Le musée Guimet (l'un de mes chouchous parisiens) propose, jusqu'au 12 mars, de découvrir ou de redécouvrir l'épopée de son fondateur, Émile Guimet (1838-1918) et de son acolyte, le peintre Félix Régamey (1844-1907) en Asie, mais également aux USA, au travers d'une séléction de peintures et d'objets rapportés par leurs soins.

Il était une fois

Tout débute par la découverte d'une teinture : le bleu Guimet, qui assure la fortune de la famille éponyme. C'est grâce à cette invention de son père qu’Émile Guimet a pu se consacrer à ses nombreuses passions, tout en dirigeant l'entreprise familiale. Connu pour son amour de l'Asie, Émile Guimet est tout autant passionné par les religions. Le déclic se produit en Égypte où il est fasciné par le panthéon des divinités antiques et la richesse alors insoupçonnée de la mythologie égyptienne. Plus tard, il découvre les Amériques qu'il traverse avec son ami. Il y découvre une jeune nation moderne, mais également un grand nombre de tribus indiennes. Bien décidé à découvrir l'Asie, il obtient une mission d'étude de la part du gouvernement. 1876, Guimet et Régamey embarquent alors pour un voyage de 10 mois qui va changer leur vie, mais également notre vision de cette aire géographique.

Arrivé au Japon, les deux hommes sont subjugués. Le pays est encore inconnu et mystérieux, pour cause, il ne s'est ouvert aux étrangers que quelques années auparavant. Ils y font la connaissance de nombreux dignitaires, principalement religieux, et sont frappés par les religions présentes et leur implication dans la vie quotidienne. Ils rapportent croquis, et de nombreuses œuvres. Ils arrivent ensuite en Chine, mais le pays vit une période trouble et ils repartent rapidement. Ils passent ensuite par l'Inde et l'Asie du Sud Est où il constatent de grandes disparités dans les pratiques bouddhistes.

A leur retour, Regamey débute un grand cycle de toiles dont une partie a été restaurée et exposée pour l'occasion. Cet ensemble de toiles est aujourd'hui dispersé, et une partie non localisée, les autres sont souvent très abîmées. Trois de ces toiles étaient déjà présentées au Musée d'Ethnologie de Genève, dans l'exposition Le Bouddhisme de Madame Butterfly en 2015.

Une exposition très personnelle

Cette exposition n'est pas anodine et revêt un caractère particulier pour le MNAAG. Il est question non seulement de son fondateur, mais surtout de sa propre fondation. En effet, avec cette étude sur les religions asiatiques, Guimet pose les bases de son futur musée consacré aux religions du monde et pour lequel il a acquis une très riche collection qui forme aujourd’hui le cœur de l'institution. Il est aussi question d'amitié et de respect entre les deux voyageurs devenus amis.

Si Régamey était un peintre connu à la fin du XIXe siècle, il est aujourd'hui seulement en phase de redécouverte, et c'est avec un grand plaisir que l'on peut admirer ses œuvres emplies de vérisme représentant non seulement les religions asiatiques, mais également la vie quotidienne des habitants. De son côté, l'éducation industrielle de Guimet transparaît dans certains de ses achats, surtout les céramiques.

Après l'exposition 113 ors d'Asie, qui opéraient une redécouverte et une mise en perspective des collections d’orfèvrerie du musée, voici que cette nouvelle exposition plonge encore plus loin dans l'histoire et les collections de cet élément clé du patrimoine français qu'est le Musée Guimet.

J'ai personnellement été enchantée par cette exposition. Sa scénographie thématique reprend les grandes lignes du voyage des deux hommes et se termine en apothéose avec la reconstitution d'un Mandala japonais tels qu'il était présenté lors de l'exposition universelle parisienne suivante, puis dans le musée avant sa refonte tout au début du XXe siècle, lorsque de musée des religions il est devenu musée national des arts asiatiques Guimet (MNAAG). 

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