Exposition Meiji un art foisonnant à découvrir au musée Guimet jusqu'au 14 janvier

Le musée Guimet propose, jusqu'au 14 janvier, une exposition surprenante d’œuvres réalisées à l'époque meiji. On y découvre l'arrivée du goût occidental dans une production de haute qualité, souvent impériale, bien loin de ce que nous avons l'habitude de voir.

Une adaptation au goût occidental

Après près de 200 ans de fermeture presque totale, le Japon est forcé de s'ouvrir au monde par le Commodore Perry, en 1854. C'est l'épisode des fameux bateaux noirs. Peu de temps après, en 1868, le jeune empereur Meiji monte sur le trône et lance une modernisation à marche forcée du pays. Via de nombreuses Expositions universelles, le Japon entend montrer au monde la qualité de son art et de sa culture, espérant reconnaissance et vente à l'export. Ainsi, le Japon adapte sa production au goût occidental avec des pièces spectaculaires inhabituelles, faites pour marquer les esprits. Statues géantes, bronzes et mobilier chargé, céramiques et peintures intègrent des éléments susceptibles de plaire aux Occidentaux, un peut clichés, parfois kitch même, mais remarquables stylistiquement. Le succès est au rendez-vous et la Japanmania s'empare alors des foules européennes et des artistes, c'est la naissance du japonisme (dont on parle beaucoup cette année). Parfois, des œuvres occidentales inspirées du Japon sont si ressemblantes qu'il est difficile de les distinguer de la production originale. C'est d'ailleurs l'objet d'une des salles de l'exposition, plus ludique.

Une chose est certaine, les artistes Japonais, en particulier lors de commandes de prestige pour des cadeaux impériaux ou destinés à l'international, s'adaptent du goût européen à tel point que l'impression occidentale s’en trouve parfois biaisée. Ce fut ainsi un choc pour les visiteurs et les amateurs occidentaux, lors de l'exposition universelle de 1900 à Paris. Sélectionnées par HAYASHI Tadamasa des œuvres très différentes affluent dans le pavillon japonais. Sorties des temples, voire de certaines demeures seigneuriales elles ont pris le contre pied des présentations très commerciales des expositions précédentes et montrées le véritable art japonais ancien. Les œuvres présentées ici sont donc à mille lieux de ce que l’on connaît. C'est aussi beau que troublant pour les amateurs d'art japonais et les Japonais eux-mêmes.

Les importations de techniques européennes

La deuxième chose que l'on remarque, c'est l'importation de techniques européennes, que ce soit en art, mais surtout en industrie, ainsi que les modèles législatifs. En effet, le jeune empereur entend développer rapidement son pays pour rattraper les pays européens et traiter à égalité avec eux afin d'éviter le sort des pays voisins, à savoir la colonisation. À cette occasion, certains peintres japonais ont appris les techniques de la peinture occidentale, mais cette partie n'est pas vraiment développée dans l'exposition, ce que certains vont regretter.

Quoi qu'il en soit, j'ai été ravie pour ma part de découvrir autant œuvres aussi originales que rares. Certaines m'ont vraiment beaucoup surprise comme la magnifique sculpture en argent représentant un poisson dans les flots et, même si tout ne correspond pas à mon goût, elles illustrent parfaitement les efforts du Japon à l'orée du XXe siècle, et les profonds changements qu'il a opéré tout en parvenant à conserver son identité et ses traditions.