Long métrage ésotérique d’ambiance, Les Maudites de Pedro Martín-Calero sortira dans les salles plus qu’obscures le 21 mai prochain.

Affiche du film. Sur fond noir se détachent quatre visages à l'horizontal qui semblent émerger de l'obscurité. Le premier visage est celui d'Andréa, le seconde celui de Marie, Puis celui de Camila et enfin celui du vieil homme en noir. Le titre du film est écrit en rouge en dessous.

Andréa, jeune étudiante dans la vingtaine, vit une relation à distance avec Pau son petit ami, actuellement à Sydney. En froid avec ses parents, elle découvre qu’elle a été abandonnée à la naissance. Alors qu’elle est déjà en proie au trouble, elle commence à sentir une présence invisible à ses côtés. Autre temps, autre lieu, Maria est en proie à un mal indicible et seule Camila comprend ce qu’il se passe. Mais le mal est profond et puissant.

Trois femmes

Andréa est devant son ordinateur et elle remarque quelque chose d'étrange sur l'cran de son téléphone

Tout commence avec Andréa, jeune femme tourmentée qui voit sa vie basculer peu à peu dans l’horreur sans que ses proches ou son entourage ne la croit. Seul Pau veut l’aider, mais il est fauché par le mal mystérieux. Andréa sombre peu à peu dans la dépression malgré la présence de ses amies et de sa famille.

Camila est dans la rue avec une caméra des années 1990 type reportage. Elle film quelque chose qui la surprend à travers une grille.

Autre temps autre lieu, Camila est une étudiante en cinéma de l’université de La Plata en Argentine fascinée par Marie, une jeune femme magnétique. Peu à peu, Camila se rapproche de Marie et se rend compte que son amie souffre d’un mal familial. Incomprise par son père, Marie s’enfonce inexorablement jusqu’à ce qu’un malheur touche Camila.

Marie est dans une pièce sombre uniquement éclairée par son briquet

Marie, sous ses apparences de jeune femme libre et indépendante, vit un véritable drame et personne ne semble comprendre ce qui ne va pas chez elle. Mais quand elle rencontre Camila, le déclic se produit. mais la spirale du mal est déjà enclenchée.

Marie a été projetée a sol sur du carrelage et regarde devant elle, sans voir ce qui s'est passé.

La folie ou autre chose

Andréa est dépressive et incomprise par son entourage. Son téléphone lui a révélé quelque chose que les yeux ne peuvent voir et la peur la ronge en permanence malgré le soutien incrédule de ses proches. Il est avancé que le mystère de son adoption et le traumatisme de la perte de Pau sont à l’origine de son mal-être. Parfois, sur son téléphone, elle entend des lamentations de femmes déchirantes sans aucune raison.

Marie est qualifiée par son entourage de folle. Que ce soit son père ou ses amants, aucun ne comprend ou ne veut comprendre ce qui la ronge. D’ailleurs le sait-elle elle-même ? Il n’y a guère que Camila qui se préoccupe réellement d’elle et qui comprend que quelque chose d’autre se trame.

Sur la forme, le film est très léché avec ses jeux de lumière, ses flashbacks, sa bande son qui sait laisser la place aux silences pesants. Les actrices sont très convaincantes dans leur rôle respectif et la pression monte rapidement. Le réalisateur sait brouiller les pistes, évitant les facilités de mise en scène, même si on ne nie pas des influences visibles de ses glorieux pairs.

Andréa est dans le hall d'un immeuble qui semble l'attirer. Ses deux amies sont coincées derrière la porte.

Plus qu’un film d’horreur malgré la présence du surnaturel, Les Maudites parle à mots couverts de violences faites aux femmes par le système patriarcal et ce contrôle coercitif sur des centaines de générations. Cette violence est tellement intériorisée et banalisée que les femmes qui en sont victimes ne sont pas crues par leur entourage qui minimise ou les traite de folles. Ce sous-texte n’est pas forcément visible au premier visionnage. Il faut cependant rappeler que depuis le début des années 2000, l’Espagne a fait de nombreuses avancées dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Il faut donc saluer le choix de cette thématique par le réalisateur. Il convient également de mentionner Isabelle Peña, la talentueuse scénariste. Je pense que ce film parlera davantage aux spectatrices mais il serait dommage de penser qu’il s’agit d’un film militant. On parle ici d’un film d’ambiance sur fond de fait de société traité de manière allégorique pendant 1h46.

Pour information, le film a déjà reçu plusieurs prix : San Sebastian 2024 - Coquille d'Argent de la meilleure mise en scène PIFF ; Sélection officielle Festival fantastique Gérardmer - Prix du Jury Jeune et Prix de la Critique.

Réalisateur Pedro Martín-Calero

Producteur Eduardo Villanueva , Nacho Lavilla, Fernanda Del Nido, Cristina Zumarraga, Pablo E. Bossi , Juan Pablo Miller, Jérôme Vidal.

Avec Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa, José Luis Ferrer

Festival(s) & PrixSan Sebastian 2024 - Coquille d'Argent de la meilleure mise en scène PIFF - Sélection officielle Festival fantastique Gérardmer - Prix du Jury Jeune et Prix de la Critique

Pays Espagne

Langue Espagnol

Version VO-VF-ADSME

Durée 1 heure 46 min

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