien qu’indépendant de sa volonté, son relatif isolement. En effet, si l’on vient en voiture, aucun souci, mais pour ceux qui viennent en train, il faut ensuite compter 1h de navette entre la gare et la CITA.