Le Dernier dragon t1 : chasse à l’oeuf de jade
01 mai 2019Jean-Pierre Pécau et Léo Pilipovic publient chez Delcourt le premier tome de leur nouvelle série en Bande Dessinée : Le Dernier dragon, qui nous replace dans une Europe médiévale où les dragons s’éteignent peu à peu sur fond d’intrigues politiques.

Depuis des temps immémoriaux, les hommes et les dragons cohabitent. Une confrérie de femmes dragonnières qui règnent sur les cieux sont les seules qui peuvent approcher les terribles créatures. La condition pour pouvoir approcher et chevaucher le farouche animal ? Être vierge … Mais voilà, les dragons se font de plus en plus rares. Pour ne rien arranger, la glande au sommet de leur crâne est une panacée universelle que les puissants du monde achètent à prix d’or. Pour cette raison, des chasseurs se lancent à la recherche de dragons sauvages ou non et les déciment. Alors que la situation semble perdue, l’espoir renaît quand un homme affirme avoir découvert un oeuf de dragon intact . Tous les puissants d’Europe se lancent à la recherche de cet oeuf, dont des mercenaires à la solde du pape qui convoite la précieuse glande et les dragonnières dont les dragons se meurent et ne se reproduisent plus. Bien entendu, tous les coups les permis dans cette chasse à l’oeuf.

Un doux mélange de fantasy et de politique
Ce récit a tout pour me plaire avec ses dragons (j’adore les dragons depuis bien avant Game of Thrones) , sa course poursuite vers le levant à la recherche de cet oeuf de dragon qui pourrait faire basculer le destin du monde. On sent dès les premières pages les luttes de pouvoir et la riche galerie de personnages au but et aux méthodes très différents. Une héroïne forte chevauchant son grand dragon d’un bout à l’autre de l’Europe est aussi un signe positif.
La vraie Histoire intervient également en la personne de Léonard de Vinci (dont on commémore cette année les 500 ans de la mort) ou encore les Visconti.
L’oeuf de dragon rend ici tangible les conflits plus ou moins larvés du début de la Renaissance et qui ont secoué l’Europe. Si les croisades sont terminées depuis peu, l’Orient et ses mystères fascinent toujours autant.

Pourquoi tant de clichés ?
Sur le papier, comme ça, c’est super ! Mais voilà, il y a des petites choses, tant sur le fond que sur la forme, qui ont obscurci ma lecture entamée avec joie.
La première chose sur laquelle j’ai tiqué, c’est la virginité des dragonnières. Avec les licornes c’est déjà bizarre (la corne, attribut phallique et la passion de l’animal pour les vierges), mais les dragons… c’est bien une nouveauté (parlez-en à Daeneyris). En fait, je ne comprends pas le culte de la virginité ( ce concept est d’ailleurs de plus en plus remis en cause par le secteur médical). Là où ça devient carrément gênant, c’est que si une dragonnière connaît bibliquement un homme, elle est rejetée par son dragon (jaloux l’animal) mais aussi par sa confrérie de nonnes guerrières (elle devient inutile à la cause quoi) et devient une sorte de sorcière aux mœurs dissolus et adepte des assassinats… (la sainte ou la putain pas d’entre deux). De plus, mis à part l’héroïne Umas qui semble être brune, toutes les autres dragonnières sont blondes et les sorcières des brunes incendiaires… qui dit cliché ?
J’ai aussi du mal avec les “bon mercenaires” qui accueillent une dragonnière déchue et esseulée (elle vient de perdre son dragon mais n’est pas encore une sorcière) sans lui faire goûter à leur virilité. Cette dernière affirme même “qu’ils sont d’excellents compagnons de route” quand on sait que les mercenaires se nourrissent de la guerre et gagnent leur vie en tuant, pillant et violant (c’est d’ailleurs dit dans les conversations), j’ai du mal à saisir où veulent en venir les auteurs.
Graphiquement rien à redire (de plus), c’est techniquement parfait tant dans les paysages que les personnages (en particulier masculins) et les dragons de toute beauté.
Pour conclure, je suis mitigée sur ce premier tome. Il y a de très bonnes choses (la majorité il faut bien le dire) et de grandes possibilités de développement. Le récit est d’ailleurs riche et plutôt bien mené. Je me demande bien comment va évoluer cette course à l’oeuf de dragon et j’espère que les points qui m’ont heurtée trouveront leur explication dans la suite de la série. Donc pour ma part c’est wait and see pour le second tome.
Dernier Dragon 01. L'Oeuf de Jade
Date de parution : 30/01/2019
ISBN : 978-2-7560-8086-4
Scénariste : PÉCAU Jean-Pierre
Illustrateur : PILIPOVIC Léo
Coloriste : THORN
Série : DERNIER DRAGON (LE)
Collection : TERRES DE LEGENDES