Issak t1: Le samouraï de la guerre de 30 ans

30 mars 2019

Voilà un titre bien étrange, avec Issak, Shinji Makari et Double-S proposent chez Ki-oon un titre dense et surprenant sur un des épisodes les plus sanglants de l’histoire Européenne : La Guerre de 30 ans.

ISSAK © Shinji MAKARI, DOUBLE-S / Kodansha Ltd.

En ce début de XVIIe siècle, catholiques et protestants de toute l’Europe s’opposent dans une guerre particulièrement meurtrière : la Guerre de 30 ans. Au milieu de toute cette folie et de cette vindicte religieuse se trouve Issak, un samouraï errant en quête de vengeance.

L’homme de la situation

C’est avec surprise que le prince Heinrich, chargé de défendre la forteresse de Fuchsbourg face aux troupes espagnoles voit arriver en renfort un seul homme. De plus, ce dernier a une allure étrange, de longs cheveux noirs, des yeux bridés, une armure et un long sabre. Il parle hollandais avec un fort accent et n’a pas la même mentalité que les autres mercenaires. Mais que peut un seul homme en renfort alors que la forteresse va subir l’assaut de 9 000 catholiques fanatisés ? Heureusement Issak a plus d’un tour dans son sac et, en guerrier au sang froid remarquable, il sait quand frapper.

Un surprenant fait historique

Ravageant les territoires de l’actuelle Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas, ce conflit de triste mémoire est l’un des plus sanglants qu’ait connu l’Europe. Les rois et les princes se sont alliés en tous sens, dépassant le conflit religieux de départ. Alors qu’une vague de froid touche le continent, les populations n’ont plus de ressources ni de répit. Les crimes des mercenaires se multiplient dans l'indifférence générale, chacun cherchant à survivre.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il semble que dans le chaos ambiant, des samouraïs japonais soient venus en Europe guerroyer, à l’image d’Issak.

Au début, j’ai pensé à une pirouette scénaristique, mais les explications de l’auteur semblent convaincantes. Je me suis un peu renseignée quand même, et il semble qu’en effet des samouraïs aient quitté le Japon soit avec les portugais, soit avec les hollandais (plus rare encore). En ce qui concerne ceux qui ont quitté le Japon avec les portugais, ce sont le plus souvent des damios ou des samouraïs convertis au catholicisme par les jésuites. Les persécutions anti-chrétiennes du shogunat a poussé une partie de ces guerriers à l’exil vers le vieux continent. Si vous visitez Dejima à Nagasaki, c’est un petit peu abordé. Pour information, il y a aussi des marchands japonais qui se sont installés au Mexique.

Mais revenons au manga Isaak, les graphismes sont impressionnants, à la fois très travaillés, détaillés et dynamiques. L’on est véritablement propulsé au cœur de la bataille, avec la boue, le bruit, la fumée et le sang qui gicle. Double-S est un dessinateur de grand talent, mais on le savait déjà.

Issak est un personnage franc et un excellent guerrier. Son sens de l’honneur est très différent de celui des autres personnages, mais il est appréciable de voir que, malgré sa soif de vengeance, il ne trucide pas à tout va mais prend le temps de la réflexion. Les autres personnages ne sont pas vraiment développés, mais ils tiennent leur rôle. La jeune Zetta (seule touche féminine pour le moment) me semble un peu naïve et insouciante pour cette période.

Issak est un titre résolument sombre, tourné action et valeurs martiales et morales du bushido. Il est également intéressant de mettre en lumière cette sombre période de la fin de la Renaissance. J’aime bien les manga d’Histoire et j’aurai bien aimer voir les sources d’inspiration de Shinji Makari pour me faire une idée. En tout cas je lirai la suite.