Souvenir d’Emanon : la voix des âges

13 janv. 2019

Les éditions Ki-oon proposent dans leur collection Latitudes une charmante adaptation en manga du personnage de science-fiction de Shinji KAJIO sous la plume du mangaka Kenji Tsuruta.

OMOIDE EMANON © Shinji Kajio, Kenji Tsuruta / TOKUMA SHOTEN PUBLISHING CO., LTD.

Une nuit, lors d’une traversée en ferry, deux jeunes gens se rencontrent et se parlent. La jeune fille, aussi mystérieuse que vaporeuse, parle de son passé au jeune étudiant médusé et fasciné. Cette nuit d’éternité restera gravée dans la mémoire du jeune homme et possiblement dans la mémoire des lecteurs.

Emanon est une étrange jeune femme regroupant en elle la mémoire de l’humanité, sa philosophie est de ce fait très étrange. Elle est mue par une force irrésistible, un besoin de voyager, de découvrir puis de rencontrer un homme. Elle se pose également des questions sur sa vie, sa raison d’être et surtout la raison de sa prodigieuse mémoire. La discussion avec le jeune homme la rassure, elle qui n’ose plus se mélanger aux autres.

Emanon est un personnage fantastique et fascinant. Jusqu’à la fin, on ne sait si elle dit la vérité ou si elle se joue du jeune homme un peu naïf. Le jeune homme est également intéressant. Ses choix de lecture lui ouvrent l’esprit et lui permettent non seulement de s’ouvrir de nouvelles perspectives, mais font également remonter des souvenirs doux-amers pour la pas si jeune femme.

Graphiquement, le titre est très réussi, avec une jeune fille mignonne à souhait aux yeux aussi malicieux que mélancoliques.

Ayant lu ce premier tome après le second (oui ce n’est pas logique, mais ce n’est pas gênant) je l’ai trouvé plus contemplatif et moins varié. Emanon est pensive et parfois taquine, mais on sent qu’elle se pose beaucoup de questions. Sa rencontre avec le jeune étudiant lui ouvre de nouvelles perspectives. Je trouve toujours ce récit très intéressant dans sa manière d’interroger la mémoire et le rôle de chacun. Emanon se souvient de tout, depuis toujours et cela lui pèse beaucoup. Je veux bien croire qu’en plus de 3 milliards d’années, la pauvre ait une masse de mauvais souvenirs, mais elle doit aussi avoir des souvenirs fantastiques. Hélas, comme elle le souligne, les Hommes oublient et perpétuent les mêmes erreurs sans cesse. Pour l’historienne de formation que je suis, cela résonne en moi et fait cruellement référence à l’actualité.

Si vous avez l’occasion de lire cet ouvrage et le suivant, je suis certaine que vous y trouverez quelques réflexions intéressantes.