Le monde vu d’Asie, une exposition du musée Guimet à voir jusqu’au 10 septembre 2018

Jusqu’au 10 septembre 2018, le musée national des arts asiatiques Guimet propose une exposition fort originale sur le monde vu d’Asie à partir de textes, d’objets, mais surtout de cartes. Ou comment sortir de l’européocentrisme.

Les nombreuses cartes exposées présentent des visions très différentes du monde ou tout du moins de la zone représentée. La cosmogonie du monde et la religion sont présentées sur des cartes très stylisées où paysages, reliefs et épisodes mythiques sont représentés au milieu de villes existantes, comme pour la carte de pèlerinage indienne.

Les représentations sur les cartes sont différentes d’un pays à l’autre, mais parfois aussi d’un village à l’autre comme le montrent les 6 cartes locales cambodgiennes.

Certaines cartes sont également un reflet de l’intérêt de celui qui les commande et sont donc un marqueur géopolitique.

Les cartes, quelque soit leur portée, sont nécessaires à plusieurs titres ; en particulier pour l’administration de la région, mais également pour les entreprises militaires. Plusieurs exemples sont visibles dans l’exposition. Que ce soit pour l’une ou l’autre de ces raisons, les cartes sont alors très détaillées et comportent de nombreux toponymes.

Les cartes s’avèrent également très utiles pour le commerce et la navigation.

Pendant très longtemps, les contacts avec l’Occident sont très restreints et la transmission des informations se fait par la périlleuse route de la soie. Si les missionnaires jésuites apprennent le chinois et vont s’installer dans l’empire du milieu, apportant des connaissances en géographie, le Japon est complètement fermé aux étrangers à l’exception de la petite île de Dojima.

Louis XIV recevait pourtant les ambassadeurs du royaume de Siam, mais sur les cartes, l’Europe est encore insignifiante et mystérieuse.

Il faut attendre le XIXe siècle avant que l’Europe n’intéresse les cartographes asiatiques, mais la colonisation est déjà en marche. Cette conquête coloniale change la donne. Les autorités locales et surtout les conquérants établissent des cartes précises de leurs avancées mais aussi des côtes pour connaître les ports de mouillage et les emplacements des bans de sable etc. Le Japon parvient à rester indépendant mais, forcé de s’ouvrir au monde extérieur, il étudie l’Occident au travers de journaux d’art, ce qui crée des visuels assez originaux.

Pour conclure, l’exposition le monde vu d’Asie propose un sujet original et intéressant servi par quelques pièces remarquables. L’on y voit le monde d’une autre manière, moins européocentrée, tout en comprenant que chaque culture à sa manière de concevoir le monde qui l’entoure. Les cartes ont un rôle central dans la création des villes, mais également dans l’administration locale. L’exposition n’est pas spectaculaire dans le sens où on l’entend habituellement, avec un éblouissement visuel, mais le travail accompli est, lui, spectaculaire.