Qui dit rentrée dit nouvelle série, et c’est une bonne pioche chez Delcourt-Tonkam avec la Malédiction de Loki par Hachi, dont les deux premiers tomes sont sortis simultanément. 


Dans une époque non déterminée, mais qui laisse penser au XVIIIe siècle, une jeune orpheline du nom d’Aisya souffre d’une étrange maladie. Ne pouvant sortir de l’orphelinat, elle passe ses journées à peindre mais, fait étrange, quelques gouttes de son sang permettent de donner vie à ses sujets. Elle décide alors de peindre pour aider ses semblables. Dans sa solitude, elle ne peut se confier qu’à Loki, un petit garçon qu’elle a dessiné mais que personne ne peut voir. Pourtant, Loki est bien vivant et la seule présence d’Aisya suffit à le combler. Hélas, la maladie de la petite fille finit par avoir raison d’elle. Avant de mourir, elle demande à Loki de brûler ses peintures perverties par les Hommes…

Le pouvoir des peintures

Le plus grand intérêt des peintures réside dans le pouvoir conféré par le sang de la jeune artiste. Si les sujets sont généralement assez modestes, aider un jardinier vieillissant, aider un homme à retrouver le sommeil, permettre aux personnes éloignées de communiquer aisément, etc. ils peuvent prendre vie et aider leurs propriétaires. Conçus comme des bénédictions, la petite Aisya est ravie de pouvoir aider les autres malgré sa faible constitution. 

Hélas, bientôt la réputation de ses peintures fait affluer des demandes de tout le continent. Elles se négocient à prix d’or et Aisya est contrainte de peindre chaque jour davantage. Mais la cupidité des Hommes ne s’arrête pas là. Les peintures exploitées au delà de leurs capacités par leurs propriétaires deviennent maléfiques, voire meurtrières. La petite fille est alors qualifiée de sorcière et ses peintures maudites, sans que personne ne remette en cause les utilisateurs. 

Une promesse difficile

Affaiblie par le travail de peinture toujours plus difficile et ses conditions de vie qui se dégradent, Aisya et en plus profondément meurtrie par le mal que peuvent causer certaines de ses œuvres. Juste avant de mourir, elle donne vie à Loki et lui demande de détruire toutes ses peintures pour stopper le maléfice. 

Malgré la peine causée par la perte de sa créatrice, Loki part donc à la recherche des peintures désormais maudites. Les années passent et Loki grandit tout comme sa haine des hommes qu’il juge responsables de tous les malheurs d’Aisya. Heureusement, au fil du temps, il s’est trouvé des alliés et une arme vraiment unique et seule à être efficace. Mais outre la dangerosité des peintures et le fait qu’elles soient disséminées dans tout le continent, un autre danger se profile. 

Les liens par delà le temps et par delà le sang

Loki est très attaché à Aisya, non seulement c’est sa créatrice, mais en plus elle était sa seule amie. Il a très rapidement compris comment les autres traitaient la petite et l’exploitaient. Il semble éprouver une certaine pitié pour les œuvres perverties devenues monstrueuses. Il a également de nombreux collègues mais ne semble pas forcément les apprécier, certains étant vraiment étranges. Cependant, lors de l’apparition de Lice, son attitude commence à changer, d’autant que la petite fille a des aptitudes extraordinaires. 

Graphiquement, le titre est parfaitement dans son temps, dynamique, plein de détails, avec une petit Lice bien mignonne, un Loki ténébreux et une foule de personnages au design travaillé. Il y a de nombreuses scènes d’action et des monstres peu ragoûtants. L’ensemble n’est pas gore du tout. C’est tout bon pour moi. 

Ainsi, les deux premiers tomes de la malédiction de Loki offrent une histoire assez originale de peinture qui prend vie au contact du sang. C’est un peu le rêve de tout artiste de donner vie à son art de cette manière ultime. Ici, l’on voit bien que les pouvoirs, au départ bénéfiques de ces œuvres, ont été pervertis par l’avidité humaine. Est-ce une manière de critiquer l’art car la spéculation dénature la création artistique ? Je ne pense pas que l’auteur ait été jusque là, mais c’est tout de même une possibilité à explorer. Pour le moment, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, on verra bien comment ils se développent. Mais en tout cas, je trouve l’histoire bien partie.

 

Titre japonais : Majo no Kaigashu / 魔女の怪画集

Scénario et Dessin : Hachi

Format : 128x182, 208 pages, broché

Prix : 7,99€

Manga avec 5 tomes en cours au Japon

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