Abracadabra de Pablo Berger : une comédie familiale surprenante
09 déc. 2017Hypnotisant les foules médusées à partir du 3 janvier, Abracadabra, le dernier film de Pablo Berger (Blacanieve) est une comédie teintée de surnaturel aux nombreux rebondissements.
Carmen est une jolie quadra délaissée par son époux Carlos, un grutier macho et misogyne. Elle et sa fille vivent dans la crainte de cet homme qui peut se révéler brutal et emporté. Pourtant, à l'occasion du mariage d'un de leur cousin, Carlos est volontaire pour se faire hypnotiser. C'est alors que s'opère un changement en lui. Il devient charmant, prévenant, bref un époux idéal. Cependant, que cache vraiment ce changement ?
Une comédie grinçante ...
Abracadabra pourrait être une satire sociale ou un film féministe, mais il n'en est rien. L'action se déroule dans un milieu populaire, Carmen et sa fille, aux looks clinquants, dépendent totalement de Carlos, époux et père qui, en plus de son machisme proche de la caricature, manque cruellement de savoir vivre. Les personnages hauts en couleurs, les situations rocambolesques, le crime font penser immanquablement aux films de Pedro Almadovar. Certaines scènes sont vraiment surprenantes, à la limite du surréalisme, comme la visite immobilière ou encore la visite à l’hôpital. Pourtant le film n'est pas engagé socialement, ce qui pourrait alourdir le propos.
...Saupoudrée de surnaturel
Mais ce qui donne tout son sel à ce film, c'est le coté surnaturel. Hypnose, possession, inconscient … les personnages sont confrontés à des situations où le rationnel perd pied. Ce n'est pas un film sous tension permanente comme dans Personal Shopper d'Olivier Assayas. Il y a très régulièrement des passages drôles attestant que l'on est bien dans une comédie. Ce surnaturel permet également de rythmer l'ensemble et de surprendre perpétuellement, sans aucun signe pour guider le spectateur vers le final surprenant.
Une héroïne qui se métamorphose
Carmen est une héroïne qui évolue beaucoup au cours des 1h36 du film. De femme soumise, elle fait tout pour trouver des solutions à la situation qui la dépasse. En quelques jours, sous le coup de l'émotion, des nécessités et de ses nouvelles rencontres, elle prend sa vie en main et fait des choix des plus importants.
La mise en scène va crescendo, mélangeant kitch assumé et petits pics angoissants, détendue par les personnages décalés. Il y a de bonnes idées de mise en scène et les effets spéciaux sont généralement pas mal. Coté musique, la bande originale est assez diversifiée avec du disco, du rap espagnol, la danse des canards et même le thème principal de l'Exorxiste.
J'ai d'abord été surprise par ce film, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre. Je ne connaissais pas le travail de Pablo Berger avant ce film. Je me suis attachée au personnage de Carmen, femme un peu paumée et délaissée qui se prend en main. J'ai également été séduite par le scénario alambiqué qui m'a rappelé les films d'Almadovar, avec le surnaturel en plus. Un surnaturel qui ne fait pas peur et qui apporte du piquant à l'ensemble.
Ainsi, Abracadabra n'est peut être pas un grand film, mais bien une comédie familiale. L'on passe un bon moment et l'on est surpris par la tournure des événements sans jamais deviner ce que la scène suivante nous réserve.