Beastars, la série zoo-anthropomorphique à succès de Paru Itagaki publiée chez Ki-oon, s’enfonce dans la complexité d’un monde où herbivores et carnivores cohabitent. Un Zootopie où les instincts sont sur le point de se réveiller.  

Après un passage mouvementé au marché noir, Legoshi est un peu perdu, mais il semble prêt à faire face à ses sentiments pour Haru. De son côté, la jeune et jolie lapine est déjà engagée dans une relation secrète compliquée mais sincère. Alors qu’un triangle amoureux se dessine, une nouvelle protagoniste est sur le point d’entrer dans la danse.   

Les amours inter-espèces

Si les différents animaux vivent en paix (précaire mais en paix quand même) il est deux tabous gravement réprouvés par la société : le fait pour un carnivore de manger un herbivore et les unions inter-espèces. 

Si le premier tabou revêt clairement un aspect moral en réprouvant la loi du plus fort et en polissant les mœurs, le second est déjà plus surprenant. Après-tout, pourquoi empêcher des personnes de s’aimer s’ils sont consentants, juste parce qu’ils sont d’espèces différentes ? 

Si l’amour inter-espèces semble toléré entre deux herbi ou deux carni, il doit cesser dès l’entrée dans l’âge adulte. Là, je me pose tout de suite une question, des enfants peuvent-ils naître de ces unions mixtes ? Car dans la nature, seules les espèces très proches peuvent se reproduire (genre un âne et un cheval ou un lion et un tigre) et la descendance à naître est généralement stérile. Donc finalement, en quoi ça gêne les gens ? 

Autre volet des amours inter-espèces encore plus délicat, si un carni s’éprend d’un herbi, est-ce vraiment de l’amour ou bien une déformation de ses instincts de prédateur ? Là, ce n’est pas moi qui pose la question, mais l’auteur. En allant plus loin, Legoshi est-il amoureux de Haru ou éprouve-t-il un mélange complexe de culpabilité pour l’avoir attaquée et une pulsion envers celle qui l’a traité en mâle adulte pour la première fois ? Je ne sais pas si l’auteur y a pensé en parlant d'instinct dévoyé, mais j’ai lu un article  documentaire sur le comportement de prédation de jeunes phoques sur des manchots, et pas pour les manger ( Ne cliquez pas si vous voulez garder votre innocence). 

Mais revenons à nos héros. Dès le premier tome, Haru est présentée comme une nymphomane qui saute sur tous les garçons, en couple ou non, lapin ou non. Outre la réputation de fille facile et de briseuse de couple dont elle pâtit, il y a également la notion de ne pas se mélanger avec d’autres espèces comme un lapin arlequin, pour préserver la pureté de la race de celui-ci … Parler de pureté de la race, ça me dérange un peu, pas vous ?   

Herbi et Carni sur le chemin du Beastar 

S’il semblait évident pour tout le monde que Louis est le prochain Beastar, même s’il est herbivore, Legoshi a fait forte sensation lors de sa représentation théâtrale. Cependant, le titre ne semble pas l’intéresser outre mesure. De son côté, la jeune et jolie Juno, forte de sa beauté et de son charisme de louve, souhaite aussi entrer dans la course au titre.

De plus, on apprend que dans l’ombre, les carni font des vagues. Il se prépare quelque chose dont les herbi, Louis en première ligne, risquent de faire les frais. 

Le titre honorifique qui a donné son nom à la série est pour le moment assez nébuleux mais semble suffisamment important pour entraîner de telles conséquences. Je suis certaine que la suite de l’intrigue va nous éclairer sur ce point : le véritable rôle de Beastar. 

La série continue sur sa lancée et les révélations sur le tragique passé de Louis permettent d’’expliquer sa psychologie farouche et vindicative. Legoshi, perdu depuis le précédent tome,et son passage au marché noir, semble maintenant résolu à tout dire à Haru. Cependant, il me semble que dans tout ça on a un peu perdu de vue le meurtre de Ten qui était l’événement du premier tome et demandait des réponses.

Retour à l'accueil