[tourisme] Découvrir Leeuwarden et sourire
18 juin 2018Cette semaine, j’ai eu la chance de me rendre pour quelques jours à Leeuwarden, une charmante petite ville située tout au nord de « l’autre pays du fromage » dont la richesse historique et culturelle n’a cessé de m’émerveiller. La capitale de la Frise, bien que trop méconnue en France, est actuellement capitale culturelle européenne pour l’année 2018.
Si Barbara chantait « Göttingen » je vais pour ma part vous chanter « Leeuwarden » (ok, la référence va un peu loin mais c’est pour la rime) qui est « bien jolie tout de même ». Avec tous ses musées et monuments, le dépliant en dénombre 600, je suis loin de les avoir tous vus et pourtant, j’ai pas mal marché. La ville n’est pas bien grande, mais il faut clairement regarder partout. Entre art de rue, plaques informatives (en néerlandais le plus souvent) et musées, il y a de quoi faire.
Alors qu’il pleuvait à Paris, c’est sous un radieux soleil et un thermomètre affichant 25°C à 27°C (oui, je suis une crâneuse) que j’ai visité la ville de naissance de la sulfureuse Mata Hari et du célèbre artiste Maurits Cornelis Escher (1898-1972). Ce dernier est le sujet d’une impressionnante exposition monographique au Musée de la Frise. Je ne connaissais de lui que ses travaux les plus tardifs (fan d’art optique) mais j’ai été sidérée par la qualité de ses paysages, tant par la finesse du travail que par le sens de la ligne et du cadrage. J’ai bien apprécié la scénographie, en particulier la reconstitution de son studio de travail. Cette exposition est l’un des temps forts de l’année pour le musée de la Frise, dommage qu’il ne soit pas permis de prendre des photographies. De ce musée, j’ai bien apprécié aussi la partie régionale totalement transversale, dont la salle principale, sorte de joyeux bazar, voit cohabiter deux peintures de Sir Lawrens Alma-Tadema (qui a passé son enfance dans la ville ; décidément que de célébrités dans le coin) avec des tableaux de bovidés, des costumes féminins régionaux (mention spéciale pour la coiffe de tête bijou, j’en veux un !!!), des portraits anciens, des armoiries, une plaque de tombe, etc.
L’autre musée qui m’a impressionnée à Leeuwarden, c’est le Princessehof, non ce n’est pas mon côté princesse Disney qui ressort mais j’aime bien les musées de la céramique (Adrien Dubouché à Limoges et celui de Rouen sont déjà sur mon tableau de chasse). Le bâtiment en lui-même est déjà chargé d’histoire puisqu’il a été construit pour Marie-Louise, première régente de la famille royale actuelle des Pays-Bas. Pour se faire une idée du style décoratif (un tantinet chargé) de l’époque, une chambre dans le style Orange-Nassau a été reconstituée. Si l’ensemble du palais était ainsi, il devait être très impressionnant, genre petit Versailles du Nord. Le musée conserve une très grande quantité de céramiques asiatiques. En effet, pendant longtemps, les marchands hollandais allaient en Chine et au Japon (malgré la fermeture du pays) et revenaient avec des cargaisons de porcelaine destinées au marché des « chinoiseries » (A l’époque le Made in China avait la côte en Europe). Pour l’anecdote, histoire de briller dans le prochain dîner de famille, la première femme occidentale à avoir posé le pied au Japon est Titia Bergsma (1786-1821) en 1817alors qu'elle accompagnait son époux. Elle est également originaire de Leeuwarden !
Non loin du musée Princessehof se trouve le Oldehove. Il s'agit du monument emblématique de la ville, cette tour penchée est un vestige de l’ancienne cathédrale de la ville, jamais terminée. Construite toute en briques sur un sol moitié dur, moitié meuble, l’édifice, avant même l’achèvement de sa construction, a commencé à pencher dangereusement. L’architecte a alors tenté de rattraper le problème en modifiant l’angle de construction des étages supérieurs, mais son décès a mis fin aux travaux. Les habitants de la ville affectionnent cette tour de Pise du nord qui prouve que, même si cela débute mal, cela peut bien se terminer. Il est possible de la visiter et l'ascension vous assure une vue imprenable sur la ville.
Lors de la visite de la vieille ville je me suis arrêtée devant la Grote of Jacobijnerkerk. Cette petite église, construite toute en briques dans le centre-ville, conserve quelques éléments du XIIIe siècle. Elle a la particularité d’avoir accueilli les tombeaux d’une partie des ancêtres de la famille royale actuelle, mais ces derniers ont été détruits lors de la Révolution française. La légende raconte que les enfants jouaient alors au ballon avec les crânes des princes et princesses. Les liens avec la famille royale de Hollande sont tout de même toujours visibles à l’arrière du bâtiment qui conserve toujours la porte destinée à la famille régnante. Il est amusant de constater que les niches sont maintenant occupées par de l'art contemporain. Juste en face de l’église se trouvait l’ancienne école juive. Mais la vaste communauté juive de la ville de Leeuwarden a été presque entièrement décimée lors de la Seconde Guerre mondiale. Le square représente le vide laissé par la disparition de cette partie de la population. C’est un lieu de mémoire. Juste en face se trouve un endroit un peu spécial surnommé "Le paradis". Depuis le XVIIe siècle jusqu'au début du XXIe siècle, les veuves isolées pouvaient venir y habiter. Ce lieu d'une grande sérénité est toujours apprécié par les femmes qui s'y rendent.
Le centre ville est un peu un musée à ciel ouvert avec ses maisons anciennes à l'architecture typique qui font immanquablement penser aux peintures hollandaises du XVIIe et XVIIIe siècle. Les rues commerçantes et les canaux dégagent un charme serein où il fait bon se promener. De manière générale, j'ai trouvé le prix des produits alimentaires inférieur à ce que l'on trouve en France. Par exemple, des cerises à 2€ le kilo. Il est ainsi possible de très bien manger dans de nombreux restaurants pour un prix tout à fait raisonnable. J'ai cependant été très surprise de constater que l'on paye la carafe d'eau. J'ai aussi goûté une très bonne glace à la noisette, orange sanguine et chocolat au De Vijff Roode Cruijsen, dans la ravissante rue commerciale Kleine Kerkstraat.
Voici également quelques lieux qui ont retenu mon attention :
Sint Bonifatiuskerk : légèrement excentrée par rapport au centre-ville historique, cette église catholique impressionne par ses dimensions, sa hauteur et sa décoration de briques. Une tempête a fait tomber une partie du clocher au milieu du XXe siècle, mais les habitants se sont mobilisés et les nouveaux éléments ont été posés en 1974.
Blokhuispoort : ce vaste bâtiment construit tout en briques rouges n’est autre que l’ancienne prison de la ville reconvertie en centre culturel. S’y trouvent un café-librairie, des ateliers, des boutiques et un théâtre.
Post plaza est également un bâtiment singulier. Cet ancien centre des postes et télégraphes de la ville, construit dans un style néo-médiéval, a perdu sa fonction postale en 1992. Il a été racheté par un fond privé qui l’a entièrement restauré en conservant le style architectural et en a fait un centre de conventions. Aujourd’hui, c’est un hôtel 4 étoiles (celui où j'ai séjourné) proposant tout le confort moderne. Il dispose également d'un restaurant offrant des plats élaborés avec des produits locaux.
Museumhaven est un quai où sont amarrés de nombreux anciens bateaux dont les plus vieux remontent au XIXe siècle. La majorité a été transformée en habitations privées, mais il est possible de visiter celui qui a été converti en restaurant.
11 fontaines ont été tout récemment installées pour commémorer les liens entre les villes de Leeuwarden, Sneek, IJlst, Sloten, Stavoren, Hindeloopen, Workum, Bolsward, Harlingen, Franeker et Dokkum autrefois reliées entre elles par une course de vitesse annuelle en patins à glace : l’Elfstedentocht. En effet, avec les hivers doux de ces dernières décennies, cette fête populaire est devenue impossible. A Leeuwarden, la réalisation de la fontaine a été confiée à l’Espagnol Jaume Piensa et représente deux enfants, une fille et un garçon, qui se font face. A Franeker, c’est le Français Jean-Michel Othoniel qui s’est occupé de créer la fontaine devant l’église protestante Martinikerk. Elle évoque le travail du grand astronome Jan Hendrik Oort.
Franeker justement. Située à 16 minutes en train de Leeuwarden, cette charmante petite ville recèle un véritable trésor : le planétarium. Qu’elle surprise ! Ce centre d’interprétation d’astronomie propose non seulement de redécouvrir l’histoire de cette discipline de la Renaissance à nos jours, mais conserve surtout le plus ancien planétarium encore en état de marche. C’est Eisa Eisinga, astronome amateur autodidacte, qui a créé ce dispositif impressionnant dans son salon à ses « heures perdues ». Mouvements du système solaire, phases de la lune, date, heure solaire, heure lunaire, signes du zodiaque, tout y est et à l’échelle s’il vous plaît ! 1mm = 1 million de Km et tout fonctionne parfaitement à la seconde près. Un de mes plus beaux souvenirs. Comme il faisait très beau, j’en ai profité pour manger dans le jardin un copieux sandwich au fromage de chèvre. Je n’ai pas pu visiter le second musée de la ville, mais il semble assez grand.
Pour conclure, Malgré 7h de train aller et autant au retour, j’ai passé un très bon moment à Leeuwarden. Il y a tant à faire, qu’une semaine sur place me semble raisonnable, d’autant plus si vous voulez visiter les villes alentours. Les habitants sont très gentils avec les touristes et il est facile de communiquer en anglais.
Visuels : photographies personnelles
Musée de la Céramique
Une architecture variée
Art de rue à Leeuwarden
Franeker
Planétarium Eisa Eisinga