Mardi 30 janvier dernier, la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) accueillait une conférence aussi intrigante qu’intéressante sur les difficultés et les nuances de la traduction des mangas en français, à l’occasion de la remise du 1er prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français.

Depuis 20 ans, la fondation Konishi récompense un ouvrage de littérature japonaise dont la traduction en français est particulièrement réussie. Cette année, pour la première fois, un second prix est attribué à une traduction française d’un manga japonais. Ce prix bi-annuel récompense un titre publié en France entre octobre 2015 et septembre 2017.

Les dix titres sélectionnés sont :

*Golden Kamui (ki-oon)

*Born to be on air (Pika)

*Père et fils (Ki-oon)

*Perfect world (Akata)

*One-punch man (Kurokawa)

*Innocent Rouge (tomkam)

*Dead dead demon’s dededede destruction (Kana)

*Chiisakobe (Le lezard noir)

*Le club des divorcés (Kana)

*Takane et Hana (Kaze)

Tous ces titres présentent des points de traduction particulier, que ce soit des termes de botaniques (Père et fils), des mots Aïnous (Golden Kamui), un langage hermétique (Dead dead demon’s dededede destruction) par exemple. Après plusieurs discussions, c’est finalement Sébastien Ludmann qui s’est vu décerner le prix pour son travail sur Golden kamui. Comme il l’a expliqué pendant la conférence, le plus difficile sur Golden Kamui c’est de rendre le langage le plus fluide possible en français tout en incorporant des termes Aïnous. Ces termes font d’ailleurs l’objet d’une validation auprès de l’éditeur japonais.

Outre la remise du prix de la fondation Konishi, l’intérêt de la conférence était clairement de donner la parole et de mettre en lumière le rôle de ceux qui traduisent dans l’ombre, cherchant toujours le mot juste et cohérent pour que nous, lecteurs, soyons irrésistiblement emportés par nos lectures. Métier ardu et méconnu, la traduction de mangas a aujourd’hui gagné ses lettres de noblesse littéraire. La France étant de second consommateur mondial de mangas après le Japon, avec près de 1500 tomes traduits chaque année, il était normal que les autorités s’y intéressent.

Il est d’ailleurs important de souligner l’importance du traducteur, car il imprime fortement sa patte dans le texte VF. Certains vont « écraser » à leur manière le texte original pour ressortir un langage fluide et cohérent, d’autres vont tenter de se rapprocher toujours plus du texte d’origine pour conserver la saveur initiale de l’œuvre. Les deux approches sont valables, à chacun de trouver son compte en lisant les ouvrages.

En deux heures de conférence, c’est un sujet dense qui a été abordé, avec une grande liberté de ton. Au sortir de cette soirée de débats, nous avions appris de nombreuses choses sur ce métier discret et nous nous sommes promis de porter encore davantage d’attention aux textes et à leur fluidité.

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