La Vérité Kore-Eda : Un fantôme entre elles
21 déc. 2019Kore-Eda, réalisateur japonais que l’on ne présente plus (Une affaire de famille, The Third Muder, I Whish nos vœux secrets, etc.) s’est tourné vers la France et deux actrices légendaires pour son nouveau film La Vérité. L’on y retrouve donc Catherine Deneuve et Juliette Binoche dans un face à face mère-fille où les non-dits et les fantômes du passé ne sont jamais loin.

Pour fêter la sortie de l’autobiographie de sa mère Fabienne, actrice adulée par le public et la critique, Lumir arrive de New york avec sa famille, après de nombreuses années d'absence. Dans la maison familiale, les souvenirs refont surface et, avec eux, les fantômes et les non-dits du passé. Au même moment, Fabienne débute un tournage éprouvant.

Une relation difficile
La mère, comédienne française de renom au fort caractère, et sa fille, installée à New York comme scénariste, se retrouvent dans la maison familiale parisienne. Rapidement, les tensions sont palpables et les piques pleuvent. La mère a tout de la diva autocentrée et écrasante qui critique très régulièrement sa fille et ses choix. De son côté, Lumir semble en vouloir à sa mère pour son égoïsme et son absence dans sa jeunesse, n'hésitant pas à lui ramener brutalement les pieds sur terre. Mais les reproches se font plus précis, plus cinglants quand les fantômes d’une chère disparue se font de plus en plus présents et se dressent entre-elles.
Autour de ce duo gravitent de nombreux personnages souvent attachants et qui, dans certains cas, permettent de débloquer les situations et surtout les souvenirs.

Les tours de la mémoire
Car plus que de la négligence, c’est un sentiment de culpabilité qui mine cette relation.
Mais la mémoire parfois joue des tours, et ce que l’on croyait se souvenir n’est peut-être pas toujours vrai. Il est plus simple de se concentrer sur le négatif et le ressasser sans cesse que de chercher à comprendre ou encore se remettre en question.
Parfois, la mémoire joue des tours et l’on s’imagine plus que l’on se souvient, remplaçant les gens ou les lieux.

Le cinéma comme miroir
Loin des chroniques sociales japonaises chères à Kore-Eda, ici l’intrigue se passe dans le milieu de faux-semblants du cinéma. L’envers du décor est montré avec son travail, mais aussi les mesquineries et les jalousies. Fabienne est une Diva chancelante face à la montée d’une jeune première troublante qui la renvoie à son propre passé.
Il ne fait aucun doute que cette carrière d’actrice qui lui a apporté la lumière et concrétisé ses rêves l’a également éloignée de sa famille et de ses amis. Pour autant, il n’y a pas de critiques du milieu du cinéma.

La Vérité est un film intéressant et surprenant qui tranche avec les précédentes productions du réalisateur d’une affaire de famille ou de The Third murder. Cette fois-ci, point de critique sociale ni d’indicible secret de famille, mais l’histoire d’une mère et de sa fille que tout oppose mais qui tentent de se retrouver. On retrouve le thème cher à Kore-Eda de la famille et l’on salue le travail réalisé dans une langue et avec une équipe entièrement française.
