Costumes d'enfants, Miroir des Grands...
21 janv. 2011
L'exposition "Costumes d'enfants miroir des grands : hommage à Krishna Riboud (1926-2000)", présentée au musée Guimet du 20 octobre 2010 au 24 janvier 2011, nous entraine dans un monde lointain et exotique où les vêtements sont tant le reflet des pratiques sociétales que porteurs de mythes et de croyances. L'aspect du vêtement mis en exergue, c'est son symbolisme. En Asie comme ailleurs, le vêtement dépend de l'âge, du sexe, de la religion, de la condition, voire du métier ou de la fonction de celui qui le porte. Il en va de même pour les enfants, souvent perçus comme le prolongement de leurs parents et non comme des êtres à part entière.
Ce petit garçon, sur le point de se marier, porte un turban et un sabre (factice) traditionnel
Ce petit prince porte les vêtements de mahârâja (photo de la fin du XIXe siècle)
Chapeau rond de prince Indien (soie, perles, canetilles, paillettes, pierres fines) - Manteau (Choga) soie brochée XIX e siècle
Sari en soie de princesse indienne- tunique et turban de petit garçon
L'exposition se compose de trois grandes parties (en trois salles) :
- le costume d'apparat
- le costume religieux
- le costume populaire
Les costumes proviennent pour la plupart, de Chine et d'Inde, mais également du Pakistan, des Philippines, du Japon, ou de Corée.
Chogori (Corée)* Jifu : robe dragon (Chine famille impériale jaune et haut fonctionnaires autres couleurs souvent le bleu)*
Jifu
Jifu
La fonction religieuse est peut être la plus intéressante. La fonction profilactique des vêtements de jeunes enfants leur confère un décor chargé et coloré. La mortalité infantile étant très importante, les enfants jusqu'aux environs de 7 ans sont particulièrement choyés. De nombreuses croyances attribuaient les maladies infantiles, changements d'humeur et décès d'enfants à de mauvais ésprits qui entraient dans le corps de l'enfant alors que son âme n'était pas encore bien ancrée au corps. Pour contrer ces visiteurs inopportuns, l'enfant portait des amullettes en forme de cadenas pour celler l'âme au corps, des collerettes, chaussons, chapeaux à l'effigie de chiens, chats ou tigres, réputés pour faire peur aux mauvais esprits. Ces derniers ayant également peur du bruit, des grelots, pompons et autres éléments mobiles.
Certaines ethnies chinoises disposaient des amulettes de broderies complexes avec de nombreux entrelacs, puisque les démons ne sont sensés ne se déplacer qu'en ligne droite.
Au Japon, les kimonos sont taillés de telle sorte qu'il n'y ait pas de couture dans le dos, et on y plaçait des amulettes et des motifs dit "gardien du dos".
Dans plusieurs pays il etait également commun de surnommer et d'habiller les garçons en fille pour les rendre moins interessants .
Colerettes d'enfants (Chine)* Chapeaux d'enfants dit tête et oreilles de Chiens (Chine)*
Chaussons d'enfants dit tête de tigre ou tête de chien (Chine)*
Chapeau tête de chien (Chine)
Chaussons tête de tigre et chapeau oreilles de chien (Chine)
Kimono de petit garçon avec décor de pins sous la neige et amulette de cou
Concernant les costumes de cérémonies, ils sont très proche de ceux des adultes, puisqu'ils sont le prolongement de leurs parents. Ainsi, lors de grandes cérémonies, les enfants, notament les princes et les nobles arboraient des costumes reflétant leurs futures fonctions. Faire porter à un fils aîné de haut fonctionnaire le costume paternel dès l'enfance était sensé l'encourager à suivre l'exemple de ses prédécesseurs... Il était aussi d'usage de transmettre certains vêtements de valeur de générations en générations.
La dernière section, regroupe des vêtements, certes un peu moins spectaculaires, mais tout aussi intéressants. Des vêtements traditionnels sont présentés avec des explications sur la manière dont ils sont créés, les coutumes rattachées.
Tunique d'enfant avec broderies au point de chaînette et miroirs- Enfants japonais de la fin du XIXe siècle (ére Meiji)
Montage photographique de nombreux clichés d'enfants japonais du XIXe siècle
Adrian, collection Dior par John Galliano
La fin de l'exposition met en rapport la persistance du costume traditionnel et la mondialisation des goûts.
On peut remarquer qu'aucun détail technique sur le tissage ou la broderie n'est oublié, cependant, les termes techniques ne sont pas expliqués...
Shoulao (dieu de la longevité), Chine fin XVIIIe début XIXe sièce , l'enfant porte une tunique en patchwork dite "des cent familles"
Cette belle exposition a également le mérite d'aborder un sujet assez et méconnu...
*Les photographies avec astérisque sont de moi, les autres viennent d'internet (en majorité du dossier de presse semble t-il)